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Gihef (1/2) : « Pour OSS 117, je voulais vraiment garder cet esprit fun, vintage et léger, propre aux années 1960 »

Par Charles-Louis Detournay le 12 octobre 2015                      Lien  
Pour rappel, OSS117, alias Hubert Bonisseur de la Bath, est un arrogant agent des services secrets. Le célèbre espion des romans écrits par Jean Bruce, et campé au cinéma par Jean Dujardin, débute ses aventures en bande dessinée. Et deux autres albums sont déjà en cours de réalisation.

Comment s’est concrétisée cette adaptation du célèbre OSS 117 ? A votre demande, celle de l’éditeur ou celle de Martine Bruce, la fille de Jean Bruce ?

Gihef (1/2) : « Pour OSS 117, je voulais vraiment garder cet esprit fun, vintage et léger, propre aux années 1960 »C’était mon idée au départ. J’avais vu les films de Michel Hazanavicius et j’ai pensé que l’univers se prêtait bien à une adaptation au format BD. Néanmoins, pour des raisons de droits, il n’était pas possible de reprendre les éléments utilisés dans ces films qui sont plutôt des parodies. Martine Bruce, avec qui j’étais entré en contact, m’a donc suggéré de travailler sur des adaptations des livres écrits par Jean Bruce, son père, le créateur d’OSS 117.

Aviez-vous une charte à respecter : maintenir l’action et l’espionnage sans oublier l’exotisme ? Garder les grands seconds rôles tels que Sagarra et M Smith ?

Nous avons beaucoup échangé à ce sujet. Comme l’humour devait être présent sans pour autant tomber dans la parodie, il fallait un faire-valoir qui permettait de faire passer certaines choses et apporter un brin de fantaisie sans ridiculiser le héros pour autant. Sagarra était forcément le choix idéal. Il n’est pas présent dans tous les romans, mais nous l’avons malgré tout intégré également dans les suivants.

Pourquoi vous être basé sur le dernier livre écrit par Jean Bruce OSS à Mexico à la place de l’un des suivants, ou d’un scénario original ?

Avec l’éditeur, nous pensions qu’il fallait choisir une destination exotique pour inaugurer la série. Mexico semblait être le choix idéal, même si finalement, le récit tournait presque en huis-clos. Mais j’ai opéré quelques arrangements ça et là pour éviter les contraintes liées à une trame qui se déroulait majoritairement à l’intérieur d’un bâtiment. Concernant le choix d’adapter et non d’écrire un scénario original, comme je l’ai dit, c’est Martine Bruce qui l’a suggéré. Je pense qu’il y a assez de matière dans les romans écrits par son père pour pas mal d’albums.

OSS 117, T1 : Tequila Molotov pour OSS 117 - Par Gihef & Pino Rinaldi (Soleil)

Comment s’est déroulée votre relation avec Martine Bruce : a-t-elle supervisé chaque étape de ce premier livre ? A-t-elle demandé des corrections ?

Elle a été très attentive et très disponible. Je pense que le projet lui a tenu autant à cœur que moi. Nous avons dû faire des ajustements au début pour trouver le ton idéal ; j’avais eu tendance à rester dans l’esprit des films d’Hazanavicius, mais nous avons rapidement fini par trouver un juste milieu.

Pourquoi avoir choisi de privilégier l’aspect vintage de la série : pour maintenir les rivalités entre les grands blocs Est-Ouest ? Quitte à sacrifier à quelques paradoxes comme l’apparition d’un string quelques années trop tôt ?

Ha ha ! Pour le string, je dois avouer que je n’y ai pas vraiment prêté attention. Mais je fais confiance à votre culture en la matière !

Sinon, l’aspect vintage était indispensable pour moi, car les enjeux n’auraient plus tenu la route si on avait choisi de définir l’action à notre époque. De plus, je voulais vraiment garder cet esprit fun et léger, propre aux années 1960. Mon modèle absolu dans le genre reste incontestablement les premiers films de James Bond avec Sean Connery : de véritables récits d’espionnage sur un ton léger.

OSS 117, T1 : Tequila Molotov pour OSS 117 - Par Gihef & Pino Rinaldi (Soleil)

J’ai beaucoup apprécié l’humour de vos récitatifs de présentation des personnages ! Fallait-il jouer sur cet équilibre entre humour et espionnage de crainte de trop se prendre au sérieux ?

Oui, c’était le but dès le départ. Je pense que pour que la série fonctionne de façon cohérente, il fallait préserver un ton un peu rigolo. L’humour était déjà bien présent dans les romans à la base, même s’il était fort éloigné de celui des films d’Hazanavicius.

Votre récit implique également une bonne part d’érotisme, dans l’esprit des romans originaux. Comment avez-vous dosé la part nécessaire sans franchir la ligne rouge ?

Une fois encore, tout est une question de mesure. Je refusais de tomber dans le graveleux, ça n’aurait pas non plus collé avec le côté glamour du personnage principal. J’ai donc opté pour la suggestion.

Comment s’est déroulée votre relation avec Pino Rinaldi, le dessinateur de la série ? Quels ont été les éléments essentiels sur lesquels vous avez insisté ?

Nous sommes entrés en contact par l’entremise d’Alcante à qui Pino avait envoyé un dossier car il cherchait à travailler pour le marché franco-belge (étant plutôt habitué au comics US). Les éléments essentiels auxquels je tenais graphiquement passaient essentiellement par la représentation des années 1960. Mais j’ai l’habitude de fournir une documentation conséquente à mes collaborateurs dès que je peux.

OSS 117, T1 : Tequila Molotov pour OSS 117 - Par Gihef & Pino Rinaldi (Soleil)

Vous préparez déjà le second tome de cette adaptation , dont le titre colle bien à l’esprit de la série : Bon mezzé d’Athènes. S’agira-t-il d’un scénario original ou une adaptation d’Anathème à Athènes, le dernier roman écrit par Josette Bruce, l’épouse de Jean Bruce ?

Non, Nous allons rester sur les romans écrits pas Jean Bruce, car il s’agit en fait de l’adaptation du roman Les Espions du Pirée. Notre héros débarque à Athènes en compagnie de son complice Sagarra pour retrouver la trace d’un ingénieur grec à l’origine d’un moyen de transmission sous-marine révolutionnaire. L’album est déjà bien avancé et le troisième est en préparation également : il s’agira de l’adaptation de Lila de Calcutta (provisoirement rebaptisée Opération Hindou-Trois).

Retrouvez prochainement la suite de l’interview de Gihef, avec les coulisses du premier tome de Greenwich Village(Kennes Editions) avec Antonio Lapone…

(par Charles-Louis Detournay)

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