D’un côté du ring, Blanche Neige, superbe femme admirée de tous dont la légende a su traverser les âges et ne saurait être oubliée. Intelligente et responsable, elle cache néanmoins de profondes blessures accumulées tout au long des siècles.
De l’autre, Rose Rouge, bien plus impétueuse et joviale. Ele a dû grandir dans l’ombre de sa sœur sans jamais vraiment trouver sa place.
Mais lorsque la seconde se trouve enfin un objectif alors que la personnification même de l’espoir trouve en elle un avatar digne de la représenter et d’inspirer ceux qui l’entourent, la jeune femme s’octroie comme mission le devoir de répandre une nouvelle vague de justice et d’héroïsme au sein des Royaumes fabuleux reconquis en s’inspirant de l’âge d’or de la chevalerie et de ses valeurs : le Camelot et la Table ronde du Roi Arthur.
Au centre de sa campagne, une thématique qui lui est très personnelle : le droit à une seconde chance et l’espoir de voir les esprits les plus corrompus être réhabilités. Et le fait de baser son idée sur un personnage peu recommandable, le meurtrier du mari de Blanche Neige et le plus grand danger pour sa famille, mettra le feu aux poudres...
Difficile alors de choisir un camp pour le lecteur. Deux groupes de personnages que l’on a suivis et aimés depuis des années se forment, la tension entre les deux partis s’accroît au gré des épisodes, et les deux idéologies et les arguments avancés qui s’opposent se valent.
Ce bougre de Willingham, en scénariste expérimenté, nous balade et nous perd entre deux alternatives que l’on ne peut envisager, en s’attardant tantôt sur la quête amusante et épique de Rose Rouge dans son intention de réunir les premiers « chevaliers » amenés à rejoindre sa table, alors que le ton diffère grandement lorsque nous partons à la rencontre d’une Blanche Neige endeuillée et paranoïaque qui lutte contre le sanglant et triste destin qui plane au dessus de la famille Wolf.
Après avoir passé beaucoup de temps ddans les précédents tomes à étendre son univers tout en cherchant à boucler les nombreuses sous-intrigues mises en place au sein de la communauté de Fableville, Bill Willingham et Mark Buckingham intronisent dans ce volume la finalité de leur propos en conférant plus que jamais une tournure dramatique et lugubre des contes et légendes de notre enfance, desquels ils tirent une galerie de personnages impressionnants et remarquablement mis en scène.
Ce qui était envisageable et sous-entendu il y a encore quelques mois se fait de plus en plus certain : la conclusion à cette histoire risque d’être rude.
(par Marco ZANINI)
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