Certes, Empowered est une super-héroïne dont le costume, très très, mais vraiment très fin, a tendance à se déchirer très très, mais vraiment très facilement. Certes, la jeune femme encore peu expérimentée se trouve régulièrement prisonnière des Méchants et aussi bien ficelée qu’une Rosette de Lyon. Certes, tous les personnages féminins de la série sont bien roulés et il se pourrait même qu’entre Ninjette et Empowered se crée une relation qui aille au-delà de l’amitié.
Certes. Mais il faudrait avoir la vue particulièrement basse pour ne pas détecter dans cette pochade une parodie des codes éculés de ce genre de comics (et des canons érotiques de l’homme... mais pas seulement).
Empowered, Emp pour les intimes, est bien une super-héroïne mais plutôt dans le style super-looseuse, super-complexée, super-gaffeuse et super-amoureuse de son petit ami le Sbire, ex-lieutenant de Méchant reconverti. Une jeune femme bien dans son époque : fragile, ambitieuse, indépendante, qui voudrait faire son job de super-héroïne correctement et être enfin prise au sérieux.
Et si les Méchants prennent un malin plaisir à la dénuder à chaque combat (mais il faut dire aussi que sa tenue perd tous ses pouvoirs au moindre accroc, alors évidemment), rendant la pauvre Emp rouge de honte, c’est bien la jolie blonde qui tire, plus ou moins volontairement, son épingle du jeu à la fin. Sans parler de son bodybuildé de petit ami, hypnotisé par le charme de la belle, qu’elle mène par le bout du nez.
Mais le plus important dans l’histoire est qu’Empowered est très drôle. Aussi déjantée que Tank Girl, la série accumule les situations cocasses, les dialogues qui claquent comme dans une bonne sitcom anglo-saxonne, les dilemmes cornéliens dérisoires, les super-héros sortis de nulle part et quelques combats de Ninja. J’en passe et des meilleurs comme le « prince-démon emprisonné », une engeance cosmique antédiluvienne prisonnière d’un harnais bondage. Irrésistible.
Le plus intelligent dans tout cela, c’est qu’en filigrane de chaque chapitre d’une dizaine de pages (qui décrit généralement un affrontement contre un Méchant) deux (voire trois, quatre !) histoires parallèles se développent par petites touches. Le passé d’Emp, du Sbire et de la Ninjette apparaissent ainsi au fil des pages de ce deuxième tome, préparant de beaux coups de théâtre pour la suite. Adam Warren parvient de cette manière à conserver son schéma narratif chapitré tout en réveillant l’intérêt du lecteur. Sous des atours trompeurs de feuilleton pour ado attardé, nous avons bien affaire ici à de la belle ouvrage.
(par Thierry Lemaire)
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