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Ex Machina T1 : Les cent premiers jours - Par Brian K. Vaughan & Tony Harris - Editions USA

Par François Peneaud le 26 août 2005                      Lien  
Après les deux volumes de La Ligue des gentlemen extraordinaires et celui consacré à Arrowsmith, les Editions USA nous proposent un autre comic de grande qualité. Dommage qu'on ne puisse pas en dire autant du travail de traduction.

Janvier 2002. Mitchell Hundred est le nouveau maire de New York. Un maire pas tout à fait comme les autres, puisqu’il a passé quelques temps à jouer les héros dans le ciel de la ville, avant de décider de changer de carrière - si l’idée d’un ex-super-héros devenant maire vous semble absurde, rappelez-vous que les États-Unis sont le pays où un ancien acteur (ou un ancien champion de musculation) peut devenir gouverneur ou même président.
Dès le début de l’histoire, on apprend ce qui fait la singularité des pouvoirs de Hundred : une curieuse machine d’origine inconnue lui explose à la figure, et il se retrouve avec la faculté de "parler" à tout ce qui est mécanique ou électronique, et donc de contrôler la plus grande partie des engins qui nous entourent. D’où son surnom de "Great Machine" - que les éditions USA n’ont pas jugé bon de traduire par "Grande Machine", le pseudonyme du personnage étant simplement donné comme étant "Ex Machina", ce qui semble franchement absurde.

Ex Machina T1 : Les cent premiers jours - Par Brian K. Vaughan & Tony Harris - Editions USA
Une des couvertures

La série va donc suivre les quatre années de magistrature de la Grande Machine, en alternant les flashbacks qui permettent de découvrir petit à petit l’histoire du personnage avec le quotidien du candidat indépendant qui fit la nique aux deux grands partis. Hundred est placé dans une réalité qui rappelle fortement la nôtre : guerres au Moyen-Orient, attentats du 11 septembre (avec une différence majeure liée à ses pouvoirs et qui noue la gorge du lecteur), scandales artistiques... Ex Machina ressemble bien plus à une uchronie très sobre teintée de science-fiction qu’aux grosses bastons de Superman ou Spider-Man.

Brian K. Vaughan, un des scénaristes grand public les plus en vue actuellement aux USA (Y, le dernier homme, Les Fugitifs, Ultimate X-Men), a créé là une histoire originale et prenante : mélange d’aventures et de politique très inspirée de la réalité, elle donne au scénariste l’occasion de développer aussi bien des thèmes contemporains que des personnages complexes et variés.
Le travail de Tony Harris, assisté à l’encrage par Tom Feister et aux couleurs par JD Mettler, est tout aussi remarquable : voici un artiste qui utilise très intelligemment la photographie grâce à un style à la fois réaliste et très identifiable, en donnant un rôle précis à des gens de son entourage, qui "jouent" chacun un personnage. La narration est sobre et efficace, les cases, pourtant peu nombreuses, ne donnant jamais une impression de vide, le grand format choisi par l’éditeur français ne nuit donc pas à la lecture.

Un autre élément de cette version française présente malheureusement beaucoup plus de faiblesses. Il s’agit du texte : entre les "aux vues de", les "future", des
"sont" au lieu de "son" ou un joli "personne ne peut délivré", on se demande si une quelconque relecture a été effectuée. C’est d’autant plus dommage que le niveau de langue des différents personnages est bien rendu (le maire n’a pas un language très châtié). Mais entre ces innombrables fautes et la police choisie qui écrit les lettres accentuées plus petites que les autres pour tout mettre à la même hauteur, le lecteur un tant soi peu attentif est beaucoup trop souvent déstabilisé.

Les défauts de l’édition française de cette série ne doivent cependant pas occulter la réussite des créateurs, qui ont d’ailleurs reçu plusieurs Eisner en 2005. Ex Machina est une des séries américaines du moment les plus intelligentes et mérite de trouver son public dans notre pays. Elle mérite également un plus grand soin apporté au texte français.

(par François Peneaud)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Le site officiel de la série, en Anglais.

 
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