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Florence Magnin : "La mise en couleur m’est naturelle"

Par Nicolas Anspach le 1er octobre 2008                      Lien  
La Maison de la Bande Dessinée expose actuellement {{Florence Magnin}}. Illustratrice de nombreuses couvertures de romans de féérie et de fantaisie, elle se lance tardivement, à quarante ans, dans la bande dessinée en signant avec {{Rodolphe}}, {L’Autre Monde} et {Mary La Noire}, puis, en solo les cinq albums de l’{[Héritage d’Émilie->3981]}.

Le travail de Florence Magnin se caractérise par une mise en couleur délicate jouant sur une palette chromatique chaleureuse et lumineuse. Dans ses décors fins et précis, l’auteur s’amuse régulièrement à partager son talent de peintre-miniaturiste en y incorporant des éléments microscopiques. Obligeant ainsi le lecteur à s’attarder sur chacune des cases pour les y dénicher. La précision et la profondeur de ses décors sont telles que l’on a presque l’impression de se plonger dans un univers en trois dimensions à chacune des pages de ses albums.
L’auteur vient de conclure L’Héritage d’Émilie, une histoire dont elle assume le dessin et la narration. Elle jongle avec les ambiances de féérie, de fantastique et de science-fiction.
Dans les années ’20, Émilie, une jeune Parisienne, hérite d’un château situé dans la région irlandaise du Connemara. Construit dans les landes, il dissimule un tombeau secrètement enfoui qui abritait la dépouille d’une femme dont John Hatcliff, l’ancêtre d’Émilie, déroba les parures et objets précieux avant de voir la tombe engloutie par des eaux, semble-t-il commandées par une force maléfique.

Nous avons rencontré Florence Magnin lors de son passage à Bruxelles.


Quelques années séparent Mary La Noire, que vous avez réalisé avec Rodolphe, et L’Héritage d’Émilie. Pourquoi ?

Écrire un scénario n’est pas un exercice évident ! Après avoir terminé Mary La Noire, j’ai beaucoup travaillé dans le domaine de l’illustration. En parallèle, j’ai rédigé différents synopsis. Mais je n’en étais pas satisfaite. Puis, en 2000, j’ai proposé l’histoire à Guy Vidal, qui était responsable éditorial aux éditions Dargaud.

Dans vos deux premières histoires, L’Autre Monde et Mary La Noire, vous vous révéliez être une miniaturiste remarquable. Vos planches fourmillaient de détails. Aujourd’hui, vous allez plus à l’essentiel, tout en conservant le charme de votre dessin…

Oui. C’était une volonté de ma part de me rapprocher de la manière de travailler de beaucoup d’auteurs qui privilégient le trait. Je suis passée à l’encrage. Une technique que je n’utilisais pas précédemment. Dans le premier tome, j’encrais d’une manière relativement timide, et j’utilisais des encres et des aquarelles pour mettre en couleurs les planches. Je rehaussais mes planches au crayon pour les ombres. Le trait noir, encré a gagné en force dans les albums suivants.
Je voulais aussi que mes personnages soient plus expressifs tant au point de vue des visages que du mouvement. Les techniques que j’utilisais auparavant ne se prêtaient pas à cela …

Qu’en est-il de la construction de l’histoire ?

Elle était prévue en trois albums. Certains personnages ont pris de l’importance au fur et à mesure de mon avancement. L’histoire s’est considérablement enrichie et j’ai finalement opté pour un cycle de cinq albums. Heureusement, mon éditeur, Dargaud, m’a suivie.

Florence Magnin : "La mise en couleur m'est naturelle"
L’affiche de l’exposition qui a lieu à Bruxelles !

Pourquoi avoir placé votre récit dans les années ’20.

Je n’aurais pas pu dessiner l’époque actuelle. En fait, cette période était celle que je me sentais la plus capable de dessiner dans la "modernité". Cette époque a beaucoup de charme. J’ai été également influencée par le physique d’Émilie qui m’est venu naturellement. Mes recherches représentaient une femme portant une coiffure à la Louise Brooks.
Les années 20 me permettaient également d’inclure une certaine légèreté dans mon récit. De toute manière, il n’y avait pas énormément de pages qui se déroulaient durant cette période. Dès qu’Émilie arrive en Irlande, elle se retrouve dans un monde décalé …

D’où vous vient votre attachement pour le fantastique et la science-fiction…

C’est une fuite de la réalité, de l’univers contemporain. Depuis que j’ai commencé à dessiner, j’ai toujours été attachée à des récits fantastiques ou féériques. Je me sens bien dans ce type de récit. Ceci dit, dans L’Héritage d’Émilie, il n’y a pas beaucoup de science fiction. J’y montre plutôt un univers légèrement futuriste et décalé.

Vous accordez beaucoup d’importance aux couleurs …

Effectivement. Cette étape me procure beaucoup de plaisir. J’aime le dessin et j’ai appris à apprécier l’encrage avec Émilie. Mais c’est lors de la mise en couleur d’un dessin que je suis la plus heureuse. C’est une libération ! La pose des couleurs m’est naturelle et ne me demande aucun effort. Ma gamme de couleur tourne autour des différentes tonalités du bleu et du vert, parfois du rouge.

Pourquoi avez-vous situé ce récit en Irlande, dans le Connemara ?

Je suis passionnée de musique celtique, et irlandaise. J’apprécie ce pays depuis de nombreuses années. Et puis les récits de fééries sont souvent associés à l’Irlande. Cela dit, L’Héritage d’Émilie ne se passe pas entièrement dans ce pays. L’histoire a lieu dans une bulle temporelle décalée n’obligeant pas de rendre une image exacte de ce pays…

Extrait de l’Héritage d’Emilie
(c) Magnin et Dargaud.

On vous présente souvent comme l’une des illustratrices importantes du récit de fantaisie.

Je ne suis absolument pas consciente de cela ! Il est vrai que j’ai illustré l’univers d’Ambre de l’écrivain Roger Zelazny. Une œuvre de qualité. Les éditions Denoël ont réalisé un gros effort promotionnel pour accompagner la publication de ces livres. Si bien, que Ambre est devenu un ouvrage de référence. Je suis l’un des éléments de cet ensemble. À côté de cela, j’ai illustré deux cents couvertures de livres.

Quels sont vos projets ?

Je travaille sur un livre d’illustrations féériques et mythologiques. J’en assume le texte et le dessin. J’ai envie de réaliser une pause avant de dessiner à nouveau une bande dessinée. J’ai consacré huit années à réaliser l’Héritage d’Emilie. J’espère revenir à la bande dessinée par après …

(par Nicolas Anspach)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Exposition du 16 septembre 2008 au 11 janvier 2009,

à la Maison de la Bande Dessinée
Bd de l’impératrice 1
1000 Bruxelles
02/502.94.68
www.jije.org

du mardi au dimanche de 10h à 18h30


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Photos (c) Nicolas Anspach

 
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