L’homme du jour avait son expo vers laquelle nous menait une échelle d’embarquement la logo de la compagnie d’aviation imaginaire Bardaf [1], tandis que Natacha vous accueillait à l’entrée de la carlingue.
Né en 1946, François Walthéry a 16 ans quand Peyo le remarque en 1962. Ce dernier vient de doubler sa collection Johan & Pirlouit par une autre -un spin off avant l’invention des spin-off- dédié aux Schtroumpfs. Il cherche des assistants pour composer son studio. Le jeune homme fera l’affaire.
François Walthéry n’est pas tombé chez Peyo par hasard : dans le village où il habite, Cheratte-Hauteurs, il a un voisin, le dessinateur Mittéï. Cet ancien assistant de Greg collabore au Journal Tintin où il assiste Tibet (sur Les 3 A), Paul Cuvelier (sur Line) et il succède à Attanasio sur Modeste & Pompon. Il crée aussi L’Indésirable Désiré. Sur ses conseils, Walthéry entre à Saint-Luc à Liège où il croise les dessinateurs Seron et Dany. Mittéï, pris dans les délais pour la revue Junior (supplément de l’hebdomadaire Chez Nous), embauche le jeune Walthéry pour les scénarios d’une série de gags, Pipo & Cie.
Charles Dupuis et Yvan Delporte la remarquent et appellent le jeune dessinateur à la rescousse de Peyo. Après un écolage, Walthéry travaille sur ses premiers décors. C’est Schtroumpfonie en ut en septembre 1963.
Avec Will, Walthéry travaille bientôt sur Jacky & Célestin, une série de Peyo, pour Le Soir Illustré, avant d’entreprendre, pour le même "boss", une autre série, qui paraît dans Spirou cette fois : Benoît Brisefer, dont il réalise les deux premiers épisodes avec Will au décor.
Aux studios Peyo, Walthéry rencontre Gos, excellent dessinateur de Schtroumpfs et raconteur d’histoires plutôt doué.
Entre Will, remarquable dessinateur de petites pépées, et Gos, Walthéry fait son apprentissage. Dans les périodes de chômage, il met au point sa propre bande dessinée : les aventures de l’hôtesse de l’air Natacha. Créée en 1967, Natacha ne paraîtra qu’en 1970, après un retard de trois ans que, selon la légende, Walthéry ne rattrapera jamais.
Natacha, bientôt accompagnée de Yoko Tsuno, est la première héroïne-titre à entrer dans Spirou qui ne soit pas une gamine (Sophie de Jidéhem l’avait précédée dans le genre féminin). Pour le premier album, Walthéry se fait recaler sa couverture par Dupuis qui trouve qu’elle risque "d’écarter une certaine clientèle en raison de son agressivité sexuelle". Natacha devient rapidement l’une des séries les plus appréciées du catalogue Dupuis.
Plus tard, avec l’aide de Raoul Cauvin au scénario, Walthéry met en scène son père, colombophile avéré, avec Le Vieux bleu dont la version dans le dialecte de sa région, le wallon liégeois, remporte un énorme succès.
Éditée depuis 1989 par Marsu-Productions, la série Natacha continue de plus belle alors que Walthéry affiche 50 ans de métier.
Tous ces travaux, et bien d’autres, sont exposés au Centre Belge de la BD dans une scénographie originale de Jean Serneels -le bistrot Braham à Cheratte, propriété d’un camarade de régiment de Walthéry où le dessinateur a ses habitudes de 14 à 18 heures en semaine, a été reconstitué.
Le commissariat de l’expo était assuré par le compétent Jean-Claude de la Royère.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Du 9/10/2012 au 24/02/2013
Centre Belge de la Bande Dessinée
Rue des Sables
1000 Bruxelles
Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
[1] Onomatopée wallonne simulant le crash...NDLR.
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