Entré en 1969 à "Pilote", Philippe Druillet avait révolutionné la bande dessinée de science-fiction avec les gigantesques planches du délirant Lone Sloane. Il avait déjà réalisé, en 1978, un spectacle de science-fiction sur l’oeuvre de Wagner, et le film qui en avait été tiré. A côté de nombreux travaux d’illustration, d’architecture, de sculpture, de peinture, il avait commencé à s’intéresser, au début des années 80, à l’image de synthèse et à la 3D. On lui doit un long métrage entièrement en 3D, Kazhann, un clip en images de synthèse pour William Sheller, "Excalibur", un spectacle multimedia pour la Géode (Cité des Sciences à Paris), "La Bataille de Salammbô", une série de 26 épisodes de 26 minutes en images de synthèse, "Excalibur"... et un premier jeu vidéo sur CD-ROM, "Le Ring", en 1998.
"J’ai rencontré le RING en 1993 à travers le monde de l’opéra", explique-t-il. "Rolf Liebermann m’avait commandé la scénographie d’un spectacle multimedia dédié à la tétralogie. Un projet de film suivit, avorté lui aussi. j’ai donc travaillé sur cette oeuvre colossale de cette date jusqu’à son aboutissement en jeu vidéo. Le premier RING, sorti en 1998, connut un succès international".
"Avec Arxel Tribe, nous avons projeté Richard dans un monde moderne de technologie qu’il n’aurait pas désavoué. (...) RING II est arrivé avec passion, un bonheur d’images et une équipe géniale. Dans ce monde wagnérien, Richard tue les dieux pour faire renaître lm’homme une deuxième fois après Adam. C’est le thème du Ring II, c’est notre éternelle question : un monde acquis s’effondre au profit d’un autre, celui de la vie. Après tout, Richard Wagner n’était jamais qu’un conteur oriental perdu dans les brumes d’un Or germanique. On ne marche pas au pas. On rêve seulement d’un monde meilleur."
Ring II centre son action sur Siegfried, fruit de l’union entre Siegmund et Sieglinde. Il évoque comment il conquit l’Anneau et comment, après avoir délivré Brünehilde de la malédiction qui l’avait retranchée du monde des vivants, il trahit son amour et précipita la fin de l’ordre ancien pour que du bûcher des Dieux surgisse une nouvelle aube...
Pour raconter cette légende, le studio Arxel Tribe a choisi de s’abreuver aux plus anciennes sources du mythe et d’enrichir le livret wagnérien d’éléments tirés des sagas de Thydrek de Vérone, de Seyfried à la Peau de Corne aussi bien que des textes visionnaires des Eddas poétiques et prosaïques... Tout comme son prédécesseur, Ring II est un conte de fées spectaculaire et féroce, l’histoire d’un enfant et de son passage à l’âge adulte dans un monde gouverné par la fantaisie des dieux, la volonté des hommes et la violence du destin, une immortelle légende de combats, de passions et de sacrifices que la musique de Richard Wagner et l’art de philippe Druillet livrent à l’âge digital en nouvel héritage.
(par Patrick Albray)
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