"Jugeons sur pièce" se disent les mécréants qui ne le connaissent pas encore ou qui, comme Saint-Thomas, doivent toucher l’étoffe pour croire ce qu’ils voient.
L’occasion nous est offerte avec la republication d’un petit chef-d’œuvre de la série Spirou, La Foire aux Gangsters, quelque peu occulté par l’épisode qui figurait, dans sa première édition, en première partie dans l’album : Le Nid des Marsupilamis.
Comme cela l’a été fait précédemment avec Spirou : Bravo les Brothers ou Le Schtroumpfissime, les éditions Dupuis en ont fait une édition commentée, augmentée des fac-similes des planches originales et d’une contextualisation historique avec des documents rares et inédits.
Et c’est en fins gourmets que José-Louis Bocquet et Serge Honorez -qui ont chacun connu Franquin- commentent une à une ces planches dans lesquelles le génie éclate avec une évidence foudroyante. Même si un Jidéhem au mieux de sa forme prête main forte au maître dans les décors et dans le dessin des automobiles, ajoutant sa touche experte à ce "rêve de designer", on peut prendre toute la mesure d’un trait juste, intelligent, mature, qui ne doit rien à personne et qui respire, à chaque instant, le bonheur de dessiner.
Dans cette réhabilitation sublime, Frédéric Jannin s’est employé à restituer les couleurs d’origine, celles que Franquin avait indiquées sur chaque planche et que les chromistes de chez Dupuis interprétaient de façon plus ou moins talentueuse. C’est donc une nouvelle œuvre qui nous es proposée ici. La hotte du Père Noël vient de s’alourdir...
Au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris : Franquin en majesté
Le même Frédéric Jannin, en compagnie d’Isabelle Franquin, la fille de l’artiste, proposent en même temps une rétrospective au Centre Wallonie-Bruxelles de Paris qui fait face à Beaubourg.
Nous ne sommes plus le nez sur la planche, emportés par des personnages, une fiction, mais dans un portrait dressé par des docteurs de la foi franquinienne où s’égrènent les mille et une recherches d’un dessinateur angoissé et impitoyablement exigeant vis-à-vis de lui-même dont le dessin se fait tour à tour musique, respiration, tendresse ou sombres pensées.
Franquin est là, dans chaque dessin, avec sa vérité, et sa voix rauque nous touche au fond du cœur.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.
Exposition M’enfin ?! Franquin
Du 28 novembre au 17 février 2013
127-129 rue Saint-Martin - 75004 Paris
Entrée libre, ouvert tous les jours. Renseignements Centre Wallonie-Bruxelles
Commander La Foire aux Gangsters (Dupuis) chez Amazon ou à la FNAC
Participez à la discussion