Tout commence avec le Miroir Magique. Vous savez : "Miroir, mon beau miroir", celui qui sait qui est la plus belle... Perdu avec les bureaux où il était entreposé, coupé de Fableville, c’est lui qui entame le récit que nous allons suivre. Une histoire dont il est à la fois le narrateur, car il voit tout ou presque, et un personnage-clef, car lui-même se trouve impliqué dans la cabale qui voit plusieurs grandes figures des Fables tomber les unes après les autres.
Les habituels enquêteurs manquant à l’appel, c’est vers Cendrillon que la communauté se tourne pour résoudre le mystère et traquer cet étonnant serial killer qui semble pourtant toujours avoir un coup d’avance sur la belle. D’autant qu’une forme de compte-à-rebours se met rapidement en place, contraignant à trouver le coupable en moins de sept jours sous peine de catastrophe.
Fairest - Les Belles et la bête se voit donc découpé en sept parties contant les sept journées de cette course-poursuite qui accumule les cadavres dans une certaine tradition du roman noir, ici étonnamment adaptée aux contes de fée. Plus surprenant encore, et c’est là que le projet révèle toute sa spécificité, de nombreux dessinateurs, et coloristes, se répartissent les planches de ces épisodes, chacun se voyant chargé d’un événement à mettre en scène.
Ruptures graphiques nombreuses donc, mais parfaitement lisibles, fluides et même prenantes du fait de l’écriture de l’histoire, très dynamique, qui multiplie rebondissements et révélations. La trame globale se révèle ainsi assez formidable et chaque situation apparaît porteuse à la fois d’éléments concernant l’aventure en cours et de clins d’œil aux lecteurs réguliers de Fables.
Ambitieux dans la forme, ce volume doit sa réussite au soin apporté par Bill Willingham à son intrigue, composée de façon à exploiter le plein potentiel de la contrainte graphique choisie. Ce faisant, il offre au lecteur un tome proprement miroitant, et à son univers féerique des reflets sans cesse changeants. Quoi de plus juste et pertinent quand on revisite le merveilleux des contes en prenant, cette fois, le plus célèbre des miroirs comme point de départ de son histoire.
(par Aurélien Pigeat)
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Fairest : Les belles et la bête. Par Bill Willingham (scénario) et collectif (dessin). Traduction Nicole Duclos. Urban Comics, collection Vertigo Classiques. Sortie le 17 avril 2015. 160 pages. 15 euros.
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