Jean Giraud nous le rappelait il n’y a pas si longtemps : il a été un des premiers à essayer de convaincre les Français de s’intéresser aux mangas (pour ajouter aussitôt qu’il essaye de les convaincre aujourd’hui de s’intéresser à la production française). Une des raisons sans doute est que les lecteurs du Soleil Levant ont très tôt reconnu la qualité de son travail. Il a eu très vite des échanges avec Katsuhiro Otomo, le créateur d’ Akira. Et le « Dieu des Mangas » lui-même, Osamu Tezuka, est venu humblement à Angoulême en 1982 pour lancer à Jean Giraud une invitation à Tôkyô. L’histoire est connue.
C’est à peu près à la même époque que Jean Giraud va se mettre à flirter avec le monde du cinéma. 1982 est l’année où il collabore avec les studios Disney sur Tron, le premier film de l’histoire du cinéma à utiliser des images de synthèse. C’est aussi l’année de la sortie de son premier grand dessin animé, Les Maîtres du Temps, réalisé par le regretté René Laloux sur une histoire du non moins regretté Stephan Wul. Après, ce sera Willow, Alien , Le Cinquième élément... sans compter l’adaptation de Blueberry au cinéma.
La figure de proue de l’animation japonaise
Miyazaki mettra un certain temps à accéder au statut de gloire internationale. Entre ses débuts d’intervalliste à la Toeï Animation et Nausicaä de la Vallée du Vent, puis à la création des Studios Ghibli, il y a un parcours de vingt ans. Dans le domaine du dessin animé, comme dans le domaine du manga : qu’il soit inactif dans l’animation quelques mois seulement, il en profite pour faire un manga, toujours à l’ouvrage, à l’exemple du « Dieu » Tezuka. Aujourd’hui, il est la figure de proue de l’animation japonaise dont il ne faut pas oublier qu’elle fournit 60% de la production mondiale de dessins animés.
Jean-François Camilleri de Buena Vista International, commissaire de cette exposition, voulait se faire rencontrer ces deux créateurs d’univers dont le cousinage saute aux yeux, moins par le trait que par un certain goût pour l’onirisme et l’étrangeté poétique. 300 documents seront réunis côte à côte suscitant non pas un choc des cultures mais un savoureux métissage, une symphonie graphique toute entière dédiée au plaisir du dessin dans ce qu’il a de plus élevé, de plus spirituel.
Une rencontre unique
En dix sections, les organisateurs vont essayer de nous faire découvrir le travail de ces deux auteurs dans ce qu’il a de commun : une préoccupation écologique, un art de l’espace, une perception des mondes invisibles, un goût pour les créatures fantastiques, un trait enfin qui transcende l’image pour atteindre au mythe.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
MIYAZAKI - MOEBIUS, Deux artistes dont les dessins prennent vie. Du 1er décembre au 13 mars 2005 - Musée de la Monnaie de Paris, 11 quai de Conti, 75006 Paris. Réservation : dans les FNAC.
Participez à la discussion