Alors ça oui, on en avait entendu parler de ce Tif & Tondu par Blutch. Mais avouons-le, nous l’attendions avec appréhension. OK, OK, Blutch est un dessinateur génial, mais bon, la parodie, c’est, comment dire ?... un registre facile. Trois petits traits, une pirouette, et que je te pâme… Un truc de fan. Ça fait plaisir, certes, mais c’est une sucrerie, et au bout de la boîte, ça barbouille un peu l’esprit (ou l’estomac). Et puis, ça ne nourrit pas.
Enfin, ce dessin de styliste, de « Mozart de la BD » comme le surnommait Patrice Leconte, au service d’une série que le grand Will dessinait lui-même en soupirant sur les derniers volumes, piaffant d’accéder à cette bande dessinée adulte qu’il n’avait cessé d’espérer depuis le temps où il avait failli travailler pour Pilote, avant d’y renoncer parce que Charles Dupuis l’avait regardé avec de gros yeux rendus plus sévères encore par ses lunettes d’écaille…
Bah, ben, on l’ouvre ce Cahier. Et là, surprise, CE N’EST PAS une parodie, mais un récit enlevé où souffle l’aventure, aux dialogues pétillants et intelligents, qui font redécouvrir le barbu et le glabre comme nous les avions toujours connus sous les scénarios les plus espiègles de Rosy et de Tillieux avec la suprême élégance de Will.
Et… Oh ! Hein ? Hu ? C’est à suivre dans le prochain numéro ! Non mais, ils se prennent pour qui, eux ? Là, je me souviens que lorsque je lisais Tif et Tondu dans Spirou, je savais attendre. Je range donc ce numéro d’autant plus soigneusement, que nos auteurs, Robber et Blutch, nous ont écrit et dessiné une nouvelle pour me faire patienter. Comme Jean Van Hamme dans Tintin Sélection, dis-donc. Ces gens-là savent faire tourner ma nostalgie en bourrique !
Bouffées d’Aire Libre
Même chose pour les Cahiers Aire Libre. De la pub déguisée, du blabla promotionnel… Et cette question : « Pourquoi faites-vous de la BD ? » Gnagna…
Et puis non. Évidemment, tout tient sur la sincérité et le talent des artistes sollicités. La plaidoirie de Bourhis et Durieux, les souvenirs d’enfance de Jaime Martin, la déclaration d’amour de Philippe Dupuy à Druillet, les beaux dessins qui respirent de Guibert, la péroraison touchante de Jean Van Hamme, Eric Castel (oui, celui de Reding…) dessiné par Nicoby, les envolées de Javi Rey…
Précieux, c’est le mot que l’on retient en refermant le fascicule. Là encore, on attendra le prochain.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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