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Futuropolis : déjà une polémique

Par Nicolas Anspach le 15 janvier 2005                      Lien  
Le Fondateur des éditions Futuropolis, {{Etienne Robial}}, a déclaré hier à l'{AFP} qu'il ne cautionne pas la renaissance du label mythique ! Les éditions Gallimard se sont récemment associés à Soleil pour relancer cette maison d'édition, débauchant {{Sébastien Gnaedig}} (ex directeur de collections chez Dupuis et aux Humanos) et le talentueux {{Didier Gonord}}.

Un label mythique

Le passé d’Etienne Robial est étroitement lié à Futuropolis. En 1972, il racheta la librairie du même nom, situé dans le 15e arrondissement parisien. Grand amateur de bandes dessinées, il la développa avec passion avec l’aide de quelques personnes dont sa compagne, Florence Cestac (Grand Prix d’Angoulême en 2000). Le « tout Paris amateur de BD » s’y rendait pour bénéficier des conseils de Robial : d’Alain Resnais à Eddy Mitchell en passant par des jeunes auteurs tels que Bilal ou Tardi... Le libraire se transforma bien vite en éditeur, en publiant notamment Calvo. L’expérience fut convaincante, et dès 1977, le couple décida de fermer la librairie pour fonder une maison d’édition.

A l’époque, Etienne Robial était un fervent défenseur du livre imprimé en noir & blanc. Il édita un grand nombre d’auteur de « la jeune génération », à savoir Baudouin, Jean-Claude Denis, Götting ou Tardi. Il publia également différents comics dont The Spirit (Will Eisner), Popeye (Segar), Superman (Siegel & Schuster). Grâce à son choix éclectique et raffiné, Robial parvint à créer un véritable label de qualité. Les maisons plus développées, telles que Casterman par exemple, commençaient à craindre que son succès perdure ! Il finança partiellement son développement en diffusant des éditeurs alors débutants : Les Humanoïdes Associés, Magic-Strip ou encore les éditions Deligne.

Mais hélas, après un âge d’or et l’accession d’une première génération de nouveaux éditeurs, les années 80 marquent le début d’une profonde crise. Les ventes diminuent, et la BD ne bénéficie plus de la même curiosité du grand public. Robial sent le vent tourner et se rapproche de Canal+. Il deviendra peu après directeur artistique de la chaîne cryptée. En conqéquence de quoi, il délaisse quelque peu sa maison d’édition, lorsqu’en 1986, une filiale de Gallimard propose de s’investir dans Futuropolis et de redynamiser le catalogue...

Gallimard est éditeur de quelques-uns plus beaux chefs-d’œuvre de la littérature. Il est donc aisé pour Futuropolis de publier certains de ces romans en proposant à différents dessinateurs de les illustrer. Tardi signera notamment Le Voyage Au Bout de la Nuit de Céline. Le succès est au rendez-vous et plusieurs dizaines de milliers d’exemplaire se sont vendus. Le label accordera également sa confiance à de jeunes auteurs alors débutants pour se lancer dans des entreprises aussi risquées. André Juillard mettra en image, le Tonkinois, un texte de Rodolphe, par exemple.

Robial resta fidèle à un principe : celui de ne jamais publier de séries ! Chaque livre devait donc logiquement être rentable, pour financer les suivants... Or, il n’en était rien. Les relations entre Gallimard et Robial devinrent conflictuelles et le créateur de la maison d’édition décida finalement de jeter l’éponge. Il céda ses parts à son associé, en janvier 1994. Futuropolis rentra dans une phase de léthargie, avant d’être relancé en 2000 avec la publication de deux bandes dessinées : La Débauche (Tardi & Pennac) et la Boîte Noire (de Ferrandez & Benacquista)qui doivent beaucoup à Didier Platteau, ancien éditeur chez Casterman.

2005, la renaissance

Après le tumulte causé par le rachat de Dupuis, une nouvelle jeta le trouble chez les auteurs de cette maison d’édition. Sébastien Gnaedig, le dynamique directeur de collections de Dupuis, quittait la maison carolorégienne pour rejoindre Futuropolis, le graphiste Didier Gonord -également chez Dupuis- l’accompagnant dans l’aventure. Cette renaissance de la maison parisienne était le fruit d’une association inattendue entre les maisons d’édition Gallimard (propriétaire du label Futuropolis) et Soleil.

Sébastien Gnaedig est une personne appréciée des auteurs. Il n’a eu de cesse de les accompagnant pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, apportant à Dupuis des signatures de renom issus de la nouvelle génération. Certains d’entre eux, tels que Luc Brunschwig, rejoignent aussitôt le nouveau label. Le Sourire du Clown (avec Hirn), La Mémoire dans les Poches (Etienne Leroux) et Après la Guerre (Leroux & Martin) devraient paraître sous cette marque.

Les titres non épuisés du catalogue Futuropolis devraient faire l’objet d’une remise sur le marché, Gnaedig annoçant par ailleurs d’autres nouveautés dans la plus pure tradition du label de la rue du Théâtre.

Etienne Robial, mécontent !

Futuropolis : déjà une polémique Hier, le fondateur de la maison d’édition a cependant oussé un coup de gueule. Il a déclaré à l’AFP qu’il ne cautionnait pas la renaissance de cette maison d’édition. Il se déclare consterné par ce projet éditorial où il doute de retrouver l’esprit de Futuro. Il éprouve un profond malaise de voir le propriétaire de la maison d’édition, Gallimard, s’associer avec Soleil pour procéder à cette renaissance. Robial annonce qu’il est le propriétaire du graphisme du logo « Futuropolis », et annonce, en raison de sa qualité d’auteur de ce graphisme, qu’il exige qu’il ne soit pas utilisé.

Sa volonté est peut-être juridiquement contestable : Etienne Robial semble ne pas s’être inquiété lors de la publication de La Boîte Noire et de La Débauche en 2000 ! Il se dit porteur d’une inquiétude qui est celle de bon nombre d’auteurs et d’admirateurs de son label, face à cette renaissance. Il souhaite donc lever toute ambiguïté, il annonce qu’il n’est pas partie prenante dans l’aventure.

A notre sens, le conflit se résoudra facilement : le nouveau directeur artistique de Futuropolis, Didier Gonord,qui a assuré ce poste successivement aux Humanoïdes Associés, chez Soleil et chez Dupuis, pourra sans problème créer un nouveau logo qui aura peut-être le mérite de rajeunir un graphisme très marqué par les années 70.

(par Nicolas Anspach)

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En médaillon : Etienne Robial. Photo : DR

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