Aux pinceaux, Jab Jab Whamo, un vieux complice de l’Institut Saint-Luc (l’équivalent belge de l’école d’Angoulême), illustre à trait vif l’univers du scénariste. On retrouve certaines caractéristiques du trait de Buchet, en particulier cette influence du manga qui a fait le succès de Sillage. Au final, c’est un album ultra-rythmé, drôle, et touffu que l’on prend en mains.
Côté histoire, Morvan convoque deux génies (Mattéo, le parisien et Arkady l’israélien) de l’informatique. Ils sont les dieux et les héros d’un monde virtuel ultra-réaliste qu’ils ont développé. Une jeune révolutionnaire indienne y fait son apparition. Sans peur et sans reproche, ils protègent la hacker d’un vilain barbare qui la traque pour le compte d’une société internationale. Mais le Faux n’est pas tout ! Chaque personnage est aussi confronté à sa réalité. De l’interpénétration des deux univers découle une intrigue complexe et des personnages peut-être moins caricaturaux qu’ils n’en ont l’air.
Certes ni le scénario, ni le dessin (le découpage est clairement estampillé J.D. Morvan) ne sont foncièrement originaux, mais on passe un bon moment à lire cet album. Quelques éléments sont même à relever, telle la figure de Mattéo dragueur invétéré et irresponsable qui en devient finalement plus antipathique qu’héroïque. Conception se lit comme on regarde un bon film d’action. On se laisse porter par les personnages et on apprécie les rebondissements, puis on découvre qu’il y a peut-être quelques réflexions à en tirer.
(par Martin Grillard)
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