Ça commence, comme dans un film noir, par une visite en prison. Un jeune garçon, boucles noires, veste aux manches courtes, vient rendre visite à son père qui porte la salopette orange des prisonniers. Russel, mélancolique et admiratif, discute avec son paternel. Le père et le fils se souviennent de ce qui les a amené là. C’est le début du récit en flash back d’un voyage chaotique sur la route d’El Paso.
Dans cet album au goût de l’Amérique, on est d’abord touché par la relation pleine de bons sentiments mais tellement désastreuse qui se noue entre le gamin et son père. Sincère, Andy, père absent jusqu’au décès de la mère de Russel, essaie de rattraper le temps perdu tout en assumant tant bien que mal les conneries qu’il a accumulées. La complicité s’installe avec candeur, mais les dégâts collatéraux du comportement de ce père inexpérimenté vont peser lourd.
Manifestement inspirés par le cinéma indépendant nord-américain, Bastien Quignon et Aurélien Ducoudray signent avec « El Paso » un drame familial intimiste, parsemé d’éclats de mythe américain. Les aquarelles légèrement baveuses qui nappent élégamment le dessin renforcent la mélancolie du récit.
(par Morgan Di Salvia)
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