Jeune médecin viennois, Sigmund Freud est tiraillé entre sa soif de recherche et les besoins de son jeune couple : rester généraliste ? Se spécialiser ? Et pourquoi pas rejoindre le fameux Charcot, à la Pitié Salpétrière de Paris, pour explorer les traitement des "hystériques", ces femmes qui laissent perplexes nombre de neurologues et de psychiatres ? C’est le début d’une quête de réponses scientifiques, au fil des patientes, avec des avancées prudentes mais déterminantes. Freud commence à comprendre que la solution réside dans la parole libérée des malades, notamment autour du refoulé, du souvenir d’enfance. Une voie qui apaise et mène à une réconciliation avec soi-même.
Richard Appignanesi et Oscar Zarate avaient déjà illustré une biographie illustrée de Freud [1] il y a 10 ans. Ils parviennent ici, dans un noir et blanc aquarellé moderne et fluide, à faire apparaître la progression du fameux inventeur de la psychanalyse. Au départ, Freud veut juste comprendre comment mieux soigner des jeunes femmes au comportement inexplicable, et tâtonne de façon expérimentale. Les différents cas qu’il aborde, dans son hôpital parisien, le convainquent de l’importance d’un échange entre médecin et patient, et de la relation entre douleurs physiques -et mentales- et traumatisme ancien. D’abord attaché à l’hypnose, Freud fera ensuite confiance aux témoignages plus directs. De Anna O. à Elisabeth Von R., il va petit à petit jeter les bases de la thérapie analytique.
La grande réussite des auteurs réside dans cette progression, par l’exemple, des avancées majeures de Freud, s’appuyant sur une description impressionnante des cas soignés à la Pitié. Équilibré par des épisodes personnels pleins de sensibilité (la vie de couple, les questionnements sur la judéité), le récit demeure toujours empli de vivacité, grâce notamment à des dialogues imaginaires entre un Freud grisonnant et sûr de lui, et le jeune praticien qu’il était, coincé entre les murs de son service des maladies nerveuses. Raconté à la première personne, à la manière d’une autobiographie, Freud et l’hystérie passionnera les férus de psychanalyse et ne manquera de captiver les autres, simplement curieux du destin d’un singulier neurologue autrichien décidé à faire avancer sa discipline.
(par David TAUGIS)
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