Le précédent volume de Fairest sorti en France, Les Belles et la Bête, avait éventé la surprise : le Prince Charmant n’est pas mort, ayant par miracle survécu à l’explosion concluant la bataille contre l’Adversaire. Il a même, durant l’intervalle de la lutte contre Mister Dark, mené une vie de pacha. Littéralement.
Nous le retrouvons à la tête d’un sultanat, harem inclus, à administrer un petit royaume une fois les troupes de l’Adversaire disparues. Mais une nouvelle menace survient qui le conduit à parcourir ses terres, à faire montre de ses capacités de chef et de combattant, et à user de ses charmes. Ou du moins tenter de le faire, car c’est là que la machine, de manière étonnante, se grippe.
La bonne idée de ce volume réside dans le décentrage - partiel - du récit, d’abord porté par une nouvelle figure féminine - nous sommes bien dans Fairest -, véritable égérie locale : Nalayani. Beauté guerrière, la jeune femme se dévoue corps et âme à la cause qu’elle a embrassée, à savoir la protection de son village, déserté par les hommes.
Et si l’appui du Maharaja lui est nécessaire, jamais la seule idée de céder à ses avances ne l’effleure, rendant d’autant plus cocasses les vains efforts déployés par le souverain pour conquérir le cœur de la Belle. Dévouement total et exploits multiples n’y suffisent pas et c’est un peu le principe de l’arroseur arrosé qui se voit appliqué ici à notre Prince, ce qui ne manque pas de sel.
Joli et poétique par moments - le premier périple de Nalayani avec le chacal notamment, ou encore lorsque nos héros se trouvent coincés par un crocodile - ce Retour du Maharaja apparaît quand même globalement un peu anecdotique. Délivrant une dose sympathique d’exotisme, il vaut essentiellement pour la récupération opérée d’un personnage disparu, accompagnée de divers clins d’œil à d’autres oubliés de la série.
L’atmosphère du volume oscille entre la tension dramatique que Nalayani tente d’instaurer et d’entretenir - tension également nourrie par d’autres personnages locaux - et la légèreté, à la limite du potache, qu’impose le Prince avec toute sa superbe, la seconde torpillant allègrement la première. Avec le sentiment que magie et émerveillement n’ont au final existé que sur un mode mineur, ce qui, dans l’univers de Fables, s’avère somme toute dommage.
(par Aurélien Pigeat)
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Fairest T3 : "Le Retour du Maharaja". Par Sean E. Williams (scénario) ; Bill Willingham (consultant) ; Stephen Sadowski, Russ Braun et Mechan Hetrick (dessin) ; Phil Jimenez, Dan Green, Andrew Pepoy, Christian Alamy et José Marzan (encrage) ; Andrew Dalhouse (couleur) ; illustration des couvertures Adam Hughes. Traduction Nicole Duclos. Urban Comics, collection Vertigo Classiques. Sortie le 19 juin 2015. 136 pages. 15 euros.
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