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Guillaume Trouillard : « Mon récit se présente comme un long plan-séquence à trame ouverte ».

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 décembre 2007                      Lien  
« Colibri » (Éditions de la Cerise) est une investigation colorée et angoissante dans la Chine contemporaine, ce moteur de l’économie mondiale, source de toutes les inquiétudes, notamment environnementales.
Guillaume Trouillard : « Mon récit se présente comme un long plan-séquence à trame ouverte ».
"Colibri" par Guillaume Trouillard
éditions de la Cerise

« Colibri », un album écrit et dessiné, mais également auto-édité, par Guillaume Trouillard. sous le label des éditions de la Cerise, a récolté, à peine sorti de presse, le Prix du public au Salon de Bazillac. Cet été, une production de sa maison d’édition, Entre Deux de Vincent Perriot, un petit chef-d’œuvre regardé d’un peu trop près par un récent nominé d’Angoulême, avait attiré notre attention sur cette petite maison d’édition bordelaise. Rencontre avec son principal animateur.

- Comment vous est venu l’idée de cet album ?


Je suis parti en Chine il y a quatre ans pour voir et dessiner le changement de société qui s’y produisait. Une transformation unique dans l’histoire de l’humanité par sa rapidité et son importance. Je voulais voir sur le terrain ce que voulait dire « 10 % de croissance par an ». J’avais en tête des chiffres fous, comme Shanghai, dont on disait qu’elle réunissait à l’époque la moitié des grues de la planète, qui gagne un million d’habitants chaque année et s’enfonce durant le même laps de temps d’un centimètre sous le poids de ses buildings. Je voulais dessiner ça, garder des traces avant disparition. Une démarche un peu masochiste…
Bref, en attendant que ce carnet de voyage voie le jour, toutes ces thématiques (expansion humaine, acculturation, mégalopoles surpeuplées, communication à tout-va) ont eu le temps de macérer pendant trois ans pour éclore sous la forme d’un récit improvisé, comme un long plan-séquence à trame ouverte.

- Avez-vous rencontré des artistes chinois et vous ont-ils influencé ?

C’est surtout en fouillant dans les librairies de tout le pays que je suis tombé sur des merveilles. La peinture chinoise contemporaine regorge de trésors. J’ai ramené autant de livres que je pouvais dans mon sac et je ne désespère pas de pouvoir les publier un jour.
Donc, oui, je pense avoir été marqué par la peinture chinoise, ce n’est peut-être pas flagrant sur Colibri, mais c’est plus net sur mes carnets et ça ressortira sur d’autres projets.

- Votre maison d’édition est encore peu connue. Quel est votre parcours ?

J’ai créé La Cerise il y a quatre ans, en dernière année des Beaux-Arts, avec la revue annuelle « Clafoutis  ». C’était surtout un moyen de continuer un peu les expérimentations qu’on avait mis en place avec les copains. Clafoutis a fait office de gros laboratoire pendant deux ans, nous permettant de tester pas mal de choses, de mettre en pratique les croisements et recherches qui fondent aujourd’hui la ligne éditoriale de la maison.
Après, chaque livre demande pas mal de temps, et comme je suis seul à tenir la structure à bout de bras, on garde un rythme relativement faible comparé au reste de la production.

"Colibri" par Guillaume Trouillard. Page 20.
éditions de la Cerise

- Vous avez paradoxalement choisi pour Colibri l’album cartonné classique en couleurs. Pourquoi ?

C’est peut-être la première et la dernière fois que nous publierons de la bande dessinée « pure et dure » à la Cerise, ça me paraissait logique de l’assumer jusqu’au bout, sachant aussi qu’a l’intérieur de ce cadre, le récit est éclaté, les codes sont malmenés.
Et pour la couleur, j’ai toujours travaillé en couleurs directes, j’aime ça profondément, faire des taches, des cacas. Le côté « sans filet » de l’aquarelle, l’état de concentration que ça me demande au moment de la réalisation. Et puis ça m’a permis de contenir mon côté perfectionniste car je me suis vite rendu compte que plus j’en rajoutais, plus c’était moche.

"Colibri" par Guillaume Trouillard. Page 40.
éditions de la Cerise

- Vous travaillez sur vos fonds propres, en province et vous passez par un diffuseur-distributeur pour que vos albums soient en librairie. Cela ne doit pas être facile tous les jours. Quel bon argument offrez-vous aux libraires pour qu’ils vous mettent en avant ?

« Cet album-là, mon gars, c’est une plus-value sur dix ans ! ».
Non, sérieusement, vu la surproduction actuelle, si le libraire a eu le temps de lire les livres, c’est déjà bien. C’est vrai que la situation est préoccupante, le système devient adulte, ultra-perfectionné. L’industrie culturelle est à l’image du reste.

Propos recueillis par Didier Pasamonik.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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En médaillon : Guillaume Trouillard. Photo : DR

 
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