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Erik Orsenna (de l’Académie française) : « La bande dessinée a sa place à l’Académie ! »

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 27 février 2010                      Lien  
Pour l’écrivain Erik Orsenna, passionné de bande dessinée, le 9e art a sa place sous la Coupole. Pour ActuaBD, il explique comment il faut faire pour qu’un auteur de BD puisse se porter candidat.

Erik Orsenna a rencontré Jacques Glénat à Douarnenez lorsque l’éditeur grenoblois a racheté le passionnant catalogue des éditions Chasse-marée. L’écrivain, grand amateur de bande dessinée, est passé de Tintin à la bande dessinée historique, puis aux bandes dessinées pour adultes qu’il trouve « excitantes ». Pour les 40 ans de l’éditeur, il avait honoré son anniversaire de sa présence et s’était même fendu d’un discours.

De son vrai nom Erik Arnoult, Erik Orsenna doit son pseudonyme ou souvenir d’une ville du Rivage des Syrtes de Julien Gracq. Bardé de diplômes, il est appelé en 1981 au cabinet de Jean-Pierre Cot puis devient conseiller culturel de l’Élysée, écrivant à l’occasion des discours pour François Mitterrand. Il suit Roland Dumas au Ministère des affaires étrangères avant d’entrer au Conseil d’État, tout en menant en parallèle une carrière d’écrivain qui lui vaut le Goncourt en 1988 pour L’Exposition coloniale. Dix ans plus tard, il est élu à l’Académie française au fauteuil du Commandant Cousteau.

Croyez-vous que la bande dessinée ait sa place à l’Académie française ?

Évidemment ! Dans l’Académie des beaux-arts, certainement, et même dans l’Académie car c’est une leçon de regard incroyable. C’est aussi une leçon de liberté, il n’y a aucun lieu où il y a autant de liberté : il y a de l’imaginaire, de la politique, de l’humour... Pour moi, c’est un art à part entière. Une bonne BD, c’est l’articulation du scénario et des dessins.

Vous militeriez pour qu’un auteur de BD porte un jour l’habit vert ?

Mais bien sûr ! Et comme les gens de la BD connaissent mieux la couleur que nous, ils y mettraient d’autres couleurs que le vert !

Comment faut-il faire pour que cela arrive ?

Il faut un bon candidat. Qui serait un bon candidat ? C’est dur de le dire !

Je crois que Moebius ferait très bien l’affaire.

Mais oui, Moebius, pourquoi pas ?

Erik Orsenna (de l'Académie française) : « La bande dessinée a sa place à l'Académie ! »
Erik Orsenna : "Pourquoi pas Moebius ?"
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Il faut qu’il fasse des visites ?

Non, il faut surtout qu’on sente qu’il y a des gens autour de lui. Et puis, il faut faire lire ses bandes dessinées aux membres de l’Académie. Elle n’est pas considérée –sottement !- comme un art majeur. Or, ils lisent de la bande dessinée, mais ils ne le disent pas. Il faudrait qu’ils fassent leur Coming Out. Donc, la première chose à faire, c’est de choisir un candidat, organiser un petit groupe d’académiciens amis autour de lui qui lui garantissent sept à huit voix et puis après, on voit ce que cela donne.

Vous êtes prêt à rencontrer Moebius ?

Ce serait un immense honneur. Quand on lit Moebius, on est embarqué complètement ailleurs. Il pourra dessiner sa propre épée sous la forme d’un vaisseau spatial. Elle nous entraînerait loin.

Propos recueillis par Didier Pasamonik

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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