Son album fait appel à un classique de la mystique juive : Le Sefer-Ha Zohar ou plus simplement « Le Zohar ». Appelé aussi, dans sa traduction française, le « Livre de la splendeur », il est paru en Castille en Espagne vers 1275. Il est, nous dit Marc-Alain Ouaknin, « le seul ouvrage, dans toute la littérature rabbinique post-talmudique, à être considéré comme un texte canonique ; pendant plusieurs siècles, il eut le même rang que la Bible ou le Talmud ». C’est un roman mystique mis en forme par un kabbaliste espagnol du XIIIème siècle, Moïse de Léon. Il rapporte l’enseignement d’un « maître de la Michna » du IIème siècle : Rabbi Chimone Bar Yohaï. C’est dans ce livre que le père de Rivca, héroïne de l’album, rabbin de son état, trouve la « prophétie » des 36 justes, ces individus qui sont les piliers de l’humanité. S’il en manque un, l’équilibre du monde s’en trouve menacé. L’histoire raconte comment Omraam, qui a perdu son frère jumeau, réalise qu’il est le 36ème juste de la prophétie.
Si l’album est plaisant à lire et constitue le premier tome d’une saga très prometteuse, il pêche cependant par sa naïveté, et pas seulement graphique. Même si l’auteur paraît bien renseigné sur la mystique juive (on voit çà et là des reproductions d’arbres séphirotiques et les graphies hébraïques ont l’air correctes), on sent bien que ces éléments ne sont pas utilisés en pleine compréhension de leur portée symbolique. Pour un Juif, voir un élu enterrer son frère agenouillé sur la terre face à une tombe ornée d’une croix, ou encore recevoir comme acquis une prophétie et porter une amulette miraculeuse comme une vulgaire idole, apparaissent comme des naïvetés évidentes qui ne crédibilisent pas un récit qui aurait gagné à soigner ce genre de détail. L’accumulation de clichés, certes bien intentionnés (les héros, pourvus d’un affreux bec, sont poursuivis par des espèces de brutes habillées comme des nazis, élu messianique, etc), a au moins cet avantage : en quelques pages, la situation et les personnages sont posés. Mais, par voie de conséquence, cette première histoire reste sans surprise. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : la suite sera peut-être plus subtile que ces prémisses.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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