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Fanny Montgermont : "Nous avons réussi à toucher les lecteurs sans sombrer dans le pathos"

Par Nicolas Anspach le 20 février 2009                      Lien  
{{Fanny Montgermont}} a illustré l’une des histoires les plus touchantes publiée ces derniers mois. {Quelques jours ensemble} raconte la rencontre entre un père et son fils, dont il ne soupçonnait pas jusqu’alors l’existence. Ce jeune garçon de treize ans souffre de la progéria, une maladie génétique, qui lui donne l’aspect d’un vieillard. Retour, avec la dessinatrice, sur cet album dont le scénario est signé {{Alcante}}.

Fanny Montgermont : "Nous avons réussi à toucher les lecteurs sans sombrer dans le pathos"De nombreuse personnes disent avoir été émues par Quelques jours ensemble ». Quel effet est-ce que cela vous a fait ?

Didier Alcante et moi-même sommes très fiers d’avoir publié une histoire touchante, peu commune, mettant en scène des personnages que nous ne reverrons pas de sitôt. Nous avons, semble-t-il, réussi à toucher les lecteurs sans sombrer dans le pathos. La progéria est un sujet lourd, mais nous l’avons traité de façon légère. Didier a trouvé le juste ton. Je l’ai compris tout de suite à la lecture du scénario. Didier m’a envoyé le découpage en une fois. J’ai découvert cette histoire comme nos lecteurs, en lisant le découpage page après page. Des images me venaient directement en tête.

Avez-vous eu des discussions pour définir les personnages ? Le père ressemble à un vieil adolescent aux traits angéliques.

Nous n’en avons pas beaucoup parlé. Nous étions en parfaite osmose quant au traitement de l’histoire. Le père semblait être un homme exécrable. Ma première réaction, à la lecture de l’histoire, a été de me demander comment j’allais dessiner un connard, un mec aussi peu sympathique. Petit à petit, je me suis laissé prendre au piège de l’histoire. Xavier est un séducteur. Il devait donc être beau gosse …

Et l’enfant ?

Je me suis documenté et ai regardé des images d’enfants atteints de cette maladie. J’ai tenté de reproduire leurs caractéristiques physiques, comme par exemple un nez en forme de bec d’oiseau. J’appréhendais de dessiner ce personnage et de définir ses traits. J’avais peur de ne pas y arriver. Je souhaitais qu’il ait un regard doux derrière cette figure de « vieillard ».

Avez-vous eu des réactions de parents qui ont des enfants atteints de cette maladie ?

Non. Cette maladie est heureusement assez rare et j’imagine que les parents concernés ne sont pas encore tombés sur notre bande dessinée. Je me demande d’ailleurs ce qu’ils ressentiraient en la lisant. Arriveront-ils à le terminer ? Notre histoire émeut déjà des « lecteurs normaux ». Alors, eux ?

L’aquarelle était-il un choix évident ?

Pas du tout ! C’était la première fois que j’utilisais cette technique. J’ai travaillé à la gouache pour Elle (deux tomes parus chez Paquet). Cette technique est laborieuse et demande plus de temps. Or, j’avais près de 80 planches à réaliser. Je ne me voyais pas dessiner cette histoire en utilisant la gouache.

La ville belge de Louvain-La-Neuve, qui a commencé à être bâtie dans les années 1970, sert de cadre à votre histoire…

Je n’y suis allé qu’une après-midi. J’ai aimé ressentir l’ambiance de cette ville piétonne. Les couleurs des briques, rougeâtres, sont différentes de celle de Rennes où j’habite…

Quel est la scène qui vous a le plus touché dans ce récit ?

La scène de la boule de neige. Je l’attendais avec impatience. C’est celle où il se passe pas mal de chose entre les personnages.

Le dessin de couverture vous est-il venu naturellement ? On sent une certaine inquiétude, et surtout une distance entre le père et l’enfant.

Je voulais plutôt représenter leur rencontre fortuite. En discutant avec le graphiste des éditions Dupuis et notre éditeur, nous avons eu l’idée de faire passer quelque chose à travers le moment où se crée le contact entre les deux personnes, à travers leur regard. Ils se touchent, mais conservent une distance entre eux. En regardant la couverture, on se demande ce qu’ils sont l’un pour l’autre…

Quel sera votre prochain projet ?

Didier Alcante a tenu à m’écrire une nouvelle histoire. Je l’ai reçue alors que je terminais les dernières planches de Quelques jours ensemble. Il s’agit à nouveau d’un très beau récit que je vais avoir du plaisir à dessiner. Ce nouvel album de soixante pages, destiné à la collection Aire Libre, devrait s’intituler Clair-Obscur. Une jeune touriste américaine s’offre un voyage guidé (seule avec un guide) dans la superbe région de l’Atacama au nord du Chili. Ils ignorent tout chacun l’un de l’autre, mais ils sont à un tournant de leur vie. Et les quelques jours qu’ils vont passer ensemble vont modifier leur façon de voir ! Paysages somptueux, lourds secrets, personnages écorchés... et espoir sont au rendez-vous .

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Lire la chronique de Quelques Jours Ensemble

Lire une interview d’Alcante : "Van Hamme est pour moi le Ronaldinho du scénario" (Août 2008)

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Illustration : (c) Montgermont, Alcante et Dupuis
Photo (c) Nicolas Anspach

 
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