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François Pincemi : « vous pourriez éviter de vous gausser. »

Par Xavier Mouton-Dubosc le 1er avril 2009                      Lien  
Depuis de longs mois, un de nos lecteurs, M. François Pincemi, s'est fait connaître dans nos forums, suscitant à chacune de ses interventions de nombreux commentaires. Rencontre.

Monsieur François Pincemi, pourriez-vous présenter pour nos lecteurs occasionnels ?

Actuellement jeune retraité, je dispose d’un peu de temps, ce qui me permet de poster des messages

Avant de parler du commentateur régulier d’ActuaBD, parlons de vous en tant que lecteur de BD. Combien lisez-vous d’albums dans la foison actuelle de publications ?

Que beaucoup de livres sortent, c’est indéniable ! Mais il serait intéressant de savoir combien se vendent effectivement. Une fois tout réglé (taxes et impots divers sans oublier le denier du culte sans les deux dernières lettres, bien sur !!°), il me reste à peine de quoi m’offrir quelques BD, ce qui explique la sélectivité extrême de mes choix. Bah, les bonnes BD que j’ai accumulées dans mon grenier-bibliothèque (Franquin, Goscinny, Tillieux, Peyo, Van Hamme, Charlier et Giraud, sans oublier d’autres moins réputés) se lisent et se relisent toujours avec le même plaisir. Voila un conseil d’ami qui fera économiser beaucoup aux fidèles d’actua-BD. Soit ça tient la route, soit c’est à jeter 

On remarque à la lecture des commentaires que vous défendez une bande dessinée de tradition par rapport aux nouveautés. D’ailleurs, vous n’aimez pas forcément les meilleures ventes et souvent vous brocardez les guides de lectures édités par les professionnels.

[Ces guides reflètent-ils les] préférences des libraires de la Fnac (partenaire officiel d’Angoulême, s’il faut le rappeler) ou [leur] meilleur dans le classement des ventes, et donc dans le décision d’achat du public réel ? Telle est la question que j’ose, courtoisement, vous poser.

Les spécialistes de l’Internet consulté à votre sujet vous qualifient de Trollus pedantus à poils épars.

Voila ce que c’est, la rançon du succès ! Heureusement que j’avais posé ma question de façon courtoise et sans agressivité, sinon je m’en serai pris plein la figure !!! Je peux vous assurer que je ne suis jamais tombé d’un bateau, ni même à côté de la plaque !

Néanmoins, il est arrivé moult fois que vos commentaires à propos de livres se basent uniquement sur la chronique d’ActuaBD, et que vous n’avez même pas lu par vous-même l’ouvrage avant d’en faire des remarques.

effectivement Monsieur Mouton-Dubosc, j’ai posté mon petit commentaire suite à la seule lecture de l’article (intéressant au demeurant) d’actua-BD. Est ce interdit ?

Non, non, bien sûr que non. Mais pourquoi descendre ce que l’on a pas lu ?

Avant d’ouvrir ce livre, il me faudrait déjà le trouver. Merci de m’indiquer une adresse où je puisse le consulter dans les Ardennes, à défaut à Paris ou à Liège où je me rends une fois par mois. Je remarque que très souvent, des articles sont mis en ligne sur actuaBD bien avant la mise en place des livres chez les libraires, ce qui peut être gênant

Vous racontez avoir fréquenté et très bien connu de nombreux auteurs, mais on remarque parfois des incohérences quant aux évènements cités.

Vous faites allusion à des évènements que je ne connais pas (je ne suis pas parisien, je ne monte à la capitale que pour les grandes occasions). Je tenais à apporter ce témoignage personnel. Mon regard velouté en biais (assorti d’une exhalaison de volutes argentées, du temps où c’était politiquement toléré de fumer) m’a permis de faire des ravages en ces temps passés.
Je pourrais à la limite rédiger un article pour Le Collectionneur de BD sur un aspect injustement méconnu de la BD, mais cette excellente revue vient de se saborder. Il reste bien l’excellent Papiers Nickelés de Yves Frémion, mais ce journal ne publie que de courts articles : je n’aurais donc pas la place d’exposer mes arguments Cette discussion me donne envie de les ressortir, je pourrai citer les différents auteurs

Puisque justement nous parlons de citations, vous citez assidûment la Wikipedia, savez-vous que vous allez y entrer ? Un étudiant de l’Université de Lettres de Marseille prépare une thèse sur vos écrits et a commencé à rassembler l’ensemble de vos textes disponibles sur internet pour un “Que sais-je”.

J’ignorais totalement l’existence de ce projet monumental. Voila un livre qui semble tout à fait intéressant. J’apprécie les hommages aux grands auteurs du passé. Toutefois je ne voudrais pas paraitre pédant, il semble avoir une approche conceptuelle intéressante et efficace, bien plus en tout cas que bien des recherches (à défaut de trouver, on peut s’amuser à chercher.) intéllo-artistico-hermético-BD d’auteurs moins doués (quoique bien plus âgés dans bien des cas, hélas !! ). Pour Wikipedia, ce site recense de nombreuses personnalités artistiques, économiques, politiques, etc. J’ai exercé pendant prés de quarante ans une profession juridique très prenante, donc je ne vois pas trop ce que j’irai y faire. Je pourrais à la limite rédiger moi-même une notice, mais je ne cherche aucunement à me faire mousser. Par rapport à la BD, je ne suis qu’un grand lecteur et collectionneur, cela depuis près de cinquante ans (j’ai été effectivement le témoin de l’émergence de ce genre en France), comme tant de millions d’autres sur des périodes plus courtes.
Merci donc d’avoir attiré notre attention sur ce livre. Ceci dit, quand je suis allé le chercher à ma librairie, il n’était pas encore arrivé. Quand sera t-il mis en place ? Merci par avance.

Quelle est votre analyse du marché, justement ? Quand un livre est un succès et quand en a-t-il trop ?

Personnellement, je trouve qu’un livre qui se vend à moins de deux mille exemplaires ne rencontre pas son public. Ce qui est normal s’il témoigne de soucis personnels egocentrés ou la haine de la société en général. D’autres formes sont mieux adaptées : la photocopie ou la mise en ligne sur le web. Entre 5 000 et 50 000 exemplaires, nous avons pas mal de livres qui sans être d’hénaurmes (arf !°) succès commerciaux justifient leur impression et le travail demandé à toute la chaine de la distribution/diffusion (du chauffeur/livreur à l’étiquetteur en librairie). A partir de 50 000 exemplaires, on a une réussite incontestable , de quoi susciter la jalousie de bien des aigris, amers et teigneux. Un peu comme au cinéma, où si une nouvelle actrice apparait, c’est qu’elle a forcément couché avec le vilain producteur. Ce qui conduit à s’interroger sur le rôle d’un directeur de collection ou éditeur. Il a en général la capacité de communiquer ses impressions à l’auteur bien avant que le travail ne soit terminé. "Tiens en ce moment ce style se vend bien, c’est tendance, les Inrocks adorent, le dernier bouquin de cet auteur a cartonné à prés de 50 000 exemplaires, tu devrais t’y mettre".

Euh... n’est-ce pas contradictoire ?

Apparemment vous vous croyez très maligne en faisant des copiés-collés d’autres posts. vous pourriez éviter de vous gausser. Je me suis contenté de dire que l’auteur avait "une approche conceptuelle intéressante et efficace"
On m’avait dit que le public d’actua-BD avait un bon niveau en connaissances BD, je vois qu’il faut en fait tout expliquer par le détail si l’on ne veut pas susciter de réactions offusquées.

Allons... allons... Vous comme moi, vous savez très bien que tout ceci n’est qu’une habile mise en scène évènementielle

Qu’il s’agissait d’une mise en scène ? Le risque afférent à ce genre d’admiration artistique est la lassitude du public. Mais pour info, le Pincemi que vous évoquez n’est que le personnage imaginaire d’une énigme élémentaire ; en fait, le Couillon (votre nom de famille peut-être ? Même initiale ?), c’est celui qui répond Pincemoi puisqu’il se fait pincer.

Restons courtois. Je ne fais, par mes questions, que tenter de cerner votre personnalité. Ce serait dommage de se fâcher pour si peu et de canarder sur tout ce qui bouge.

Il y a du vrai dans ce que vous dites ! Moi-même, avec deux femmes divorcées, et plusieurs enfants, je n’arrête pas d’arroser !!

Vous avez une passion pour Agrippine. Pouvez-vous nous parler de votre personnage préférée ?

Voyons voir, vous me reprochez d’etre attiré par un genre précis de femmes depuis quarante ans. Je préfère le whisky au Canada Dry, une jolie femme non refaite à un être ambigu à géométrie variable. Elle me fait penser à Danielle Mitterrand, du temps de sa jeunesse (et de sa beauté). Je dois reconnaitre qu’il m’ est arrivé d’arpenter les travées des festivals, conventions, marchés de la BD, vêtu comme son personnage fétiche.

Il y a quand même une sacrée différence d’âge. Le fantasme de la fille de papier ?

Je ne comprends pas votre ton que je trouve désagréable de façon gratuite. Pas de quoi me traiter de vieux phallocrate pervers, la prochaine fois de vous exciter toute seule, aller réviser votre histoire de la BD franco-belge, ou aller tester les toys en forme de canard (pas Donald Duck) dont on parle beaucoup ces temps-çi, cela sera certainement plus agréable. je sais qu’elle est bien vivante, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit.

Vous être très attaché de manière générale à l’œuvre de Brétecher dont vous êtes intime depuis ses tout-débuts.

En effet, avant de travailler pour la grande presse, il [se] lança une sorte de zine (journal d’amateurs, le plus souvent en photocopie ; il semble que le web ait pris le relais, même si la qualité n’est pas toujours présente ! passons !) je m’étonne d’ailleurs que la plupart de ses copains n’ait pas connu la réussite ensemble. Je m’étonnais seulement que seuls deux de ses livres soient disponibles Il y a une sérieuse différence entre ce classique incontournable (De Gaulle disait de Tintin qu’il était son seul rival, une sacrée référence !), et bien des BD de type moderne en vogue chez les jeunes (mangas à la Naruto ou style Pokemon, comics de personnages déguisés affublés de sobriquets et de pouvoirs bizarres) et d’autres types de BD moderne actuellement à la mode (jusqu’à quand ?).

François Pincemi, merci de cet entretien qui, n’en doutons pas, va attirer bien des commentaires dans nos colonnes, ce qui va une fois de plus fournir beaucoup de travail à l’équipe de modération.

Ne vous inquiétez pas, cher ami ; vous êtes sans doute plus jeune que moi, vous aurez donc l’occasion d’en profiter, le moment venu. Économisez vos forces !

(par Xavier Mouton-Dubosc)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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IL N’EST PAS FRAIS, MON POISSON ?

Nous ne savons pas qui est M. Pincemi. Un lecteur respectable sans aucun doute. Mais depuis quelques mois, il s’est fait remarquer dans nos forums par ses formules à l’emporte-pièce et son point de vue original. Certains ont pu croire que c’était une invention d’ActuaBD pour animer nos forums, le "Frantico" d’ActuaBD.

Nous avons profité du 1er avril pour rassembler quelques-uns de ses posts dans une interview "à laquelle vous auriez échappé" si le poisson n’avait pas inspiré un de nos collaborateurs.

Toutes les affirmations sont authentiquement de M. Pincemi. Seules les questions ont été ajoutées par après.

Espérons que M. Pincemi ne se vexera pas du procédé, sinon nos forums risquent d’être moins drôles.

La rédaction

 
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