Comme toujours chez Sylvain Runberg, talentueux scénariste d’Orbital, Millenium, Reconquêtes..., le sujet est précisément documenté. Il est aussi, dans ce cas, complètement inscrit dans l’actualité : il ne se passe pas un jour sans que les drones occidentaux n’interviennent pas sur des zones de combat. Ils sont pilotés depuis des bases situées à des milliers de kilomètres de la scène d’action, grâce à un réseau serré de satellites ultra-performants et à des écoutes puissantes qui tracent les moindres signaux émis par l’ennemi.
Récit militaire dont les séquences ont tout du jeu vidéo, Drones entre dans le quotidien d’une unité de pilotes de ces drôles de machine, un groupe situé au Danemark (où, coïncidence, réside aussi le scénariste). Mais, contrairement aux chevaliers du ciel Buck Danny et Tanguy & Laverdure, ces équipes rentrent tous les soirs de mission et embrassent leurs enfants. Ils sont suivis par des psychologues qui vérifient leur rapport à la réalité et l’empathie qu’ils ressentent en perpétrant leurs raids meurtriers. L’affaire serait à la limite ennuyeuse si les auteurs ne nous avaient pas ménagé quelques actions terrestres qui, obligatoirement, tournent mal. Car il faut bien des troupes d’intervention au sol, la situation n’a pas changé depuis le début du XXIe siècle...
Louis s’acquitte d’un dessin de bonne qualité, même si les structures des visages des principaux protagonistes laissent à penser qu’ils sont issus du même génome (ce qui est possible, après tout, en ces temps futuristes...). Les couleurs de Véronique Daviet accompagnent efficacement ce traitement. Difficile d’émettre une opinion tranchée sur ce premier tome. Comme pour ces combattants de papier, notre approche est virtuelle et nous venons seulement d’essuyer les premières escarmouches...
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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