Dans ce nouvel album, le maire Hundred se voit une nouvelle fois confronté à diverses situations complexes et compromettantes dans lesquelles le fantastique de sa vie passée le rattrape sous forme de flashback et guide ses choix et sa résolution quant à la manière de traiter ces affaires très terre-à-terre.
Parmi les sujets proposés, il y est notamment question de la problématique soulevée par la légifération de la consommation de cannabis à grand renfort de statistiques et de stratégies de communication. Hundred se doit d’embrasser sa fonction en se positionnant sur plusieurs fronts à la fois alors qu’une vague de cambriolages violents frappe la ville et que l’image de la bonne entente entre les différents services chargés de veiller sur les citoyens se doit d’être conservée suite aux événements traumatisants survenus lors des attentats.
Réflexion quant à la nature des travaux de reconstruction des tours jumelles, prise de position face au mariage gay ou bien encore à l’encontre de la liberté d’expression et de manifestants aux revendications raciales et extrémistes, Brian K.Vaughan dépeint un monde en perpétuel mouvement où rien n’est jamais simple, où les arguments et contre-arguments des uns et des autres rythment le déroulement du récit et placent le lecteur dans une position de juré qui peine à trancher face à ses propres convictions et la légitimité des propos avancés.
Dans ce tourbillon d’événements agités, Mitchell Hundred s’avère dans tous les cas un personnage intéressant à suivre. Au sein de cet album, Vaughan se détache d’ailleurs légèrement du cadre réaliste de son univers le temps d’une histoire courte qui vise à expliquer certains éléments de son histoire, en introduisant notamment un nouveau personnage étrange, vieux bonhomme légèrement déséquilibré qui permet de nous éclairer plus en détail sur l’incident survenu quelques années plus tôt et qui ont conféré le pouvoir de communiquer avec les machines à notre personnage principal. Intriguant et lorgnant cette fois-ci bien plus du côté du fantastique dans le ton que ce que l’on a jusqu’ici connu à la lecture de Ex Machina, bien que le scénariste conserve l’atout de sa série à travers un black-out total sur New York et une situation de gestion de crise intelligemment menée.
Le style graphique de Tony Harris et son utilisation de la photographie et de modèles pour la représentation de ses décors et de ses personnages se montre tout aussi réaliste que l’ambiance posée par le livre, aidé en cela par la colorisation sobre et efficace de JD Mettler.
Le trop rare John Paul Leon illustre le numéro spécial qui clôture ce troisième volume, Ex Machina Special #3, et s’inscrit également dans ce cadre grâce à son approche cinématographique et son sens du découpage dynamique. A noter que nous pourrons retrouver l’artiste dans les mois à venir dans les pages du kiosque Batman Saga, le dessinateur accompagnant pour l’occasion Ben Percy au scénario d’un arc en deux parties fill-in au run de Brian Buccellato et Francis Manapul sur les épisodes glauques à souhait de Detective Comics #35 et #36.
Une beau travail d’édition comme souvent accompagné de nombreux bonus qui décortiquent l’œuvre, Ex Machina passionne à travers une vision biaisée des codes de récits super-héroïques et avec une approche assimilable à celle de Ed Brubaker et Greg Rucka sur Gotham Central dans la transposition du propos de leurs auteurs vers quelque chose de plus réaliste et critique.
(par Marco ZANINI)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Commander ce livre chez Amazon ou à la FNAC
Retrouvez Brian K. Vaughan sur actuabd :
Saga T.3 et T.4
Ex Machina T.1
Y, le dernier homme T.1
Les Seigneurs de Bagdad