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Frédéric Bosser (dBD) : "Vivre de sa passion, c’est un luxe... avec ses avantages et ses inconvénients."

Par Patrice Gentilhomme le 5 février 2016                      Lien  
Alors que le centième numéro de dBD parait ces jours-ci; son directeur revient sur dix ans d'aventures éditoriales.

Pour ceux qui ont manqué le début, pouvez-vous rappeler comment est né dBD ?

C’était en 1998, en raison d’une envie commune avec Olivier Maltret, alors collaborateur au fanzine Sapristi. Nous avions à notre disposition une interview inédite d’André Franquin alors nous avons foncé en choisissant de séparer l’interview principale dans un album cartonné et d’y joindre un magazine agrafé, le tout étant présenté sous blister. C’était un trimestre vendu uniquement en librairies. Ont suivi Milo Manara, Frank Pé, Philippe Francq

Frédéric Bosser (dBD) : "Vivre de sa passion, c'est un luxe... avec ses avantages et ses inconvénients."
Pour son premier numéro, la revue avait choisi Joan Sfar comme invité d’honneur.

Quels furent durant ces dix années les grands moments de l’histoire de dBD ?  

Chaque numéro a été un grand moment. Je me souviens de la difficulté de créer un numéro, nous qui n’y connaissions rien dans la fabrication d’un livre comme dans les ressorts du milieu de la bande dessinée. Mais cela débouchait sur de belles rencontres, des amitiés, des trahisons, des jalousies, des fâcheries… bref, la vie !

Le meilleur souvenir durant toutes ces années ?

La rencontre avec Moebius, Bilal, Tardi et bien entendu Zep que j’ai vu grandir.

Et le plus mauvais, le plus douloureux ?

Philippe Francq quand il a été question de faire la couverture du hors-série Van Hamme. Après nous avoir promis de la faire, il s’est rétracté, nous laissant dans l’embarras. Puis après avoir refusé une autre solution qui consistait à mettre en couleurs un des dessins qu’il avait offert à Van Hamme, il a finalement proposé sans que nous le sachions, de le faire faire par son coloriste. Quand il nous a envoyé le dit-dessin colorié, nous avions opté pour une autre couverture. Je me suis fait traiter de tous les noms dont de médiocre « fanzineux »… et de mec « casse-couille » avant qu’il ne nous interdise d’utiliser des images extraites de Largo. Cela m’a fait mal car j’avais tout fait pour qu’il soit présent dans ce numéro d’autant que nos rapports étaient jusqu’alors plutôt cordiaux après deux numéros spéciaux que nous lui avions consacrés. Ça a gâché la fête…

Compagnon de longue date du magazine, Zep célèbre l’événement à sa façon, en signant la couverture du supplément joint au numéro de février. L’histoire de la BD vue à travers cent dates-clefs choisie par la la rédaction.

Après la disparition de nombreux titres de presse, vous êtes toujours là, comment vous situez-vous par rapport à vos concurrents ?

On trace notre route en faisant toujours le maximum pour que chaque numéro tant par son contenu que par sa forme, soit un œuvre d’art.

Cette passion de la BD, ça remonte à l’enfance ?

J’ai toujours aimé cette association entre textes et images.

JC Menu a prétendu qu’il n’y avait pas de vraie critique BD, qu’en pensez-vous ?

Il y a longtemps que je ne l’écoute plus même si j’ai un très grand respect pour ce qu’il a fait pour la bande dessinée et serais ravi qu’il ait un jour le Grand Prix d’Angoulême. Il le mérite, même si son œuvre graphique n’est pas connue du grand public.

Henri Fillipini fait partie des auteurs historiques de dBD dont les humeurs ont parfois défrayé la chronique. Quel est son rôle dans le journal ?

Celui d’être un homme libre comme tous mes chroniqueurs d’ailleurs. Parfois, il pousse le curseur un peu loin et cela lance des débats. Pourquoi pas ? C’est tout le charme de la vie. N’en déplaise à certains…

Peut-on dire que dBD se vend bien ? Est-il encore possible aujourd’hui de gagner de l’argent avec une revue ?

Cela fait vingt ans que j’en vis et même si je pense que je gagnerais mieux en intégrant une maison d’édition, je suis très content comme cela. Vivre de sa passion, c’est un luxe avec ses avantages et ses inconvénients.

A combien d’exemplaires tirez-vous, actuellement ?

On imprime entre 10 et 12 000 exemplaires et nous avons 4000 abonnés.

C’est le flegmatique Clifton qui est à l’honneur de ce numéro 100.

Êtes-vous bien diffusé ?
Oui. En ce moment, on étudie la possibilité d’être proposés en librairies spécialisées ce qui augmenterait notre diffusion.

Quelles sont vos ventes nettes ?

5 000 ex. en moyenne.

À qui appartient dBD ?
Nous sommes deux associés. Je suis resté majoritaire…

Quelle est la situation de L’Immanquable, votre autre journal, créé en 2011 ?

Plutôt bonne. Nous avons gagné des abonnés et des ventes en librairie depuis que nous avons rajouté des rubriques. On croise les doigts…

La maquette a subi de nombreux changements, le contenu a évolué avec de nouvelles rubriques ; que nous préparez-vous pour l’avenir ?

Rien de spécial. Le numéro 100 sera un hommage à notre première formule. Les fans de la première heure apprécieront. Je voulais marquer le coup… et je m’en serais voulu de ne rien faire de spécial pour ce numéro 100.

D’autres projets ?

Une revue sur les arts graphiques et une collaboration avec le restaurant le Nomad’s pour monter des événementiels.

Merci et longue vie à dBD !

Voir en ligne : Le site de dBD

(par Patrice Gentilhomme)

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Propos recueillis par Patrice Gentilhomme

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