Dans une Tôkyô futuriste, les dernières découvertes scientifiques permettent de ramener les morts à la vie. Sauf que, pour chaque personne qui revient, une autre doit être sacrifiée... Les autorités ont décidé de condamner des meurtriers à mort pour ressusciter leurs victimes. Brillante idée ! Mais les Returners, comme on les nomme, sont généralement contaminés par un bug, une sorte d’anomalie psychologique qui amplifie leurs sentiments négatifs...
Jalousie, haine profonde, désir de vengeance représentent pour chacun d’eux autant de bombes à retardement parfois plus dangereuses que les criminels envoyés vers la peine capitale... C’est pourquoi le gouvernement utilise des fonctionnaires peu commun afin de désamorcer ces situations catastrophiques : Ils sont appelés les Sorcerites, ces êtres capables de plonger la conscience des malades et d’en extraire le mal qui les ronge. Les agents spéciaux Nagumo et Amagi forment cette élite et n’ignorent pas que le subconscient de leurs cibles peut aussi devenir pou eux un piège mortel.
Ces psychologues d’un genre nouveau, aux méthodes particulièrement agressives et efficaces, pénètrent dans l’inconscient de leurs patients afin d’en déceler la tare, le bug, le traumatisme fondateur. Deux Sorceristes principaux se démarquent : la jeune recrue Yoko Amagi, l’héroïne du récit, Evil Eater, et Kento Nagumo, Deep Searcher, homme talentueux et froid de prime abord, au passé trouble et inquiétant.
Les éditions Ki-Oon ont décidé ces derniers temps d’élargir leur éventail de séries fantastiques et d’anticipation, notamment avec des histoires courtes, généralement des trilogies, un peu à l’instar de Scumbag Loser ou Reversible Man. Sauf que, ce coup-ci, ils n’atteignent pas la même dimension sur le résultat final.
Le scénariste Issei Eifuku, auteur du prodigieux Samourai Bambou (récompensé du grand prix Tezuka et prix d’excellence au Japan Media Arts Festival) et le dessinateur maestro Kojino s’associent pour ce thriller d’anticipation dans lequel l’esprit humain devient un terrain d’enquête périlleux. Plus qu’un récit fantastique, c’est une œuvre d’anticipation que propose Evil Eater. Œil pour œil, dent pour dent, pour chaque personne qui ressuscite, une autre doit impérativement mourir... En raison de ce thème puissant, le scénario un peu faiblard dans son ensemble relativement la route.
Kojino, de son côté, apporte au graphisme une touche des plus subtiles, truffée de détails particulièrement impressionnants que ce soit au niveau de ses protagonistes ou dans le décor des arrière-champs.
Sans prétendre au chef d’œuvre, Evil Eater demeure un bon divertissement mais le second tome, prévu début juillet, est attendu au tournant...
(par Marc Vandermeer)
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