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Fate/ - Le Roi Arthur remis au goût du jour

Par Guillaume Boutet le 16 mars 2014                      Lien  
L'adaptation manga de "Fate/Zero", la préquelle de "Fate/stay night", l'œuvre culte du studio TYPE-MOON, débarque dans nos contrées, éditée chez Ototo. Elle se déroule 10 ans avant l'histoire de "Fate/stay night" et comme les choses sont bien faites, cette année, la série fête ses 10 ans : l'occasion idéale de présenter une franchise-phare de la culture otaku contemporaine.

Fate/stay night [1] est un Visual Novel, un genre de jeu vidéo, assez populaire au Japon, qui s’apparente à un livre multimédia numérique interactif : il s’agit de lire un texte s’affichant sur des illustrations plus ou moins animées, accompagnées de musique. La plupart des Visual Novels offrent des choix au lecteur qui aboutissent soit à un Game Over, soit à des finales différentes. Il existe ainsi généralement plusieurs parcours possibles pour finir un Visual Novel. À cela s’ajoute la notion de route : un parcours de l’histoire centré sur un personnage particulier. Par exemple Fate/stay night est constitué de trois routes, centrées chacune sur les héroïnes de l’histoire : Saber, Tohsaka Rin et Matou Sakura.

Un Visual Novel phénomène

Sorti en 2004 lors du Comiket -la plus grande convention japonaise destinée essentiellement aux amateurs- Fate/stay night a été écrit par Nasu Kinoko et illustré par Takeuchi Takashi, les membres fondateurs du studio TYPE-MOON, un cercle amateur devenu professionnel à cette occasion. L’important succès de leur précédent Visual Novel, Tsukihime, les incita à se surpasser et le résultat alla au-delà de toutes leurs espérances : 146 686 exemplaires vendus au cours de l’année 2004, auxquels on peut rajouter les 28 557 de l’année suivante. Ces ventes font aujourd’hui encore de Fate/stay night l’un des Visual Novels les plus vendus à ce jour. En effet, d’ordinaire, le cap d’une dizaine de milliers d’exemplaires vendus constitue, pour un Visual Novel, une sorte de réussite.

Fate/ - Le Roi Arthur remis au goût du jour
Fate/stay night : couverture de la première édition et capture d’écran du Visual Novel
© TYPE-MOON

À partir de cette date, TYPE-MOON devient un éditeur culte et incontournable de la sphère otaku. Le studio développe quatre séries principales : Tsukihime, Fate/, Kara no Kyoukai et Mahoutsukai no Yoru, parmi lesquelles Fate/ demeure l’œuvre la plus populaire et la plus déclinée en spin-offs, canoniques ou non.

Fate/stay night a ainsi été adapté en animé et en manga (publié en France chez Pika). Sa séquelle officielle, Fate/hollow ataraxia, un Visual Novel sorti en 2005, vient de connaître une adaptation en manga : le tome 1 est sorti en février dernier au Japon. Quant à Fate/Zero, sa préquelle officielle, il s’agit d’un Light Novel (un type de roman japonais illustré et relativement court et simple dans sa narration) publié entre 2006 et 2007 qui a déjà connu deux adaptations : une en animé et une autre en manga.

Es-tu mon maître ?

Fate/ a pour égérie le personnage de Saber : une jeune fille aux cheveux blonds, habillée en chevalier et qui n’est autre que... le Roi Arthur ! Entre mythe et réalité, les auteurs s’amusent souvent à balader le lecteur à ces deux extrêmes, c’est encore le cas pour Fate/. L’histoire se passe dans un monde commun à toutes les œuvres de Nasu Kinoko, où existent mages et créatures fantastiques.

L’intrigue de Fate/ repose sur un rituel magique nommé la « Guerre du Saint Graal », au cours duquel sept personnes, qualifiées de « Masters », s’entretuent par l’intermédiaire de serviteurs invoqués, les « Servants ». Le Master et le Servant survivants de la guerre auront le privilège d’invoquer le Saint Graal qui a le pouvoir de réaliser n’importe quel souhait, même le plus inimaginable.

Liés à leurs invocateurs, les Servants sont des figures héroïques –comme Hercule, Alexandre le Grand ou Gilgamesh– convoquées à travers un système de sept classes distinctes : « Saber », « Lancer », « Archer », « Rider », « Berserker », « Assassin » et « Caster ». Chaque Servant cache sa réelle identité pour éviter que ses adversaires n’exploitent les points faibles et les points forts que sa légende est susceptible de révéler.

Fate/stay night conte la cinquième et dernière Guerre du Saint Graal. Son héros, Emiya Shirou, un lycéen choisi pour y participer, invoque le Roi Arthur en tant que Saber. On apprend au cours du récit que son père adoptif, décédé quelques années plus tôt, participa à la précédente Guerre du Saint Graal et avait lui aussi invoqué le seigneur breton.

Saber trônant au centre du carnage de la bataille de Camlann
© Nitroplus / TYPE-MOON / ufotable

Fate/ met en scène des figures héroïques et légendaires dans une lutte mortelle pour obtenir la possibilité de réaliser leur vœu le plus cher. L’héroïsme et les idéaux constituent donc naturellement les thèmes principaux de l’œuvre. Qu’est-ce qu’un héros ? Peut-on rester fidèle à ses idéaux quelles que soient les circonstances ?

Shirou rêve de devenir un héros de justice, de manière un peu naïve, tandis que Saber est elle aussi habitée par de grands idéaux et un sens aigu du devoir et du sacrifice digne du Roi des Chevaliers. Ils seront confrontés à des adversaires tout aussi légendaires, dont le destin souvent tragique, les a laissé amers et désabusés, lorsque ce n’est pas brisés.

Des héros au bout du rouleau

Fate/Zero conte la quatrième Guerre du Saint Graal. Au contraire de Fate/stay night qui proposait des protagonistes adolescents, les personnages sont ici des adultes, ayant déjà pas mal vécu, parfois mariés et avec des enfants (futurs héros de Fate/stay night). Cette différence confère au récit un angle et un ton d’emblée plus sombre et désenchanté, avec des protagonistes pour qui tuer va de soi. Certains d’entre eux sont venus avec des stratégies parfaitement élaborées. L’aspect préquelle implique une issue tragique inévitable : presque personne ne sortira vivant de cette quatrième Guerre du Saint Graal !

La tension narrative est en partie fondée sur la rivalité entre deux Masters particuliers. D’une part Emiya Kiritsugu, un tueur de mages renommé, accompagné de sa femme Irisviel von Einzbern, homoncule de son état, et c’est ensemble qu’ils ont invoqué Saber. D’autre part, Kotomine Kirei, un exécuteur de l’Église incapable d’émotion, qui ne croit en rien et ne connaît ni la haine ni l’amour.

Dans le manga dont Ototo vient d’éditer le premier tome, un trait fin et précis rend la narration claire sans que l’auteur ne rechigne pour autant sur le dynamisme. Les grandes cases font leur effet, avec des visages globalement expressifs, même si leur dessin n’apparaît pas toujours très stable d’une page à l’autre –mais c’est le premier tome et l’auteur n’a pas encore manifestement pris ses marques.

Fate/Zero T1 - Par Gen Urobuchi / TYPE-MOON / Shinjirô - Ototo

Le récit se donne le temps d’installer le contexte et les personnages, fournissant beaucoup d’explications afin de palier la relative complexité de l’univers. Il y a un petit côté jeu de rôle dans sa conception qui plaira certainement aux amateurs du genre. Ce tome d’introduction se termine néanmoins sur le début du premier des grands duels attendus : Saber contre Lancer !

Fate/Zero peut se lire sans connaître Fate/stay night dans la mesure où les enjeux et les personnages demeurent relativement propres à l’œuvre. C’est d’ailleurs l’idée narrative qui domine derrière la Guerre du Saint Graal : celle-ci peut se décliner facilement en de nombreux récits autonomes. Les amateurs de manga -ou les simples curieux désirant découvrir une œuvre emblématique de la culture otaku- devraient trouver leur compte dans ce récit alliant efficacement figures héroïques connues, confrontation entre idéaux et pragmatisme, et un aspect Battle Royale qui doit voir un unique duo de Master et Servant survivre !

(par Guillaume Boutet)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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[1Dans cet article les règles de typographie française et anglaise n’ont pas été appliquées : la graphie originale du nom du studio et de ses titres a été conservée, car il s’agit de celle établie par leurs auteurs.
Lorsque les Japonais ont recours à l’écriture latine, ils accordent une importance toute particulière à la forme des lettres. Le choix des majuscules et des minuscules répond ainsi a une intention. Ces mots écrits en caractères latins constituent des représentations inaltérables, à l’image des kanji en quelque sorte. Dans le souci du respect de la forme voulue par leur auteur, l’usage japonais implique donc qu’ils soient repris à l’identique. C’est la raison pour laquelle la graphie originale du nom du studio et des titres écrits en lettres latines n’a pas été accordée selon les règles d’usage en français ou en anglais.

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