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Entre BD et jeux vidéo : La longue patience de Benoît Sokal

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 4 avril 2017                      Lien  
Benoît Sokal partage depuis longtemps son travail d’auteur de bande dessinée (notamment "Canardo", chez Casterman) et celui de créateur de jeux vidéo. Il est depuis plusieurs décennies en quelque sorte le prototype de créateur de BD d’aujourd’hui qui ne compte plus sur le seul 9e art pour faire carrière.

Quand il publie ses premières planches au tout-début des années 1980 dans Le Neuvième Rêve, la revue fondée par Claude Renard et François Schuiten à Saint-Luc à Bruxelles, chacun sait que Benoît Sokal a une longue carrière qui l’attend dans la bande dessinée.

Son dessin est brillant, évocateur, et révèle ses talents d’animalier, une sorte de mélange entre Schuiten et Hausman. Mais Sokal est un réaliste : c’est dans un registre plus rapide qu’il crée Canardo pour (A Suivre) en 1978, lancé par Jacques Chirac qui le brandit à l’Hôtel de Ville de Paris au début des années 1980 et bientôt traduit en dix langues. 24 albums dont les derniers sont de plus en plus réalisés par Pascal Regnauld. On y découvre le Sokal storyteller, trousseur de dialogues audiardesques, savoureux et cyniques, et créateur de personnages inoubliables.

Entre BD et jeux vidéo : La longue patience de Benoît Sokal

L’empire du jeu

Mais au crépuscule des années 1990, Sokal découvre l’outil numérique. Il réalise ses premiers créations, pixel par pixel, toujours accompagné par Casterman. Dans la foulée de Myst, il pense qu’il peut faire son trou dans une industrie alors en pleine révolution technologique et crée Amerzone (1999), encore connecté avec son univers de bande dessinée. C’est un succès commercial et critique patent dont l’ampleur dépasse de loin celui, bien étriqué, de la bande dessinée. Sokal découvre le travail en équipe, le processus lent des développements audiovisuels et surtout une industrie qui a besoin de créateurs d’univers comme lui.

Dès lors, les jeux vidéo s’enchaînent, avec la création du premier jeu de Syberia en 2002, vendu à plus de 400.000 exemplaires, suivi de Syberia II (2004). Il refait une jonction avec la bande dessinée sur Paradise en 2006, mais, devenu directeur artistique de Microïds, il n’en est plus le dessinateur (c’est Brice Bingono qui adapte le jeu en BD avec Jean-François Bruckner à la couleur) puis produit encore le jeu L’Île noyée. Mais les ennuis de son éditeur de jeux et les révolutions technologiques rapides et successives de la fin des années 2000 provoquent un trou dans son CV : il faudra dix ans pour voir sortir le opus suivant : Syberia III, un jeu entièrement en 3D, lancé le 20 avril 2017 chez Microïds/Anuman Interactive pour PS4, Xbox One et PC/Mac.

Qu’à cela ne tienne ! Le temps que le bouclage financier des jeux se mettent en place (nous sommes dans des budgets proches de ceux du cinéma), Sokal réalise une série d’albums seuls : Sanguine (en collaboration avec Alain Populaire, 1988), Silence, on tue ! (en collaboration avec François Rivière, 1990), Le Vieil homme qui n’écrivait plus (1995) et surtout la série Kraa (2010, 2012, 2014).

À 63 ans (en juin prochain), ce pionnier aura fait une carrière exemplaire, réussissant aussi bien dans le 9e art que dans, c’est quoi le classement du jeu vidéo dans le domaine des Beaux-Arts ? Le 10e ?

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

On peut voir les originaux de Benoît Sokal (et peut-être même les acheter si vos moyens le permettent, à la Galerie Napoléon à Paris jusqu’au 31 mai 2017.

Illustrations : © Sokal/Microïds/Anuman Interactive

 
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