L’amitié entre les deux camarades va bien vite battre de l’aile à cause de la jalousie maladive d’Alex, angoissé par ses propres vides. Ce sera pour lui une longue descente aux enfers où, pour survivre, il lui faudra abandonner toute moralité et toute conscience personnelle.
La guerre à l’état brut, les larmes, le désespoir chaotique, la perte des réalités et puis, pour quelques privilégiés, une once d’espoir... une rencontre décisive, de l’amour à la clé, aussi infime soit-il, au milieu d’un torrent de flammes...
Chaque volume de Front Mission Dog Life & Dog Style émeut par sa profondeur, déstabilise par sa mélancolie, entraîne le lecteur au plus profond de la condition humaine... jusqu’à un point de non-retour. Front Mission Dog Life & Dog Style dénonce les horreurs de la guerre qui, depuis l’aube des temps affligent les démunis au détriment de quelques monstres tirant les ficelles dans l’ombre.
Le réalisme des combats est omniprésent, les scènes de cruautés transpercent d’effroi en touchant les racines de l’âme. Mais cette violence n’est cependant pas gratuite, elle est salutaire pour savourer à sa juste valeur le schéma de noirceur proposé, montrant la haine viscérale des guerriers, poussés dans leurs derniers retranchements, déshumanisés, détachés de toute valeur morale.
Le thème proposé par Yasuo Otagaki mets en avant deux groupes d’individus : Les premiers qui recherchent le chaos et qui le provoquent ; les seconds qui tentent d’en réchapper, aspirant à revenir à une vie plus saine.
Les deux amis, que tout sépare socialement, attachés et dévoués à leur patrie, partent risquer leur vie au front. En temps de guerre, les liens se nouent ou se délient. Aucune place n’est réservée au sentimentalisme.
L’orgueil et le complexe d’infériorité d’Alex par rapport à Johnny, son meilleur ami, le pousseront à changer de comportement lors d’un incident militaire.
Se sentant comme poussé par une force divine, il se transforme en une sorte de bourreau sans retenue, seulement mu par son propre intérêt.
Ce quatrième volume, moins spectaculaire que les précédents, perd un peu de ses qualités narratives. Le héros, ou plutôt le salaud de l’histoire, sombre petit à petit dans un délire irréversible parfois peu crédible, tellement il est caricatural.
Fort heureusement, les scènes de combats particulièrement réalistes encouragent la lecture jusqu’à son dénouement. Mais d’une manière générale, le lecteur reste quelque peu désemparé de se laisser entraîner dans ce courant fataliste et violent, où l’assassin s’en sort indemne alors que les justes crèvent dans les pires circonstances.
(par Marc Vandermeer)
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