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Evangelion : une saga tentaculaire

Par Charles-Louis Detournay le 1er mai 2009                      Lien  
La sortie du premier film de la tétralogie Evangelion nous permet de revenir sur l'origine de cette incroyable dessin animé qui fascine le public depuis près de 15 ans, et sur les trois séries qui relatent des évènements connus ou non, publiés avec plus ou moins de réussite chez Glénat et Tonkam.

Sur les toiles depuis plus d’un mois, Evangelion 1.0 est le premier opus d’une tétralogie amenée à avoir un retentissement international. Créée en 1995 au Japon, Neon Genesis Evangelion est avant tout un animé en 26 épisodes, qui a fait grand bruit au Japon et par delà le monde. Si le thème d’enfants et de jeunes adultes combattant dans des mechas [1] était assez classique, la série s’aventure vite dans des propos introspectifs tels que la solitude, le rapport aux autres, à la vie, et au salut de la race humaine.

Pour résumer en quelques lignes les grandes lignes du scénario, en 2000 : La Terre a subi un gigantesque raz de marée provenant d’une mystérieuse explosion en Antarctique. 15 ans après cette catastrophe qui a réduit l’humanité de moitié, de gigantesques créatures, appelées Anges, tentent de détruire la nouvelle Tokyo. Pour les combattre, une organisation, la NERV, a créé les Evangelions (Evas), des géants nécessitant que des adolescents entrent en synchronisation pour les piloter. C’est ainsi qu’un garçon assez renfermé de 14 ans, Shinji, fait la connaissance de l’impulsive Asuka et de la plus timide Rei. Le triangle amoureux est formé, mais bien d’autres intervenants vont venir déranger cet ordre établi.

Evangelion : une saga tentaculaire
de gauche à droite : Asuka, Shinji et Rei devant un Evangelion

Les films

Très vite, le succès de la série fut grandissant jusqu’à ce que les deux derniers épisodes (en 1996) étonnent et déçoivent leurs fans. Laissant énormément de questions sans réponses, cette fin fut complétée par deux films, mais certaines portes restaient ouvertes, et le succès de cette histoire ne cessait d’augmenter. C’est pour cela que son créateur Hideaki Anno a souhaité reprendre l’ensemble de sa création en quatre films qui exploreraient ce qui a déjà été dit, certains aspects et seconds rôles laissés dans l’ombre, ainsi que la vraie fin finale pour tout expliquer (enfin, c’est ce qui est promis).

Evangelion 1.0 You are (not) alone, préfigurant la solitude et le lien qui unit le héros Shinji aux autres protagonistes (et en particulier aux deux personnages féminins Rei et Asuka) s’est pourtant déjà doublé d’un Evangelion 1.1 en Blue Ray qui contiendrait des séquences inédites. Quand au second film, Evangelion 2.0 You can (not) advance, il sortirait prochainement au Japon et contiendrait plus d’infos sur Asuka, des nouveaux Evangelions, et d’autres nouveautés.

Le manga originel

Six mois avant la diffusion des premières images de l’animé, est publié au Japon le premier épisode manga d’Evangelion. Les qualités artistiques de Yoshiyuki Sadamoto le porteront bien vite au pinacle des séries du genre. L’auteur, qui créa bon nombres d’animés, se dévoue profondément à son travail sur Evangelion, soignant autant les ambiances intimes que les combats des Evas.

Le manga se base essentiellement sur l’animé, reprenant les thèmes chers à Hideaki Anno : la recherche du bonheur (inatteignable), la mollesse, le refus voire la fuite devant l’adversité, l’utilité du sacrifice, etc. Bien entendu, tous ces conflits psychologiques de ses personnages qui ont presque tous perdus leurs parents sont entrecoupés par de violents combats où l’inventivité de l’ennemi est sidérante. Le plus gros défaut de cette série provient en réalité de la lenteur de la parution des volumes : 11 albums en 14 ans ! Un rythme incroyablement faible pour le Japon !

Diffusé par Glénat depuis 1998, l’éditeur grenoblois a pu compter sur le même succès en France. Glénat a même publié trois art-books, reprenant l’univers de la série. Le onzième tome est paru en octobre dernier, suivant de près l’édition japonaise. La série étant prévue en douze tomes, on commence à comprendre l’impatience des lecteurs, qui voudront savoir comment va se décliner la fin de ces aventures, devant les dénouements multiples que l’animé et les films ont pu présenter.

Une seconde série moins captivante

Les six volumes de Neon Genesis Evangelion : Iron Maiden 2nd publiés par Glénat en 2008 ne trouveront malheureusement pas le chemin de la série mère. Présentant une uchronie de l’arrivée des Anges, elle s’axe principalement sur la psychologie des collégiens. Son auteur, Fumino Hayashi, s’est demandé comment les enfants deviennent adultes, et selon lui, l’une des réponses est "l’amour". Malheureusement, les premiers volumes n’avancent pas réellement dans l’action, et l’on se demande continuellement où réside l’intérêt de la série.

De plus, le dessin est assez loin de la réussite de Yoshiyuki Sadamoto : les personnages sont souvent fades, les décors parfois bâclés, et les chorégraphies de combats ne permettent pas de comprendre l’action s’y déroulant.

A 17 ans, Shinji et Asuka en couple ???

Le premier cycle de 4 tomes reprend les aller-et-retour entre Shinji-Rei, Shinji-Asuka et Shinji-Kaworu, le comportement du héros étant tellement statique psychologiquement parlant, qu’on souhaiterait lui mettre des claques à toutes les pages. Le dénouement du quatrième tome demande à Shinji de néanmoins choisir entre ces différents ’partenaires’, ce qui donne une dimension supplémentaire intéressante.

Tout aussi prenant, le cinquième volume approfondit la rencontre des parents de Shinji et des évènements créateurs de la NERV. Un coin intéressant du voile est levé ! Enfin, le sixième tome explore les retrouvailles des enfants, deux années après une séparation aux quatre coins du monde : prolongeant la vision de l’auteur, l’amour a transformé leur vie, même si certaines situations passent du niais au pathétique.

Comme nous l’exprimions précédemment, l’entrée en matière peu engageante de cette série l’a fort desservie. Au final, il subsiste un sentiment très partagé entre les quelques apports intéressants de l’auteur, et les frontières qu’il n’a pas su franchir, laissant souvent le lecteur dans l’attente d’une impossible nouveauté.

Tonkam : une nouvelle vision bienvenue

Depuis presque un an, Tonkam publie une nouvelle uchronie de notre classe de collégiens, Neon Genesis Evangelion - Plan de complémentarité - Shinji Ikari, d’Osamu Takahashi. On reprend globalement les ingrédients de la seconde série de Glénat, pour mieux décrire les relations du triangle amoureux, ainsi que le rôle ambigu de Kaworu. Shinji et Asuka sont très proches depuis l’enfance, dans une relation très ’qui aime bien châtie bien’ et l’arrivée de Rei vient bouleverser ce petit monde. Cette dernière est parfaite dans le rôle de la femme sensible, car vierge des turpitudes du monde social, et on se prend agréablement au jeu amoureux que les protagonistes mettent en place pour attirer l’attention de l’autre.

Mis à part un cadre rapidement planté, c’est le ton global qui dénote de la précédente série : on navigue entre comédie romantique et gags parfois moins légers. Si Asuka campe le personnage haut en couleurs que l’on connait bien, Shinji et Rei apprivoisent réciproquement les étapes de la relation amoureuse. On passe des tentatives collégiennes pour se frôler la peau, à des échanges de baiser plus poussés. Cette romance naissante paraît très réaliste, et les pages s’avalent rapidement, ponctués d’intermèdes pseudo-comiques.

Cette nouvelle incursion dans le monde d’Evangelion réserve des blagues et cadrages un peu plus orientés, mettant en valeur les plastiques de Rei & Asuka. C’est aussi le début des plug-suits, ainsi que des concours un peu loufoques de Gendo Ikari, un genre auquel nous n’avions pas encore été habitués. Pour mettre un peu de profondeur dans la série, on voit aussi intervenir la Seele. On attend donc dans les prochains tomes que le suspense se tende au maximum.

En résumé, les divers mondes de Neon Genesis Evangelion ont dépassé depuis longtemps les frontières des Otakus pour devenir une des plus grandes références du genre. Si vous vous êtiez arrêtés à la série mère, ces quelques explications pourront vous donner envie de creuser plus loin, sinon le film est toujours à l’affiche, et vous permettra de repartir une fois de plus dans un monde pas si évangélique que cela.

(par Charles-Louis Detournay)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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[1Chars d’assaut ou robots humanoïdes, souvent géants

 
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