Depuis plus de dix ans, Dupuis nous agraine des maintenant fameux « Le Spirou de... ». Chaque année, un ou deux auteurs proposent leur propre version du personnage, l’amenant dans des contrées inexplorées. Les différentes interprétations ont déjà accouché de très belles surprises (en témoigne le magnifique Spirou d’Emile Bravo) et ce Spirou dans l’espace concocté par Denis-Pierre Filippi, Fabrice Leabeault et Greg Lofé nous intriguait au plus haut point.
Le pitch a tout des vieux pulps de science-fiction au charme indéniable mais aussi au simplisme un peu pénible : l’agent Spirou est un employé d’une grande administration de surveillance biogénétique. Son travail est aliénant mais en parallèle il souhaite élucider les agissements d’une grande institution qui agit dans l’ombre : la Fondation Z. Sur son chemin, il va croiser Seccotine, en rébellion face au Système et Fantasio, un agent qui va les aider à tirer au clair ce que trame la Fondation Z.
La grande société très très méchante qui contrôle tout, les robots tueurs, les références aux grandes œuvres de science-fiction, la rébellion toute gentille pour le bien-être de la vérité, l’histoire qui part dans tous les sens : il n’y a pas de doute, Fondation Z est bien un récit de science-fiction qui grappille des idées par-ci par-là, récupère des éléments de la mythologie Spirou et propose une histoire qui se lit sans problème mais ne dépassera certainement pas l’essai qu’il est, à savoir un hommage à Spirou dans un monde de science-fiction.
C’est certainement le grand reproche que nous pourrons faire à Fondation Z. A force de récupérer des éléments des différentes œuvres de science-fiction, on se retrouve confronté à un melting-pot comestible mais sans véritable saveur. Le charme de l’univers Spirou ne prend pas, la relation entre les différents protagonistes est aux abonnés absents et seule la dernière partie arrive à nous esquisser un sourire en nous évoquant ce qu’est Spirou, même si le procédé est là aussi familier à tout amateur de science-fiction.
L’histoire, guère passionnante, a le mérite d’être mise en valeur par des couleurs punchy qui siéent à l’hommage SF voulu par les auteurs. Comme tout récit de science-fiction qui se respecte, un travail sur la faune, la flore et l’ environnement est à noter. Le plaisir visuel est bien présent sur certaines cases qui s’enchaînent parfois avec délice.
Fondation Z n’est certainement pas un Spirou honteux mais force est de constater qu’à force de vouloir récupérer des idées maintes fois éculées en science-fiction, Lebeault et Filippi se sont peut-être pris les pieds dans le tapis en recyclant aussi des tics parfois pénibles. Un essai qui avait tout pour nous émerveiller sur le papier et qui malheureusement restera une déception.
(par Clément DUVAL)
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