Le Salon international de la BD d’Erlangen est le plus grand festival de bande dessinée en Allemagne, un pays qui suit de près la production francophone où commence à émerger, grâce aux romans graphiques notamment, une production locale de haute qualité.
Le Festival accorde cette année encore une attention particulière aux mangas et à l’animation japonaise, aux super-héros, si présents au cinéma et à la réinvention permanente qui les caractérise ces dernières années, ainsi que, bien sûr aux productions franco-belges. Car si la production étangère couvre généralement un peu plus de 50% de notre consommation en bande dessinée, chez nos amis allemands, les importations constituent plus de 90% de la consommation locale.
Printemps arabe de la BD ?
Il faut souligner l’impeccable qualité d’une programmation artistique ouverte, inventive et courageuse de ce festival entièrement administré par la ville d’Erlangen, cité universitaire située à côté de Nuremberg dans le Nord de la Bavière.
Avec ses 150 exposants et ses vingt expositions, cette biennale s’ouvre au monde entier mais fixe cette année son attention sur le "Printemps arabe" de la bande dessinée, ouvrant ses cimaises à l’Égypte, à l’Algérie, au Maroc, à la Tunisie, au Liban, à la Jordanie et aux territoires palestiniens.
Dans le domaine américain, c’est le pionnier de la bande dessinée et de l’animation Winsor McCay qui est accroché aux murs de "l’Angoulême allemand", on y célèbre le 50e Anniversaire de la création de Spider-Man, tandis que l’illustrateur et auteur de BD Charles Burns vient y présenter ses univers troubles.
On y voit aussi une rétrospective de la figure de proue de la "Nouvelle bande dessinée française", le co-fondateur de L’Association David B., de même que le travail du talentueux dessinateur italien Manuele Fior et l’œuvre au noir, sublime, de Lorenzo Mattotti.
Les Goethe Institut de Moscou, du Caire et de Jakarta présentent également des auteurs de leurs représentations respectives avec, bien souvent, une approche militante et citoyenne.
Les Prix Max und Moritz
On y ajoute une multitude de conférences, de rencontres ponctuées le vendredi soit par le gala des Prix Max und Moritz (du nom des héros du pionnier de la bande dessinée allemande Wilhelm Busch) lesquels ont été décernés cette année à :
Meilleur album 2012 : Flix pour Schöne Töchter (Ed. Der Tagesspiegel)
- Meilleure bande dessinée internationale 2012 : Joe Sacco pour Gaza 1956 (Ed. Futuropolis, Edition Moderne en Allemagne)
- Meilleure bande dessinée pour la jeunesse 2012 : Émile Bravo pour Boucle d’Or et les Sept ours nains (Le Seuil, Carlsen Verlag en Allemagne)
Meilleure bande dessinée de langue allemande 2012 : Simon Schwartz pour Packeis (Avant-Verlag)
Prix du public 2012 : Daniela Winkler pour Grablicht (Ed. Droemer Knaur)
Prix du meilleur dessin allemand : Isabel Kreitz
Prix Spécial du Jury pour une carrière d’éditeur : Rossi Schreiber, éditrice de Schreiber und Leser
Le Prix spécial du Jury pour l’ensemble de son œuvre revient à Lorenzo Mattotti.
Une belle affiche pour un festival à la programmation intelligente.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En médaillon, l’affiche du Festival – © Charles Burns & caravain.