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Eric Corbeyran : "Les romans de Marc Lévy ne sont simples qu’en surface."

Par Laurent Boileau le 15 septembre 2010                      Lien  
Marc Lévy est le romancier français contemporain qui a vendu le plus de livres en France et dans le monde (ses neuf derniers romans ont été publiés à 19 millions d'exemplaires toutes langues et éditions confondues). Son troisième roman, {Sept jours pour une éternité}, fait l'objet aux éditions Casterman d'une adaptation en bande dessinée signée Corbeyran et Espé.

À quelle occasion avez-vous rencontré Marc Lévy ?

C’était à Paris en 2006, lors d’un jury de prix littéraire organisé par Carrefour (Prix du premier roman). Cette année-là, c’est Marc qui présidait le jury et qui avait pour tâche de réunir autour de lui un certain nombre de professionnels. Comme nous échangions des bandes dessinées et des romans et correspondions par mail depuis plusieurs années, Marc m’a contacté et nous nous sommes rencontrés à cette occasion.

Comment est née l’idée de travailler ensemble ?

Les romans de Marc sont portés à l’écran. Marc lui-même est un amateur de BD. De fil en aiguille, l’idée s’est imposée naturellement au cours de la discussion. Il a été très réceptif.

Pourquoi avoir choisi d’adapter Sept jours pour une éternité et pas un autre roman de Marc Lévy ?

Marc m’a donné le choix entre La prochaine fois et Sept jours pour une éternité. La prochaine fois est un thriller. J’ai déjà écrit beaucoup de thrillers. J’ai donc choisi Sept jours... car c’est une comédie romantique et que je n’avais pas encore exploré ce genre. Je me suis bien amusé.

Eric Corbeyran : "Les romans de Marc Lévy ne sont simples qu'en surface."

Qu’est-ce qui vous séduit dans ce roman ?

L’idée d’abord. Le roman pose une question simple et importante : « qu’est-ce qui nous rend humain ? » et tente d’y répondre de manière amusante et émouvante. Le genre ensuite, la comédie romantique. simpliste en apparence (un homme... une femme... ils se rencontrent) mais complexe à gérer du fait même de cette simplicité, car le danger est d’accoucher d’un récit fade. Dans Sept jours, tout tourne autour de l’attirance entre deux êtres, Zofia et Lucas. Cette attirance agit comme une force irrésistible, c’est presque de l’attraction. Le lecteur attend la rencontre, la désire, l’encourage. Il y a une complicité très vive entre les personnages et le public.

Marc Levy s’est-il impliqué dans l’adaptation ?

Marc s’intéresse à la bande dessinée. Il a suivi pas à pas toutes les étapes, avec attention et bienveillance, du scénario à la mise en couleur. Il nous a donné son point de vue surtout en ce qui concerne l’aspect des personnages, leur physique, leur look, tout en nous laissant une grande liberté.

Avez-vous rencontré des difficultés particulières pour adapter Sept jours pour une éternité ?

Les romans de Marc Lévy ne sont simples qu’en surface. Ils possèdent une structure très rigoureuse et une matière très riche. Mais dans tout roman, l’auteur dispose d’une grande liberté. Il peut prendre son temps, il peut se permettre de développer, de dériver, de disserter, de divaguer... Ce qui n’est pas le cas en BD où nous avons un nombre de pages limité et où, en conséquence, l’action se doit d’être plus directe. Le travail d’adaptation réside donc dans des choix drastiques : que nous apporte telle séquence ? telle info est-elle indispensable ? tel détour vaut-il le coup d’être pris ? tel personnage est-il vraiment utile ? Il faut savoir renoncer, sacrifier, sans perdre en épaisseur ni en crédibilité. Autre chose : l’écriture de Marc possède une qualité exceptionnelle, celle de donner envie de tourner les pages du livre, de connaître la suite du récit. Dans l’adaptation, j’ai tenté de conserver cet aspect à tout prix.

Adapter un best-seller littéraire donne-t-il une pression particulière ?

Évidemment, quand deux ou trois millions de personnes ont déjà lu le récit sur lequel vous êtes en train de bosser, ça change un peu la donne. Mais pas tant que ça en fait, car pendant la phase d’écriture, je suis tout seul dans mon bureau et je parviens assez facilement à faire abstraction de tout ça. La pression remonte quand vous revenez dans le "monde réel" et que vous en discutez avec les gens de votre entourage. Il faut souligner aussi que Marc nous a beaucoup encouragé pendant la période de réalisation. Sa réactivité et son enthousiasme nous ont été très précieux.

Avez-vous d’autres projets d’adaptation de livres de Marc Levy ?

Pas pour le moment, mais la discussion reste ouverte.

(par Laurent Boileau)

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Lire l’interview de Marc Levy en lien avec cette adaptation

Illustrations © Lévy/Corbeyran/Espé/Casterman

 
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20 Messages :
  • Marc Lévy est un auteur atroce, indéfendable. Il permet à des femmes incultes et non lectrices de se donner l’impression d’aimer la littérature. Loin de me contenter d’un jugement péremptoire, j’ai tenté l’expérience ("mes amis mes amours") j’ai tenu 60 pages, écœuré par ces personnages superficiels et sans aucune identité, sans problèmes, sans aspérités, sans douleurs, et ce style... Une rédaction de collégien. Quelle misère...

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    • Répondu par Aurore G. le 15 septembre 2010 à  15:40 :

      Pardonnez cette réaction mais je ne suis pas d’accord !
      Vous dites de M. Lévy qu’il est un auteur "atroce, indéfendable"... Un peu de tolérance ! Ce n’est pas parce que vous n’aimez pas ses ouvrages que vous devez forcément être aussi radical.
      Qui plus est, vous avez tenté l’expérience avec UN roman ... Pauvre expérience comparé à ce qu’il a déjà édité... Qui plus est, cela vous arrive souvent d’aimer TOUS les livres d’un auteur ?
      Une dernière chose : j’avoue que Marc Lévy n’équivaut pas un Hugo ou encore un Shakespeare... Mais de la à dire qu’il a pour public les femmes "incultes et non lectrices"... Sachez que je suis bibliothécaire et une véritable "rat de bibliothèque" qui dévore son quota de romans par semaines (entre autres, avec les BD bien sur ;)), mais il me prend à aimer les romans de Marc Lévy. Et alors ?! "7 jours pour une éternité" ne révolutionne peut-être pas le genre, mais il est certes très agréable à lire, je serais la première à dire "je l’ai adoré".

      A bon entendeur...

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      • Répondu par stéphane le 16 septembre 2010 à  10:09 :

        "Les romans de Marc Levy ne sont simples qu’en surface."justement cette phrase on dirait du Marc Levy. Essayons de faire mieux avec les mêmes mots chers amis, je propose,
        "Marc Levy restent en surface pour que les simples lisent ces romans"

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      • Répondu par Anne le 16 septembre 2010 à  11:58 :

        Depuis quand est-ce faire preuve d’intolérance que de dire d’un (très très) mauvais écrivain qu’il est (très très) mauvais ? Chez Lévy, c’est quasi pathologique : style mou et creux, clichés "Nous Deux" tricotés serrés comme dans un jersey, banalité sucrée et gnangnan à déconseiller aux diabétiques... ce qui est surtout impardonnable, c’est la bêtise et le plan marketing qui transpirent tant du fond que de la forme, genre : chère amie idiote, ne crains rien, tu n’es pas seule, moi je te comprends, achète donc mes grosses ficelles en barbapapa et sois bénie d’augmenter mon compte en banque. Et le pire de tout, c’est que, plus généralement, l’échelle de qualité s’effondre sous le poids de toute cette niaiserie car comment encore avoir les neurones pour apprécier un vrai écrivain quand on a été lobotomisé par le sirop de Marc Lévy, Secret Story et la presse people ? Heureusement, moi, j’ai été élevée avec Dumas, Colette et Zola, et je n’aurais pas d’excuse pour aimer Marc Lévy. Et croyez-moi, c’est aussi facile d’aimer Colette que Marc Lévy, et c’est mieux, bien mieux, parce que les voix de Toby-chien, Claudine et la vagabonde, elles nous restent, elles nous élèvent, elles nous aident à vivre, pleines d’échos vibrants au diapason de nos émotions, palpitantes étoiles dans nos nuits. Essayez !

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        • Répondu le 16 septembre 2010 à  14:02 :

          Colette c’était la Marc Levy de l’époque, de la niaiserie mal écrite.

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        • Répondu par Christian le 16 septembre 2010 à  15:02 :

          Après avoir lu "Et si c’était vrai...", je n’ai ressenti qu’une perte de temps.
          C’est simple, a mes yeux, c’est plat, fade, le tout enrobé dans une bonne couche marketing.
          Du coup, je ne vois pas l’intérêt d’une BD adapté d’un de ses romans

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          • Répondu le 16 septembre 2010 à  21:14 :

            Pour ma part, c’est le livre qui m’a réconcilié avec la littérature. C’est fluide, éthéré et limpide. J’ai eu les larmes aux yeux en le lisant car au contraire de certains bouquins, il est remplit d’émotions et d’humanité. Il est aussi accessible, pas seulement réservé à une élite. Un chef-d’œuvre pour moi.

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        • Répondu par xav le 25 septembre 2010 à  10:54 :

          je n’ai jamais entendu Marc Lévy se comparer à Dumas, Colette ou Zola... C’est un romancier populaire qui partage des histoires avec son public. Je ne vois pas où est le mal dans sa démarche ? Ses romans sont mis en avant car il a de nombreux lecteurs. Et alors ? C’est ça qui vous gêne ? Vous jugez le talent d’un auteur aux exemplaires de romans vendus ? On n’a pas le droit d’aimer ce qu’il fait sous prétexte que ça ne convient pas à l’Intelligencia ? Il n’y a que vous qui savez ce qui est bien, bon et beau ? L’inquisition, c’est une autre époque, d’autres moeurs. Vous pouvez juger que c’est mauvais. Très bien. c’est votre droit. Mais faire la morale est la première chose qu’on apprend à ne pas faire en lisant de Grands auteurs.

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  • Niveau zéro de l’édition BD (mais Corbeyran comme Morvan y sont abonnés). Dupuis s’était déja cassé le nez dans les années 90 en adaptant Sulitzer (même genre de best seller sans aucun intérêt), ce fut une plantade totale, tant artistique que commerciale.

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    • Répondu le 16 septembre 2010 à  08:11 :

      "...tant artistique que commerciale."

      La série "Hannah" dessinée par Franz était très bien... Je n’ai pas lu les 2 autres séries, dessinées par Messomo et par Marvano.

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  • Après avoir définitivement abandonné la lecture de romans durant mon adolescence après "La neige en deuil" d’Henri Troyat, imposé par l’établissement scolaire dans lequel j’étudiais, j’ai découvert le plaisir de lire un roman en découvrant Marc Levy et son chef-d’œuvre" Et si c’était vrai".

    Le roman d’Henri Troyat était superbement écrit mais sans aucun rebondissement, fade et distant. Je me souviens avoir passé 30 pages sans altérer la compréhension de l’histoire qui n’en était pas vraiment une, comme beaucoup de roman, il suffit de lire le quatrième de couverture et c’est suffisant.

    Les romans de Marc Levy sont remplit d’humanité, de tendresse et d’émotions avec une structure narrative particulière qui permet de multiples rebondissements. C’est simple, à peine ais-je commencé la lecture que je ne peux plus m’arrêter avant la fin. Si, pour dormir un peu bien sûr.

    C’est de loin mon auteur préféré avec Guillaume Musso.

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    • Répondu par narcisse le 17 septembre 2010 à  08:37 :

      Avant on citait Sartre, Camus, Malraux ou Céline. Aujourd hui on cite Musso ou Levy. La France est vraiment tombée très bas...
      ll n y a rien d élitiste de dire que Musso et Levy ce n’est pas de la littérature, c’est même le degré zéro de la littérature. Un "chef d’oeuvre" le livre de Marc Lévy ? Pathétique... "Voyage au bout de la nuit", "la condition humaine", "la peste" sont des chefs d’oeuvre. Ne mélangeons pas les torchons et les serviettes
      Je pensais que Corbeyran était quelqu’un de plus intelligent.

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      • Répondu le 17 septembre 2010 à  18:49 :

        Essayez de lire Sartre, Camus ou Céline traduits en Anglais par exemple. Faites la même expérience avec Marc Levy, Paulo Celho ou Guillaume Musso : le plaisir sera le même avec ces trois derniers. Par contre pour Sartre, Camus et Céline les romans n’auront pas la même saveur car ils ne savaient pas raconter une histoire mais seulement aligner des mots les uns à la suite des autres.

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        • Répondu par narcisse le 18 septembre 2010 à  10:06 :

          Chaque époque a son Guy des Cars... Quel plaisir peut on avoir a lire Musso ou Levy ? En francais cest déja affligeant, alors dans une autre langue...
          Apparemment toutes les midinettes de Levy ce sont passées le mot pour défendre leur beau gosse qui leur donnent l illusion de lire de la "littérature"...
          La bd n’a pas besoin de çà, il y a suffisamment de bons livres qui peuvent être adapter. Les niaiseries de Levy ou Musso intéressent que les femmes et elles lisent peu de bd.

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  • Je trouve judicieux d’adapter un roman de Marc Lévy en bande dessinée. Pourquoi ? Parce que ses romans sans fioriture vont à l’essentiel et permettent des rebondissements presque à chaque page, exercice difficile auquel s’attelle la plupart des scénaristes de BD, ils n’ont pas vraiment le choix, il faut remplir les cases ! Par contre, avec tout le respect que j’ai pour les écrivains "classiques", il me semble plus ardu de mettre en image leurs romans (hormis les romans policiers). Le seul bémol vient du fait que Marc Lévy évite me semble-t-il de décrire le physique des personnages et nous laisse libre des les imaginer à notre guise. En image c’est un peu plus compliqué. Félicitations à Eric Corbeyran pour sont talent également.

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    • Répondu le 18 septembre 2010 à  09:43 :

      J’ai déjà lu deux livres de Marc Lévy (Et si c’était vrai, Où es-tu) et je comprends que ça marche parce-qu’on sert au lecteur du Harlequin dans un écrin marketing recommandable. C’est un peu comme si je pouvais m’adonner à la lecture de Voici chez le coiffeur avec la couverture de Télérama. Chez monsieur Lévy, tout y est stéréotype et grosse ficelle mais l’enrobage déculpabilise.
      Adaptation en bd inutile et affaire juteuse pour monsieur Corbeyran, ça se comprend.
      Tant pis du coup si je passe pour un ronchon avec ce message mais il me semblait enfoncer une porte ouverte en rappelant que Marc Lévy est le degré 0 de la littérature. Ce n’est apparemment pas le cas.

      Etrangement, on en veut souvent à la personne qui vous dit une vérité difficile à entendre, impossible à croire
      Marc Lévy

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  • C’est assez amusant de voir des lecteurs de BD se moquer des femmes qui lisent du Marc Lévy. Que pensez-vous que lesdites femmes pensent des hommes qui lisent des BD ?

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    • Répondu par Anne le 20 septembre 2010 à  17:45 :

      Moi femme. Moi très grosse lectrice de bd et de vraie littérature (au passage, le cerveau primitif qui a dit plus haut que Colette était le Marc Lévy de l’époque du point de vue de la niaiserie n’a lu aucun des deux ou, s’il l’a fait, il n’a rien compris - pitié pour lui !). La preuve ? J’ai une collection qui dépasse les 4000 exemplaires, depuis Tintin et Jijé jusquà Zep, Skydoll et Golden city, en passant par Druillet, Forest, Vance et les petits formats. Lire de la bd depuis l’enfance ne m’a jamais empêchée de dévorer les grands auteurs, y compris en traduction, parce que le plaisir est différent, même s’il est présent à chaque fois. A priori, je trouve que les adaptations bd de grand romans n’ont pas d’intérêt (exception faite de Tardi et deux ou trois autres que j’oublie), alors quand il s’agit d’une cucuterie de Marc Lévy, c’est vraiment de la déforestation inutile, quoique, évidemment, un (apparemment) super-coup commercial...

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      • Répondu par Une lectrice de Marc le 20 septembre 2010 à  21:40 :

        Je vous trouve très méchant avec Marc Levy qui est un très grand écrivain, vous êtes des jaloux de son succès. C’est de la belle littérature avec de beaux sentiments, pas des ambiances craspecs qui doivent vous plaire. Alexandre Dumas aussi était décrié à son époque, mais ses livres restent eux aussi. Je suis une grande lectrice et Marc est mon écrivain favori (avant lui c’était Alexandre Jardin, mais il n’écrit plus beaucoup).

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    • Répondu par Oncle Francois le 20 septembre 2010 à  18:41 :

      Marc Lévy est devenu en peu de temps un auteur à best-sellers, mais pour avoir lu une ou deux de ses pages, je dois reconnaitre que je préfère Balzac, Hugo, Céline, Camus, et aussi évidemment Manchette, Pennac (toujours vivant, lui !! ouf, le talent n’entraine pas la mort subite !!). Là au moins on a de vrais écrivains. Le style de Marc Lévy est plutôt terne, et il raconte des choses plutôt banales, sur un ton très ordinaire. A son mérite, ses livres remportent de gros succès, ils sont sans doute très bien marketès. S’il redonne le goût de la lecture à une population un peu larguée, ce n’est pas plus mal. Ses amateurs passeront je l’espère ensuite à des livres plus ambitieux, c’est otut le bien que je leur souhaite !

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