Comment avez-vous rencontré Franquin pour la première fois ?
Avec Pat Mallet, j’avais alors 16 ans. Par quelle occasion j’avais réussi à avoir son adresse ? Je ne me souviens plus. J’étais en contact avec Delporte et je commençais à publier, c’était en 1958. Je suis allé à Bruxelles voir l’Atomium et rencontrer Franquin.
C’étaient les deux monuments bruxellois du moment...
Absolument. Et c’était mon premier voyage hors de France. Nous sommes allés chez lui et, avec Liliane, sa femme (elle venait d’avoir une petite fille), il nous a reçus à déjeuner. Ce que je publiais n’était pas enthousiasmant mais ce n’était pas pour moi la visite à Dieu le père. C’était un mec formidable, évidemment, mais avant tout un dessinateur. A Paris, j’avais Jean Giraud à côté de moi, le dessin n’était plus un mystère pour moi, je savais comment cela se faisait.
Votre dessin a une certaine familiarité avec celui de Franquin. Plus qu’avec celui de Giraud.
Ah, oui. Je m’en suis revendiqué. Mais en même temps, il fallait que je m’en dégage. Je sais qu’il a bien aimé mes petites bestioles quand il a commencé à en faire lui-même.
Oui, mais, en terme de bestiaire fantastique, avec le Marsupilami, il avait pris de l’avance !
Bien sûr. Sans compter le nombre de ses albums. Ce qui est agréable, c’est de penser qu’un mec comme cela soit aussi accessible -trop même, cela en devenait insupportable pour lui. Il était absolument chaleureux, d’autant qu’il donnait facilement un dessin, voire une planche. Le talent de ce mec me faisait rêver. La BD remplaçait la télévision qui n’existait pas alors, et certainement pas chez mes parents. Chez Franquin, j’ai vraiment fantasmé sur ses histoires dans Spirou et Le Voyageur du Mézozoïque avec cet iguanodon ou encore sur Les Chapeaux noirs, sa vision du western... J’ai repiqué tous ses trucs honteusement mais en essayant de les digérer très vite...
Propos recueillis le 20 octobre 2004.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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