BD d’Asie

En attendant Japan Expo... "Edens Zero", le grand retour d’Hiro Mashima

Par Aurélien Pigeat le 28 juin 2018                      Lien  
Il ne nous a finalement pas quitté très longtemps. Une petite année seulement entre la fin de "Fairy Tail", sa série à succès, et le lancement d' "Edens Zero", ce mercredi 27 juin 2018, proposé en simultrad en France qui plus est !

En France, on aime Hiro Mashima et il nous le rend bien. Invité d’honneur de Japan Expo en 2016, où il avait rencontré ses fans et échangé avec eux, il est revenu chez nous, cette fois en Charente, cette année même lors du FIBD d’Angoulême. C’est que Fairy Tail constitue une véritable succès dans l’hexagone, deuxième licence manga du marché l’an dernier avec 790 000 exemplaires cumulés en 2017, derrière l’indétrônable One Piece.

Contextualisation

En attendant Japan Expo... "Edens Zero", le grand retour d'Hiro Mashima
Où il sera encore question de dragons

C’est dire si l’auteur est attendu. D’ailleurs, Pika fait coïncider la sortie du dernier tome de Fairy Tail en France, dans une édition collector qui plus est, avec le lancement d’Edens Zero. Des flyers présents dans les volumes en vente permettront aux lecteurs de découvrir en ligne les 40 premières pages de la nouvelle série. Et la couverture se révèle "shazamable", c’est-à-dire proposant des contenus exclusifs via l’application Shazam. De quoi entretenir son lectorat !

Remarquons quand même la différence de réception entre la France et le Japon. Fairy Tail s’est arrêté l’an dernier après une lente mais continue diminution de ses ventes dans l’Archipel. Après avoir eu son heure de gloire au début des années 2010, avec des tomes tirés au-delà de 550 000 exemplaires et des ventes cumulées annuelles atteignant 5,7 millions en 2010, puis dépassant les 4 millions en 2011 et 2012, le succès s’est inexorablement érodé pour finir à 2,7 million en 2016.

C’est donc avec une toute nouvelle série qu’Hiro Mashima tente de renouer avec le succès monstre - car oui, quand même, il s’agit de chiffres qui en feraient rêver plus d’un. Pika, en lien étroit avec Kodansha, comme on sait, publie ainsi en simultané avec le Japon le premier chapitre d’Edens Zero. Un chapitre bénéficiant d’un lancement numérique en 6 langues (japonais, chinois, anglais, français, coréen et thaïlandais), vendu au tarif de 0,49 euros en Franc et présenté d’ores-et-déjà comme n°1 des ventes sur Amazon.

Un véhicule, une héroïne, une île et une mascotte : les ingrédients sont réunis.

Pourtant, si Pika et Kodansha tentent bien là de prendre la mesure du virage numérique de l’édition en général, et de celle du manga en particulier, les obstacles restent importants. À commencer par le "scantrad", c’est-à-dire la traduction pirate des chapitres, qui s’avère toujours aussi efficace (et décourageant pour les éditeurs). En effet, le chapitre était déjà disponible sur les plateformes illégales, traduit en anglais, dès lundi, avant même la sortie papier et numérique officielle du mercredi !

D’autant que la consommation - légale - de manga sous format numérique demeure très marginale en France. La faute aux habitudes de consommation, peut-être. À une offre globale qui manque de clarté sans doute aussi. Le modèle de la vente des chapitres à l’unité nous semble quand même assez peu attractif par rapport aux plateformes proposant des abonnements, ouvrant à la consommation d’un ensemble de titres et séries. Même si l’offre de Viz aux États-Unis, qui n’avait malheureusement pas pu être déclinée en France, connaît un certain succès. Pika, qui concentre nombre de titres issus du Weekly Shonen Magazine de Kodansha, pourrait sans doute avantageusement se développer dans cette direction. Mais de l’aveu même de l’éditeur cette perspective ne fait pas du tout partie de ses projets, qui lui préfère la vente classique unitaire, au chapitre et au volume.

Les moments d’action, toujours aussi réussis
Edens Zero © Hiro Mashima / Kodansha Ltd.

Et donc, Edens Zero ?

L’intrigue débute sur une île peuplée de robots. Personnel d’un parc d’attraction futuriste, ils attendent depuis 100 ans un visiteur, qui se matérialise en la personne de Rebecca, fringante jeune femme venue là en quête de sujet pour faire vivre son blog. Lors de sa visite du parc, elle tombe sur Shiki, un humain, présent sur place depuis son enfance, élevé par les robots et désireux de quitter l’île pour découvrir le monde.

Les fans de Fairy Tail ne seront pas surpris tant de nombreux éléments d’Edens Zero semblent directement empruntés à son prédécesseur. À commencer par le chat bleu Happy, compagnon de l’héroïne Rebecca, qui ressemble elle terriblement à Lucy, petites bouclettes en prime histoire de faire vaguement la différence, mais toujours le décolleté plongeant et la jupette ultra courte pour ne pas oublier les fondamentaux non plus. Quant à Shiki, c’est un hybride de Natsu et Grey, héros de Fairy Tail.

Oui, le héros a bien besoin d’une coupe de cheveux

Mais au-delà de ces ressemblances de character design en partie compréhensibles, qu’en est-il du contenu de ce long (plus de 80 pages) chapitre d’introduction ? Et bien il remplit parfaitement son office. La mise en situation fonctionne, on a droit à une vraie dose d’action permettant de découvrir le pouvoir du héros et on alterne la comédie et le drame, passant du rire à l’émotion, du moins dans l’intention, d’une planche à l’autre.

La structure même du chapitre permet de proposer deux twists plutôt malins et ouvrent des perspectives alléchantes pour cette série. Et même si l’on a l’impression de retrouver Fairy Tail transposé dans un univers futuriste, certains motifs s’avèrent originaux et prometteurs, comme la dimension mécanique portés par les esclaves robots ou encore la perspective spatiale ouverte par le final du chapitre.

On retrouve donc l’art de l’efficacité propre à Hiro Mashima, mais aussi les travers de ses précédentes œuvres. À savoir une héroïne essentiellement là pour affrioler le (jeune) lecteur, des dégoulinades de bons sentiments jusqu’à l’écœurement et une affirmation du pouvoir de l’amitié désarçonnante car surjouée et donc artificielle. Le lecteur qui se serait lassé de Fairy Tail est prévenu : pas de rupture forte pour Mashima, bien au contraire, mais une continuité de fond.

En somme, si l’on voulait caricaturer, les séries de Mashima sont au manga ce que le fastfood est à la gastronomie : c’est gras, on s’en met partout et on a un peu honte après l’avoir dévoré d’une seule traite, mais on y revient toujours parce qu’au fond c’est bon et qu’on aime ça. On n’y trouvera aucune originalité, mais ce n’était pas cela qu’on cherchait, et ce n’était pas là qu’on la chercherait de toute façon. On sait au contraire qu’on va y retrouver cette recette familière et au fond rassurante, même si assez lourde au moment de la digestion.

Le thème de l’amitié, souligné d’emblée
Edens Zero © Hiro Mashima / Kodansha Ltd.

D’ailleurs, pour renforcer cette impression d’avancer en terrain connu, Hiro Mashima multiplie les clins d’œil non seulement à son propre univers, comme nous l’avons dit plus haut, mais aussi à d’autres références du shonen. Ainsi, le début du chapitre évoque le début de Dragon Ball et la rencontre entre Bulma et un Goku vivant seul, élevé par un grand-père disparu et isolé loin des humains. Une parenté renforcée par la place occupée par les machines dans Edens Zero, motif cher à Toriyama.

Autre écho, moins évident mais nous semble-t-il bien présent : à l’éternel rival du magazine concurrent, One Piece. L’aventure débute par la découverte d’une île, sa population de robots rappelle celle de la dernière grande île visitée dans One Piece, Dressrosa, dont la princesse, alliée de Luffy s’appelle Rebecca, comme l’héroïne d’Edens Zero ! Le héros, Shiki, possède le pouvoir de la gravité, comme l’emblématique "vilain" du même nom du film Strong World.

Enfin, l’amorce de l’intrigue suggère un grand voyage spatial où les planètes auraient le rôle d’îles à visiter à la manière de One Piece. Si nos héros devaient y recruter, d’étape en étape, des compagnons de voyage, et si ce "Edens Zero" du titre devait désigner un lieu mythique, originel (avec les termes "Eden" et "Zero", on est invité à imaginer cela) à la manière de Raftel, la parenté serait très forte !

Mais après tout qu’importe : Edens Zero parvient d’emblée à embarquer le lecteur dans son histoire et c’est bien ça d’abord ce qu’on demande à un bon shonen d’action et d’aventure. Pas de doute : Hiro Mashima est de retour et il est en forme ! La série sera à suivre de manière hebdomadaire, avec un prochain chapitre dès le 4 juillet, pour Japan Expo. Et pour ceux qui en voudraient encore plus, voilà qu’on nous annonce trois spin-off pour Fairy Tail, dont une suite directe sous la supervision du mangaka à paraître prochainement et un titre centré autour du désormais incontournable Happy.

Attention : un antagoniste dès le premier chapitre !
Edens Zero © Hiro Mashima / Kodansha Ltd.
Documents
Un véhicule, une héroïne, une île et une mascotte : les ingrédients sont (...) Pouvoir de la gravité pour notre héros Attention, séquence émotion ! Larmes et discours sur l'amitié L'instant petite culotte Un gros gos chat : mignon ou menaçant ? C'est directement dit : l'heroïne aguiche le public en raccourcissant sa jupe (...)

(par Aurélien Pigeat)

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