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Festival animé à Annecy 2012 !

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 7 juin 2012                      Lien  
C'est la 36e édition du Festival International du film d'animation à Annecy, un haut lieu de rencontre du dessin animé international. La bande dessinée franco-belge y est-elle encore présente? La réponse est oui. Enquête.

Le cru 2012 du Festival International du film d’animation à Annecy offre une place privilégiée aux créateurs de BD puisque, dans la compétition officielle, nous trouvons Couleur de peau : Miel de Laurent Boileau & Jung, adapté d’une BD, Zarafa de Jean-Christophe Lié & Rémi Besançon [1], produit par Prima Linéa, un studio d’Angoulême très connecté avec la BD [2], Nini Patalo de Boris Guilloteau, tirée d’une BD de Lisa Mandel, Blue Exorcist de Kazue Kato (Ed. Kazé) adapté par Tensaï Okamura, Deux Îles, un court d’Éric Lambé... Sans parler des projets dont la sortie est proche comme Aya de Youpougon d’après la BD de Abouet & Oubrerie, Ma Maman est en Amérique d’Émile Bravo & Jean Regnaud... On remarque aussi la très forte présence d’Ankama avec ses univers Dofus et Wakfu, en attendant les autres qui se préparent...

Festival animé à Annecy 2012 !
Laurent Boileau et Jung, réalisateurs de "couleur de peau : Miel" encadrent leur producteur, Thomas Schmitt de Mosaïques Films

Il semble bien que face à une "pixarisation" des styles liés à la technique de la 3D, la bande dessinée offre des alternatives esthétiques intéressantes, même si les liens entre la BD et le cinéma d’animation ont été de tous temps très forts (voir notre interview de Serge Bromberg, le directeur artistique du Festival).

Mais le scénario y est aussi pour quelque chose souligne Léon Perahia, directeur du département audiovisuel de Dupuis : "Le temps n’y fait rien : une bonne bande dessinée, bien adaptée, pour autant qu’elle ait le contenu requis peut faire un très bon dessin animé." Mais il corrige aussitôt : " Je parle pour l’essentiel des produits destinés aux enfants et à la famille " car évidemment les acheteurs de dessins animés sont le plus souvent des chaînes de TV.

Mais le secteur est-il aussi attractif qu’avant car, avec le temps, les licences connues et reconnues (Tintin, Spirou, Les schtroumpfs, Lucky Luke...) sont déjà adaptées. C’était même, au début, c’était un filon. Mais aujourd’hui, la relève est-elle là, les créations d’aujourd’hui sont-elles aussi attractives que naguère ? Cher certains éditeurs qui ont beaucoup labouré le secteur, la question se pose.

Jean-Christophe Lie et Rémi Besançon, les heureux réalisateurs de Zarafa qui a rassemblé plus de 1,4 million de spectateurs en salle en France. Rémi vient de publier son premier scénario de BD, Malicorne, chez 12bis.

"Cela dépend sous quel angle on se place, objecte Perahia. Si l’on parle de contenu, de qualité, il y a de très belles nouveautés qui peuvent produire de beaux dessins animés. Récemment, nous avons développé Petit Poilu qui n’a pas une notoriété énorme mais qui a un potentiel absolument fabuleux et tous les ingrédients pour faire un dessin animé, voire plus avec une approche transmédia.

L’attractivité repose surtout sur la stratégie de nos partenaires, les chaînes de télé, analyse le producteur de Largo Winch. Elle est extrêmement dépendante de la notoriété. Et, sur ce point, c’est vrai, nous avons fait à peu près le tour des notoriétés qui s’imposaient auprès des chaînes. Le dernier en date est Le Petit Spirou, 78 épisodes de 7 minutes pour M6/RTBF. Là, le succès de la BD a été un élément qui a rassuré. Un succès en BD détient souvent des ingrédients qui plaisent aux enfants. "

Le problème ne vient pas de l’offre elle-même mais du changement de donne depuis l’arrivée de l’Internet : "Il est difficile de produire un dessin animé sans un partenaire TV important, explique Perahia, et aujourd’hui, c’est devenu bien plus compliqué. Ce n’est pas inhérent à l’assèchement de la source, mais plutôt à celle des sources de financement, aux capacités à investir de nos partenaires, au nombre de projets entrepris par les chaînes, au temps qu’elles mettent à se décider... C’est dur, mais BD et dessin animé sont toujours en lune de miel car les chaînes, toujours hésitantes, ont plutôt tendance à aller vers une BD dont le succès les rassure. Un projet présenté à une chaîne accompagné d’un succès de l’œuvre d’origine peut emporter plus facilement l’adhésion qu’un projet totalement neuf."

Tot, le scénariste de Dofus et fondateur d’Ankama est sur de nouveaux projets. "Une tuerie", nous promet-on.

En dépit de ces incertitudes, Annecy reste un rendez-vous incontournable, comme le confirme Léon Perahia : "C’est le marché du film de l’animation, comme Cannes est celui du cinéma ! Tous les acteurs de l’animation dans le monde sont présents. Il suffit de se balader dans le MIFA : on y voit des Chinois, des Indiens, des Japonais, des Coréens... Le contexte sympathique et décontracté des réunions joue beaucoup."

On saura samedi soir qui d’entre les films sélectionnés recevront un prix. Couleur de peau : Miel et Zarafa ont toutes leurs chances.

Tensaï Okamura, réalisateur de l’adaptation du manga "Blue Exorcist" de Kazue Kato (Ed. Kazé)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Festival d’Annecy 2012, jusqu’au 9 juin 2012.
Le site Internet du Festival

Phtoos : D. Pasamonik (L’Agence BD)

[1Scénariste, avec Jérôme Le Gris, de Malicorne T1, avec Thimotée Montaigne au dessin, chez 12 bis.

[2On leur doit notamment "Peur[s] du noir.

 
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