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Échos de la Cité Miroir : L’Usine à Bulles, 1er Festival International de la Bande Dessinée de Liège.

Par Marc Vandermeer le 18 septembre 2016                      Lien  
On l'appelle la Cité ardente : Liège a encore prouvé la dernièrement que son cœur battait pour le 9e art en dévoilant son premier Festival International de la BD qui a eu lieu du 9 au 11 septembre dernier. Un événement destiné à fédérer la scène des auteurs de Liège et de sa région, histoire de ne pas laisser Bruxelles, Turnhout, Middelkerke et Louvain-La-Neuve représenter seuls la bande dessinée en Belgique. Retour sur l'événement avec son inspirateur, le dessinateur et peintre liégeois Fabrizio Borrini.

Le Festival se situe dans la remarquable "Cité Miroir", un ensemble architectural d’avant-guerre, conçu par l’architecte moderniste liégeois Georges Dedoyard (1897 - 1988), pour abriter les Bains et Thermes de la Sauvenière. Classé au patrimoine wallon depuis 2005 et superbement rénové depuis, ce "lieu d’exception au service de la citoyenneté, de la mémoire et du dialogue des cultures", accueille des expositions, des concerts, des spectacles, des conférences... Quel meilleur écrin pour un festival de BD ?

Cette belle infrastructure de béton n’empêche pas d’essuyer les plâtres. Il n’est pas 9h30 que déjà une vingtaine de personnes font le pied de grue devant la porte, alors même que tous les exposants ne sont pas présents !

Échos de la Cité Miroir : L'Usine à Bulles, 1er Festival International de la Bande Dessinée de Liège.
La file des dédicaces. Blindée...
Fabrizio Borrini, l’organisateur du Festival

D’après Fabrizio Borrini, le commissaire général du Festival, il y avait déjà des personnes présentes devant les portes d’entrée dès 6h du matin... Une attente parfois déçue car certains auteurs de la « Black Box », lieu dédié aux dédicaces, avaient déclaré forfait parfois 10 minutes avant la séance alors même que les tickets étaient distribués. Il faut ajouter à ces déconvenues des albums manquants et une file d’attente relativement longue.

La forêt des amateurs de dédicaces débordant de la « Black Box », en plein centre de l’édifice, cachait un peu – trop à notre sens – une partie dédiée à l’art numérique et l’animation. Pour se rendre à ces dernières, il fallait soit suivre à gauche l’ « Expo-vente Urban » de Roberto Ricci soit, à droite, traverser l’exposition « Les Crocodiles » de Thomas Mathieu. Deux accrochages malheureusement insuffisamment attractifs qui masquaient quelque peu les performances des graphistes et autres artistes numériques.

La Black Box, pièce vide, avant le début des séances de dédicaces.
Urban, une des séries-phares de l’envoûtant dessinateur Roberto Ricci. Une trentaine de ses planches étaient exposées. Beau moment d’émotion.

A propos de ces expos, si la première montrait un aperçu intéressant, par son graphisme et ses thématiques, du monde futuriste de Ricci, nous aurions aimé cependant y retrouver l’impressionnant « Edward aux mains d’argent » de cet auteur dont une reproduction figurait pourtant dans la brochure de l’événement.

Quant à l’exposition des « crocodiles » machos harceleurs de femmes dans la rue, le métro,... elle tenait davantage de l’outil de médiation citoyen que de la performance artistique. Mais pourquoi pas, après tout....

Fabrizio Borrini est assez satisfait de cette première expérience : 80 artistes venus d’un peu partout dans le monde étaient présents. Parmi eux, nombre de créateurs "transversaux" qui permet de faire découvrir au public, « bien plus que la bande dessinée » !

Feuilletant devant nous son programme, il ne cache pas son admiration pour certains artistes tels que le binôme déjanté de Abathi et Miss Maryland et leur "freak show" La Bouche en Foie de Veau où ces expertes en "saucigraphie et boudinogravure" (voir leur page Facebook initient dans un environnement boucher les visiteurs à la sérigraphie et à la linogravure, avec force lancés de saucisses-pigeons, une tombola ou encore bien d’autres amusements.

Désolé que les street-artists n’aient pu être présents « à cause de problèmes purement bureaucratiques » (ils se sont vengés en constellant tout l’environnement du festival de leurs créations), le sémillant organisateur se félicite cependant d’accueillir une des étoiles montantes de la scène artistique liégeoise, un artiste repéré par de grands noms du cinéma tels que Georges Lucas : Jaba dont on a pu voir les œuvres surplomber l’espace d’exposition. Impressionnant et captivant.

Telle est l’ambition de Fabrizio Borrini : faire de l’Usine à Bulles un tremplin pour les jeunes auteurs, offrir de la visibilité à des dessinateurs et des scénaristes de talent. On y repère l’Atelier 24 ou encore la librairie « Le Comptoir du livre » mettant en valeur les micro-éditions, cornaquée par Benjamin Monti.

Ils côtoient la « Black Box » où des auteurs plus chevronnés sont accueillis pour y faire des dédicaces.

Benjamin Monti, offrait dans sa librairie ephémère un choix d’albums surprenants, issus de petits labels, parfois inconnus. De quoi faire des découvertes !
Les jeunes talents de l’Atelier 24, au coeur du festival.
Go Jeunejean, à côté d’une de ses réalisations

Présentes également autour de la Black Box : des sculptures. Un art proche de la bande dessinée selon Fabrizio Borrini car les artistes choisis ont une approche, un regard qui s’accroche au 9e art, comme Go Jeunejean et ses univers inspirés par la science-fiction des années 1950.

En témoignent ce petit chien constitué d’un ancien aspirateur Hoover, un vieux grille-pain massif et clinquant, des clignoteurs de Coccinelle, des prises et d’étranges cuillères, ou encore cette armée d’Extra-terrestres largement inspirée de « Mars Attack », composée de matériaux de récupération, pour des pièces allant de 40 centimètres à 2,4 mètres de haut.

Volubile, il parle des illustrations particulières du Français Franck Duval, dit FKDL et son Art Scotch : « Franck prend par exemple une couverture d’un Journal de Mickey qu’il recouvre de papier scotch. Quand il retire le scotch, une partie de l’image de couverture vient avec. C’est vraiment magique. Ensuite, il la transpose sur son support avec d’autres images prises de la même façon et il créé sa propre œuvre qu’il recouvre alors complètement de scotch. C’est vraiment à voir. ».

Avec des pièces de récupération Go JeuneJean parvient à créer des robots époustouflants.

Ou encore de l’artiste liégeois Jean-Luc Slock, gradué en Arts Visuels Appliqués & Communication à l’École supérieure des Arts de Liège, voyageant aux quatre coins du globe, en perpétuelle découverte du monde et de la vidéo. Il participe à 300 festivals de films d’animation par an. L’artiste contribue ainsi à développer un collectif de films d’auteurs, multipliant les partenariats à l’international (Cuba, Inde Brésil...), embrassant des causes humanitaires fortes comme par exemple ce film se déroulant au Burundi, dénonçant la violence faite aux femmes (Histoires d’Afrique : Congo, Burundi, Burkina Faso et Belgique), sans parler d’un sujet comme l’accueil aux migrants. On lui doit aussi des clips musicaux très graphiques (Miam, Monster Miam)

Jean-Luc Slock et Fabrizio Borrini, en toute simplicité !
Yoann, le dessinateur actuel de la série régulière de Spirou, était fortement attendu.
Roberto Ricci, en plein travail, méticuleux et concentré

Parmi les auteurs présents à Liège le week-end dernier, nous avons remarqué entre autres, Benoît Feroumont, Louise Joor, Pacotine, Yoann, Janry, Jérémie Royer, Léonie Bischoff, Nicolas Dumontheuil, Sébastien Gnaedig, Laura Iorio, Roberto Ricci, Philippe Jarbinet, François Mivilles-Deschenes, Joan Urgell, Bruno Gazzotti, Olivier Grenson, Denis Lapière, Laurent Bonneau, Olivier Wozniak, Jean-Luc Cornette, Emmanuel Moynot, Sylvain Runberg, Olivier Martin, Maxime Cyr, Marc Wasterlain, Dany, Eric Warnauts, Guy Raives, Christophe Cazenove...

Là haut, dans le Salon des lumières, deux artistes nous ont particulièrement tiré l’œil : Jean-Denis Lichtfus , alias Jidé, spécialiste de l’illustration assistée par ordinateur et qui animait des Master Class autour de l’art numérique avec ces quatre maîtres-mots : « pédagogie , illustration, numérique et événementiel. » Une performance plutôt réussie.

Gilles Gipo, pionnier du Transmedia.

Et puis,Gilles Gipo, pionnier du Turbomedia qui nous a fait une époustouflante démonstration de ses productions.

Il a présenté ses créations les plus actuelles et notamment son site PicsTell, une toute nouvelle plateforme de lecture BD en ligne, avec ses premiers auteurs, au sein d’un espace aménagé spécialement dans le salon des lumières.

En dépit de quelques difficultés, la première édition de L’Usine à Bulles est plutôt réussie. Clôturons ce petit tour d’horizon avec cette magnifique bannière (l’une des deux présentées), servant de décoration, réalisée par l’illustrateur liégeois Yves Budin.

Une bremarquable réalisée par Yves Budin
Documents
Jean-Louis Lichtus à l'oeuvre.

(par Marc Vandermeer)

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