Doctor Strange T1 | Les Voies de l’étrange – Par Jason Aaron & Chris Bachalo – Panini Comics

Autant l’écrire d’entrée, l’auteur de ces lignes est un indéfectible amateur des travaux respectifs du scénariste Jason Aaron et du dessinateur Chris Bachalo. Il l’est d’autant plus qu’il a été subjugué par la série que les deux artistes ont lancée ensemble il y a quelques années : l’élégante et plaisante série Wolverine & The X-Men, où l’univers estudiantin était à nouveau remis au centre des préoccupations des mutants de l’éditeur Marvel.

Alors que la fin du crossover Secret Wars s’annonçait à la fin de l’année 2015, la "Maison des idées" n’a pas attendu la conclusion de l’intrigue de Jonathan Hickman pour lancer de nouvelles séries qui devaient prendre place dans un nouvel univers. Ayant alors un film centré sur Dr. Strange en préparation, l’éditeur a décidé de frapper un grand coup pour rendre le Maître des arts occultes plus populaire et connu qu’il ne l’était. C’est donc une équipe de rêve qui a été recomposée pour réaliser cette tâche : Aaron et Bachalo.

Comme le scénariste avait pu le démontrer avec les X-Men, Thor ou encore Star Wars, Jason Aaron est très respectueux de l’univers dans lequel il officie. Il fait très rapidement la preuve de sa connaissance des faits et des personnages qui structurent le destin du Dr. Strange. Il est très plaisant pour les amateurs de longue date de ce personnage, de retrouver ainsi respecté l’héritage des décennies passées, tout en voyant tracées de nouvelles voies de développement pour le personnage principal.

On ne dirait pas, mais le Dr. Strange sauve là l’esprit d’un garçon de 9 ans parasité par des êtres venus d’ailleurs !

© Marvel

Voici l’intrigue : dans le nouvel univers, le Dr. Strange est toujours le Sorcier suprême de la Terre. Au quotidien, il nettoie les rues et sauve les gens des être extra-dimensionnels qui viennent parasiter la vie des humains. Sauf que ces temps-ci, il y en a de plus en plus de ces êtres, et surtout des espèces qui n’étaient pas habituées à voyager d’aussi loin... Strange va aussi découvrir lors de ses pérégrinations que les Sorciers suprêmes d’autres dimensions ont ont été abominablement abattus. Est-ce que les deux phénomènes seraient liés ?

Si l’intrigue de Jason Aaron est certes agréable, les habitués de l’auteur ressentent immanquablement un air de déjà-vu à la lecture de cet album : nous avons l’impression de revivre le même fil que celui qui conduisait le premier arc de sa série Thor – God of Thunder, où un être désabusé et puissant tuait froidement tous les dieux de l’univers. Même topo, sauf que l’on change les dieux par des sorciers et Thor par Strange. En soi, l’intrigue de l’album tient la route, mais les amateurs du scénariste pourront regretter cette répétition.

Pour le reste, l’album est un sans-faute : le personnage de Strange est attachant, ceux qui l’entourent aussi (mention spéciale pour la petite nouvelle, la bibliothécaire Zelma Stanton), les voyages inter-dimensionnels sont au rendez-vous, de nouvelles règles du jeu qui remettent en question la pratique de Strange sont exposées et, gâteau sur la cerise qui est elle-même sur un autre gâteau, le style artistique de Chris Bachalo se marie à merveille avec l’univers graphique déjanté du suprême sorcier.

Strange a le regard plus affuté que quiconque pour déceler les soucis de l’ordinaire.

© Marvel

Nous recommandons très chaudement cet album aux nouveaux lecteurs qui souhaiteraient découvrir le personnage, même si les amateurs du travail de Jason Aaron seront déçus..