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"El Perceptor", par Flab, chez Nucléa

Par Martin Grillard le 1er février 2004                      Lien  
Incroyable, derrière cette couverture qui... euh... qui n'est pas très engageante, se cachent un vrai album, un vrai dessin, et surtout une vraie histoire. Bref, un album qui, à défaut de toujours se tenir, nous retient carrément.
{El Perceptor} mérite qu'on en tourne la première page et qu'on découvre son univers.

El Perceptor a un métier qu’il fait très bien : il récolte les dettes contractées par les gens du coin (quelque part en Amérique centrale). El Perceptor n’aime pas ce boulot, mais son père lui a dit de le faire. Donc il le fait, et bien. Dans la région, tout le monde connaît la silhouette massive et masquée du Perceptor, tous le craignent, parce qu’il remplit son office, et qu’il le remplit bien. Mais quand il enlève son masque, Mateo ne reste qu’un instant en famille. Il enfile un autre costume, celui du Tigre, le champion de catch dont personne ne connaît l’identité. Là, il exulte : sa force ne lui sert pas à terrifier ses semblables, mais à s’en faire admirer.
La vie pourrait passer ainsi tranquillement, El Perceptor le jour, le Tigre la nuit... Mais comme dans toutes les bonnes histoires, il y a une fille, et un cadavre planqué dans le placard familial...

Le catch est à la mode chez ceux qui s’intéressent à la BD et à l’Amérique latine (cf. José Quintero, dans le Hors-Série BD de Beaux Arts Magazine), et Flab nous montre bien à quel point il peut faire partie d’une culture. Au-delà de la présentation de cette Amérique Latine géographiquement indéterminée, c’est à une sacré démonstration d’ultra-violence que Flab se livre sur ces 46 planches. Pourtant, son personnage de brute épaisse est tout sauf manichéen, il est même très fouillé et attachant. Sourd, il ne parle pas non plus, mais ce sont ses réflexions qui nous emmènent d’un bout à l’autre de l’ouvrage... Des réflexions sur lui, ses proches, son rapport aux femmes et à la mort.
Si l’intrigue qui conduit au terme de l’album n’est pas passionnante, les sentiments sur lesquels elle est fondée, et ceux qu’elle engendre, accrochent le lecteur. Quant au dessin, il oscille entre le grotesque, l’onirique et une certaine forme d’expressionnisme. On a peut même légitimement y soupçonner une influence outre-Atlantique.

El Perceptor est un pulp moderne qui dépasse le genre, tant par le scénario que par certaines recherches graphiques. C’est un album sur lequel il est intéressant de se pencher avant de le cataloguer où que ce soit.

(par Martin Grillard)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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