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En bande dessinée, une biographie d’Elisabeth 1ère d’Angleterre, la "Reine vierge"

Par Tristan MARTINE le 18 juillet 2016                      Lien  
Nouvel album de la collection "Ils ont fait l’Histoire" de Glénat. Une biographie classique et efficace d’Elisabeth 1ère d’Angleterre qui souligne le destin exceptionnel de cette reine qui refusa de se marier et gouverna seule pendant 45 ans un pays qu’elle réforma et dota d’une nouvelle religion : l’anglicanisme.

Vercingétorix, Saladin, Soliman, Louis XIV, Napoléon, Jaurès... Les hommes seraient-ils les seuls à avoir fait l’histoire ? Que nenni, la collection « Ils ont fait l’Histoire », aux éditions Glénat s’intéresse également à elles, à ces femmes qui jouèrent un rôle majeur. Après avoir consacré un album à Jeanne d’Arc, au rôle militaire finalement bref, et un autre à Catherine de Médicis, qui tira les ficelles dans l’ombre de ses fils, voici un volume dédié à celle qui fut l’une des plus grandes reines de l’histoire occidentale : Elisabeth 1ère d’Angleterre.

En bande dessinée, une biographie d'Elisabeth 1ère d'Angleterre, la "Reine vierge"

À la mort d’Henri VIII, ce fut d’abord son fils Édouard VI qui régna en appliquant le protestantisme instauré par son père. À son décès, sa demi-sœur Marie, la très catholique fille de Catherine d’Aragon, lui succéda, avant de mourir à son tour, faisant accéder sa demi-sœur Élisabeth au trône anglais en 1558. La jeune reine prit alors plusieurs choix décisifs, notamment en matière religieuse. Proclamant qu’elle n’avait pas pour intention d’ouvrir des fenêtres dans le cœur de ses sujets pour connaître leur foi, elle fut désignée par le Parlement en 1559 comme « gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre », rompant avec Rome tout en instaurant l’anglicanisme, un modèle ambigu, conservant une hiérarchie épiscopale, supprimant les messes en latin, mais conservant l’usage du crucifix et des cierges, refusant certains rites catholiques, comme l’élévation de l’hostie, tout en en conservant certains autres rejetés par les protestants.

Devenue l’héroïne du protestantisme en Europe, elle lutta contre les menaces extérieures, faisant échouer l’« Invincible Armada » et ses 130 navires espagnols en 1588, mais aussi intérieure puisque les catholiques d’Angleterre complotèrent pour la remplacer par sa cousine, la catholique reine d’Écosse Marie Stuart, qu’elle fit emprisonner, puis décapiter.

L’album couvre l’ensemble de sa vie, à partir de 1554, alors que d’autres albums de la même collection, comme le Charlemagne ou le Philippe le Bel, avaient fait le choix de n’approfondir qu’une partie de la vie du héros. Un angle d’approche est néanmoins choisi ici, avec le fil rouge évident de la question lancinante du mariage puis de la succession de la reine. La question de savoir si Élisabeth a ou non eu des relations intimes avec ses différents favoris, de Robert Dudley à Robert d’Essex, n’est pas tranchée, mais le refus obstiné de la reine de se marier durant plus de trente ans est au cœur de la narration. « Si vous vous mariez, vous ne serez plus que reine ; tandis que si vous restez seule, vous serez à la fois roi et reine », lui dit un jour J. Melville, l’ambassadeur d’Écosse. Ce célibat extraordinaire, qui imposa l’image de la Reine vierge, continue encore à fasciner, et ce mythe a été choisi comme pierre angulaire de l’album.

Les auteurs ont pu bénéficier pour leur travail de sources nombreuses, mais partisanes : Gloriana, à la fois glorieuse et éternelle, pour la majorité des historiens anglais et pour la plupart des écrivains protestants, ou « sanglante bâtarde » pour les propagandistes catholiques. Ils montrent donc ces deux aspects : tacticienne hors pair, mais colérique et émotive ; intelligente mais violente et cruelle par exemple.

La narration est assez fluide, malgré quelques passages un peu confus, dus à la volonté d’intégrer dans le récit des évènements jugés importants mais loin du fil conducteur, comme par exemple le tour du monde de Francis Drake ou le talent de William Shakespeare. Le dessin, très classique, est expressif et profite surtout d’un découpage efficace. L’ensemble est de très bonne facture et s’intègre bien dans cette bonne collection de Glénat, tout en mettant en lumière le destin exceptionnel de celle qui fut peut-être la plus grande femme politique de l’Histoire !

(par Tristan MARTINE)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 978-234401190

Elisabeth 1ère - Par V. Delmas, C. Regnault, A. Meloni et M. Duchein - Glénat

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