L’Ascension est pour bientôt et même s’il s’y prépare sans relâche, Jonas appréhende terriblement cette épreuve. La chance d’une vie, que l’on ne peut saisir que l’année de ses 15 ans. La possibilité de quitter la sorte de bidonville dans lequel triment les sans-noms et rejoindre les heureux élus reclus au centre de la cité, dans le quartier protégé nommé "Eden".
D’ailleurs, quelques années plus tôt, la propre sœur de Jonas, Hélix, réussit l’Ascension. C’est pour la rejoindre que Jonas s’acharne tant, entre une mère à la raison chancelante et un père à peine plus présent qu’un fantôme. Mais voilà qu’un soir Hélix quitte son havre de paix pour retrouver son frère et lui faire d’étonnantes révélations.
Récit rythmé, EDEN nous plonge dans une monde dystopique dans lequel de jeunes adolescents sont appelés à jouer un rôle prépondérant, à la manière de nombre de grands succès littéraires et cinématographiques récents (Hunger Games, Divergente...). Avec semble-t-il toutefois davantage d’attention aux zones grises qui découpent des univers habituellement trop souvent dépeints en noir et blanc. La société croquée, construite sur un système de castes rigides au fonctionnement biaisé apparzaît d’emblée injuste malgré la légitimité factice dont elle se pare et appelle intrigue, complot et révolte.
Mêlant le collectif et l’individuel, dimensions politique et initiatique, ce premier volume séduira les amateurs de mystère, d’atmosphère inquiétante et de désir d’émancipation. Le récit fait ainsi se télescoper habilement des aspirations et désirs parfois contradictoires, à l’image d’un héros qui balance entre sa volonté d’ailleurs et son attachement à ses proches. Une aventure dont on attendra donc la suite avec intérêt.
(par Aurélien Pigeat)
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EDEN T1 : "Le Visage . Par Fabrice Colin (scénario) et Carole Maurel (dessin). Rue de Sèvres. sortie le 12 septembre. 80 pages. 15 euros.