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Emmanuel Pierrat (à propos de l’expo Corto Maltese au Musée de la franc-maçonnerie) : " Le but est de donner à relire une œuvre qui n’a été décryptée que par des initiés jusqu’ici."

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 14 février 2012                      Lien  
Emmanuel Pierrat, sémillant avocat parisien habitué des médias, a contribué à l'exposition "Corto Maltese ou les secrets de l'initiation" (au Musée de la franc-maçonnerie, jusqu'au 15 juillet à Paris). Rencontre.

Quel a été votre rôle dans cette exposition ?

J’ai participé d’abord en prêtant les objets africains, océaniens, indiens d’Amérique et j’ai contribué au catalogue. Plus modestement, étant avocat de la Succession d’Hugo Pratt et étant membre de la loge à laquelle appartient le directeur de ce musée, Pierre Mollier, j’ai favorisé leur rapprochement. J’avais utilisé des croquis préparatoires d’Hugo Pratt pour ma carte de vœux, c’était une image de Corto Maltese en Sibérie. Émoi de mes frères maçonniques qui me demandèrent d’où je sortais ce dessin d’Hugo Pratt. Ils étaient tous passionnés de BD et se demandaient depuis un certain temps comment faire une expo sur la BD et la franc-maçonnerie, et surtout sous quel angle. Je les ai mis en contact avec Patrick Amsellem qui gère les droits de Hugo Pratt.

Emmanuel Pierrat (à propos de l'expo Corto Maltese au Musée de la franc-maçonnerie) : " Le but est de donner à relire une œuvre qui n'a été décryptée que par des initiés jusqu'ici."
De magnifiques planches originales de Corto Maltese sont exposées.

Est-ce que vous n’avez pas peur que cette exposition soit perçue comme un peu opportuniste, une forme d’opération de recrutement pour aspirants maçons ?

Je ne pense pas, sincèrement. Il y a deux publics : celui des maçons ; ceux-là, ils sont déjà entrés et on n’y rentre qu’une fois coopté ! Il y a un deuxième public qui est celui des amateurs d’Hugo Pratt au sens large. Car cela dépasse les amateurs de BD, comme vous le savez.

Mon voisin qui est un général à la retraite a une bibliothèque constituée de livres XVIIIe, après cette date, il considère que c’est de la confiture. Mais au milieu de tout cela, il a tout Corto qu’il ne considère pas comme de la BD mais comme quelque chose de "très différent".

Je ne pense pas que les lecteurs "profanes" de Pratt basculeront dans la franc-maçonnerie. Mais si, en revanche, on peut leur donner les clés de lecture de certains albums qu’ils adorent, que ce soit Fable de Venise ou Fort Wheeling qui n’est pas une aventure de Corto Maltese, mais dont le Musée a acheté trois planches peu connues, c’est une bonne chose.

Vous voulez dire que le Musée de la franc-maçonnerie a acquis ces planches ?

Oui, sur ma recommandation. C’est une façon pour cette institution d’acquérir des objets plus contemporains. À ma grande surprise, le conseil d’acquisition, où il n’y a pas que des jeunots en rollers, a voté la décision à l’unanimité !

Emmanuel Pierrat devant les planches de Fort Wheeling acquises par le musée.

Pour finir sur le côté "racoleur", il y a suffisamment de choses dans Hugo Pratt, de Raspoutine aux derviches tourneurs de Samarkande, qui parlent aux gens qui s’intéressent à l’aspect ésotérique ou métaphysique de son œuvre. Si cela permet seulement d’éviter de croire au grand complot judéo-maçonnique en découvrant qu’Hugo Pratt "en était", ce serait pas mal. Le but est de donner à relire une œuvre qui n’a été décryptée que par des initiés jusqu’ici.

Propos recueillis par Didier Pasamonik

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

Corto Maltese ou les Secrets de l’initiation

Musée de la Franc-Maçonnerie - 6 rue cadet - 75009 Paris (M° Cadet ou Grands Boulevards) - Tel : 01.45.23.75.09.

Site Internet du Musée

Entrée : 6€, tarif réduit : 4€. Du mardi au vendredi, de 10h00 à 19h00, fermé à l’heure du midi.

Un catalogue au prix de 10€ est vendu sur le lieu de l’exposition.

Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

[Lire aussi : Hugo Pratt au Musée de la franc-maçonnerie_>art11931]

 
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9 Messages :
  • Pour ma part, en tant que chrétien, je suis fermement opposé à la franc-maçonnerie, c’est une œuvre diabolique.

    Répondre à ce message

    • Répondu le 15 février 2012 à  09:57 :

      Pourquoi diabolique ?

      Répondre à ce message

    • Répondu par violette le 28 février 2012 à  19:32 :

      diabolique ? ce mot est très moyenâgeux et désigne seulement cette part de nous même dont on a peur quand on la nie :)
      La Franc Maçonnerie est a mes yeux la recherche et l’approfondissement de la pensée altruiste au vrai sens religieux du mot ( relier tous les hommes )

      Répondre à ce message

    • Répondu par Jacques Crahay le 28 octobre 2013 à  23:40 :

      Cher monsieur,

      Je ne doute pas un seul instant de votre "bonne" foi.
      La diabolisation du savoir fut souvent un moyen d’empêcher d’y accéder.
      Je vous passe les exemples.
      D’où provient cette volonté de coercition de la pensée ?
      Qui s’y livre ? Pourquoi ? Eclairez-moi.

      Répondre à ce message

    • Répondu par Jacques Crahay le 8 juillet 2014 à  01:29 :

      "Qu’alliez-vous faire dans cette galère ?"(Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière)

      Répondre à ce message

  • Par cette simple interview l’homme confirme que la franc maçonerie est aussi un bon moyen pour faire du réseau et du copinage entre notables chics ^^

    Sommes nous loin des confréries bourgeoises clandestines qui risquaient gros sous la noblesse ?

    Je le crains...

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    • Répondu par Oncle Francois le 15 février 2012 à  22:38 :

      Hum, j’ai parfois rencontré des francs-maçons. Ils sont bien élevés, cultivés et corrects. Rien ne permet de les distinguer des non francs-maçons, si ce n’est parait -il un signe de reconnaissance au niveau de la poignée de main.

      Ils veulent le bienfait de l’humanité ? Fort bien ! Ils préfèrent la confidentialité à la transparence ? Fort bien aussi, car ils sont inoffensifs ! On ne devient franç-maçon que si l’on est co-opté, il est clair que les visiteurs du musée ne courent aucun risque d’endoctrinement à leur insu. D’ailleurs le Corto Maltese dont il est question (Fable de Venise) est un des plus hermétiques qui soient ! Il m’a fallu l’édition commentée de Casterman pour comprendre que je n’avais rien compris aux multiples allusions et références qui s’y cachaient. Pauvre de moi...

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    • Répondu le 16 février 2012 à  09:37 :

      Affirmer cela, c’est vraiment mal connaître la franc-maçonnerie qui compta de nombreux aristocrates parmi ses membres.

      La franc-maçonnerie, c’est surtout le berceau du libéralisme et de la laïcité, la religion comme privée et qui ne doit pas interférer avec la république. Les principaux combats ont tous été gagnés en France.

      Restent les questions des droits des homosexuels et de l’euthanasie, la lutte contre les totalitarismes, et les intégrismes religieux.

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    • Répondu par Jacques Crahay le 8 juillet 2014 à  01:19 :

      Ne craignez-vous pas d’appliquer à la franc-maçonnerie le reliquat d’idées stéréotypées diffusées sans vergogne par des amateurs d’ouï-dires ou par de simples colporteurs de ragots ?

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_drapeau_noir,_l%27%C3%A9querre_et_le_compas

      Cette saine lecture devrait dissiper vos doutes en constatant que
      la franc-maçonnerie est composée d’individus.

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