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Eric Stalner : "Plus le temps passe, plus j’ai envie de faire des albums"

Par Laurent Boileau le 31 mars 2007                      Lien  
Les Éditions Glénat misent beaucoup sur [{Voyageur}, une ambitieuse saga->4553], dont le premier tome vient de paraître. Eric Stalner, coscénariste et dessinateur du premier cycle, a du pain sur la planche: outre les deux premiers tomes de {Voyageur}, il publie cette année le tome 2 de {La Liste 66}, le tome 9 de {La Croix de Cazenac} et une nouvelle série, {Flor de Luna} !

Vous publiez cinq albums cette année. Vous êtes boulimique ?

Mon grand défaut, c’est que je suis gourmand. J’aime la vie. J’ai besoin d’aller de l’avant, d’avoir plein de projets. Parfois, il m’arrive d’avoir peur de cette fuite en avant. Je dessine 10 heures par jour et 6 jours sur 7. Pas pour des raisons économiques mais parce que j’aime vraiment dessiner. J’adore mon métier et plus le temps passe, plus j’ai envie de faire des albums. Si la qualité du dessin en pâtit, il faut que les lecteurs et les éditeurs me le disent. Je dessine vite, le découpage vient naturellement. C’est une qualité mais aussi un défaut car je peux me satisfaire d’un dessin qui mériterait plus de travail. Je me gendarme et j’essaie de faire attention !

Scénariste, co-scénariste, dessinateur, vous aimez alterner les fonctions ?

J’aime bien les nouvelles expériences. Par exemple, pour Fleur de Luna [1], je coscénarise avec Pierre Boisserie ; je fais ensuite le découpage et seulement le crayonné. C’est Eric Lambert qui finira le dessin. Ce n’est pas une volonté d’aller plus vite, c’est parce que j’aime le travail en équipe. D’ailleurs, ce n’est pas nouveau pour moi, je le faisais déjà avec mon frère, il y a quelques années. Sur le prochain La Croix de Cazenac [2], Siro encrera et finira le dessin. Mon dessin encré par Lambert n’est pas le même que celui encré par Siro. C’est, à la fois, moi et pas moi ! Mais attention, Siro et Lambert sont de véritables dessinateurs. Ce ne sont pas des exécutants techniques.

Eric Stalner : "Plus le temps passe, plus j'ai envie de faire des albums"

Pourquoi vous impliquer de plus en plus dans les scénarios ?

Je ne peux plus être seulement dessinateur. J’ai besoin de m’investir dans le scénario. Je ne fais bien que ce que j’aime. Et si on entrave ma liberté, je n’arrive pas à dessiner. Pour raconter une histoire, je ressens le besoin d’être associé à l’origine des personnages, de les sentir et de les faire vivre. En revanche, pour les dialogues, je laisse faire Pierre Boisserie. Sur Voyageur, il rajoute les dialogues sur mes dessins.

Ce qui veut dire que le dessin existe derrière les bulles ?

Tout à fait. Je connais ce que les personnages vont dire mais je ne connais pas les mots exacts qu’ils vont employer. Lors du découpage, je connais les sentiments qu’éprouvent les personnages et donc je sais si le visage doit être interrogatif, effrayé ou souriant. Pierre pose les bulles à l’ordinateur et affine son texte en fonction du dessin. Le texte peut être explicatif mais il permet aussi de rythmer la lecture et d’obliger le lecteur à s’arrêter sur telle ou telle case.

Treize albums en 4 ans, Le Voyageur est une grande aventure… avec plusieurs dessinateurs…

Dessiner la série en dix ans m’aurait lassé. En plus, l’histoire avec trois cycles (futur, présent, passé) se prêtait parfaitement à ce que plusieurs dessinateurs interviennent. Le Voyageur a quelques signes distinctifs (cicatrice, cheveux blancs, yeux vairons) qui permettront de l’identifier quel que soit le dessinateur. Pour le lecteur, la publication rapide est un bonheur. Et l’éditeur ne peut que s’y retrouver. C’est aussi un moyen de proposer une alternative au rythme rapide de publication des mangas…

L’expérience de Glénat sur ce type de saga est un atout ?

C’est rassurant, enthousiasmant mais aussi exigeant parce qu’il faut être à la hauteur de leur "investissement". A l’origine, Pierre Boisserie en a parlé à Didier Convard qui a été tout de suite très motivé et il a su entraîner toute l’équipe Glénat avec lui : l’éditorial, les forces de vente, le marketing…

Pour un dessinateur, n’est-ce pas frustrant de ne pas dessiner la couverture de son album ?

Oh que si ! Mais c’est très bon pour l’humilité ! Les couvertures de Juanjo Guarnido donneront une unité à l’ensemble, comme l’avait fait Juillard pour Le Triangle Secret. Juanjo s’est tellement impliqué qu’il a demandé à dessiner un album. Il fera donc le dernier tome que je devais initialement dessiner moi-même.

(par Laurent Boileau)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Photo © L. Boileau
Illustrations © Boisserie/Stalner/Guarnido/Glénat

[1à paraître en juin chez Glénat

[2à paraître en octobre chez Dargaud.

 
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