De nos jours, aux États-Unis, lors des obsèques de son parrain, Nicolas Lash rencontre une mystérieuse jeune femme qui se fait appeler Jo. Intrigué par ses propos, surtout subjugué par sa beauté, il se laisse séduire. Or bien des hommes sont déjà tombés dans ses filets...
Il ignore encore que celle qui le fascine tant traverse les années sans vieillir, cherchant à échapper à un monstrueux démon immortel. Mais Nicolas va bientôt apprendre les détails de cette sordide affaire en mettant la main sur un vieux manuscrit inédit de son parrain, qui le plonge des années en arrière, aux sources d’un affreux tourment.
Sélectionné au dernier festival d’Angoulême, ce polar sombre tient toutes ses promesses. Tout d’abord par la qualité de sa construction, car il nous immerge toujours plus loin dans une atmosphère glauque. L’intrigue débute donc rapidement par une course-poursuite actuelle, avant que le narrateur ne tombe sur un roman inédit qui nous entraîne dans les sombres secrets enfouis par son auteur. Avec cette immersion dans le milieu policier corrompu des années 1950, le fantastique se mêle graduellement au polar, avant qu’une sauce lovecraftienne ne vienne relever l’ensemble. La construction de Brubaker est imparable, et si on se rappelle qu’il avait déjà reçu en 2007 un Eisner Award pour Criminal en 2007, et il fut honoré d’un autre Eisner pour la même série en 2012 !
Quant au dessin Sean Phillips, il réserve également sa part de mystère, voire de frayeur, avec ces aplats de noirs et cette omniprésence des ombres qui livrent des situations qu’on saisit d’un coup d’oeil. Chaque case semble spécialement étudiée pour cacher une vérité, et d’énigme en mensonge, le lecteur est habilement amené à pénétrer au cœur de cette intrigue envoûtante.
Avec plus de cent-vingt pages, ce premier tome dévoile habilement une part des secrets de Fatale, de quoi assurer au lecteur un bel échantillon de ce qui l’attendra dans les prochains tomes. Pour les amateurs de polar en mal de surprises !
(par Charles-Louis Detournay)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.