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Haddon Hall (quand David inventa Bowie) – Par Néjib – Gallimard

Par Morgan Di Salvia le 2 janvier 2012                      Lien  
Ziggy Stardust, Aladdin Sane, Halloween Jack, Thin White Duke,… Les multiples incarnations de David Bowie ont marqué l’histoire de la musique pop du vingtième siècle. Alors que l’artiste a disparu des radars depuis plusieurs années, un néophyte nommé Néjib consacre un album délicieusement sixties aux prémisses de son succès.

Haddon Hall, qui donne son titre à l’ouvrage, est le nom du somptueux manoir où David, sa femme Angie et une tripotée de hippies s’installent au tournant des années soixante. Dans ce cadre prestigieux, David compose tant et plus. Sa ténacité n’a qu’un objectif : enfin devenir une rock star mondiale. Jusqu’alors, ses enregistrements n’ont connu qu’un maigre succès (le 45 tours Space Oddity a tout de même été un hit). Mais Bowie est ambitieux, il veut écrire des chefs d’œuvres et marquer son temps. Au fil des semaines, il réunit ses « apôtres de la pop » (Tony Visconti, Mick Ronson, Syd Barrett,…) pour s’atteler à l’enregistrement d’un disque grandiose. La machine créative est en marche, observés par l’âme du Haddon Hall, David et sa bande vont vivre des mois intenses…

Haddon Hall (quand David inventa Bowie) – Par Néjib – Gallimard
Un extrait de "Haddon Hall"
© Néjib - Gallimard

Tout en retraçant les sessions d’enregistrement de l’album «  The Man Who Sold The World », le dessinateur Néjib donne le pouls d’un Londres entre deux époques. La vague fleurie des hippies est en train de retomber et va bientôt céder le terrain au glam rock. Au centre de cette mutation, David Bowie et son entourage deviennent les acteurs d’une petite comédie musicale qui incorpore les détails de la vie personnelle du chanteur (la schizophrénie de son frère Terry, le décès de son père, la naissance de son fils Duncan [1], sa rivalité avec Marc Bolan [2]…). Pour figurer cette période, Néjib a choisi un style graphique résolument sixties, avec Saul Steinberg pour principale influence. Le choix est pertinent et convient tout à fait pour emballer ce docu fiction.

David Bowie aura 65 ans en janvier 2012, Néjib lui offre par livre interposé un beau cadeau d’anniversaire.

(par Morgan Di Salvia)

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A paraître le 12 janvier 2012.

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8 Messages :
  • Quelle mixité. Avec cet ouvrage on est vraiment dans ce qu’on pourrait appeler un essai en bande dessinée. Augmenté d’une approche biographique , on plonge ensuite dans une partie reportage. Ce qui aurait été anciennement un travail d’illustration d’article devient une œuvre à part entière. Sur le site on apprend que ces livres sortent ou existent , malheureusement on en laisse passer plus d’un parce qu’une fois sur place dans une librairie , où retrouver cet objet ? Aura-t-il aussi une place dans les rayonnages où l’on range les bios de stars , des musiciens etc...? Un élément qui nous échappe aussi en lisant la critique( mais une recherche serait aisée et rapide) c’est la pagination et le format du livre. 200 pages ? Petit format ? De savoir ça nous aiderait à comprendre l’intention de l’éditeur. Une dernière remarque : l’auteur aurait choisi son style pour raconter . "Choisi" me semble un peu exagéré. Il fait sans doute avec les moyens du bord et la référence est un brin aussi déraisonnable. Le graphisme adopté est en soi la forme la plus basique pour mettre en scène une série d’idées. C’est ce qui m’intéresse d’ailleurs dans cet objet. Pourquoi l’auteur n’a-t-il pas simplement écrit ? Qu’apporte vraiment le passage de la représentation ? Surtout si "objective". La frontière entre le graphisme jeté, très libre d’un Quentin Blake et les codes basiques d’un Wolinski est très ténue. Je me pose la question de savoir si définir en 5, 8 ou 10 cases par page a un sens dans ce cas-ci. La narration BD peut évidemment véhiculer ce que l’on veut, le tout réside dans le fait que l’auteur s’implique dans son sujet et transforme ses idées en objet d’art( ayant plus ou moins de valeur). On doit je pense s’étonner que pas mal d’envies, de points de départ aboutissent au livre dessiné. Clairement, je ne pense pas qu’on soit réellement dans la bande dessinée . On accumule les données, on les distille en divisant en cases, en séquences, en pages mais on est dans un essai, un roman dessiné sans pour autant rejoindre le roman graphique qui, lui, propose une pure écriture en bande dessinée . Il a dessiné des cases plutôt que d’écrire des phrases mais ça n’en fait pas pour autant une bande dessinée. Et je ne place pas la bande dessinée "au-dessus" et je ne dévalorise pas ce livre-ci ; il faudrait peut-être trouver une appellation précise, c’est juste mon opinion.

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    • Répondu par Franck Biancarelli. le 3 janvier 2012 à  08:46 :

      Cher S.S., j’ ai rentré votre texte dans "Google-traduction : Langue-de-bois/Français", j’ ai obtenu : "Wah, c’ est tout pourri !"... Vous confirmez ?

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      • Répondu par Sergio Salma le 3 janvier 2012 à  10:32 :

        Pourquoi j’utiliserais des subterfuges de langage ? je ne suis lié d’aucune manière à cet auteur, cet éditeur ...la chose m’intéresse vraiment et fait partie d’un ensemble qui est trop important , combien de bios, de récits de voyages etc...pour ne pas être remarqué. Les choses que vraiment je peux pas supporter ( c’est tout pourri ;-) peuvent avoir de la gueule , être des choses maîtrisées, professionnelles ( au cinéma on dirait "qualité française " ou " film bien fait" ou "académique" mais je vois pas trop l’utilité d’en parler en public. Puis ici, je n’ai pas lu le livre, je ne l’ai même pas eu en main , je m’intéresse au phénomène en tant que lecteur et ça change la donne en tant qu’auteur .

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        • Répondu par F. Biancarelli. le 3 janvier 2012 à  13:31 :

          Sans que j’ arrive vraiment à savoir pourquoi, j’ étais d’ humeur taquine ce matin... Sans doute une façon de reculer le moment de me mettre au boulot...
          Je pense que vous l’ aviez compris.
          Cordialement.

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          • Répondu le 3 janvier 2012 à  13:47 :

            Ce qui est curieux avec ce que dit Sergio Salma, c’est que d’après lui cet album ne serait pas vraiment de la "bande dessinée", mais au vu de la page montrée ici, c’est pourtant bel et bien une page de BD, avec une narration par l’image, etc. Je ne comprends pas.

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            • Répondu par Sergio Salma le 3 janvier 2012 à  16:55 :

              Pour caricaturer, je pense à l’histoire du monde en bande dessinée. Et à bon nombre d’ouvrages où on utilise la bande dessinée pour ...mais où on ne fait pas de la bande dessinée proprement dite. Evidemment c’est clair, lisible. On aura chacun sa définition( indiqué en fin de post, c’est juste mon opinion) mais un tableau avec de la couleur dessus n’est pas forcément une peinture etc... Difficile de discuter de ça sans craindre de passer pour un intégriste qui établit des hiérarchies ; c’est pas ça du tout. Le dessin et la "narration" me semblent ici transparents, c’est le sujet qui importe. Le fait que ce soit une biographie n’est évidemment pas la cause ; ce sont plutôt les moyens utilisés, l’intention qui me font penser qu’un genre intermédiaire nouveau s’est créé. Il y a une réelle frénésie . on doit croquer, dessiner tout ce qui se passe, le tournage d’un film, un voyage, un procès, une maladie, une biographie, on imprime tout et on range ça au rayon bandes dessinées.

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              • Répondu par Oncle Francois le 4 janvier 2012 à  20:36 :

                arf arf je sens que j’ai fait des émules, merci Cher Sergio pour votre témoignage sympathique et sincère. Effectivement, graphiquement, il n’y sans doute pas de quoi se relever la nuit, le trait est dans la mouvance de l’indé-blog BD, rapide et sans effet de manche (il faut faire attention aux manches longues de sa chemise quand on utilise de l’encre de Chine ou des couleurs qui prennent du temps pour sécher !°).

                En revanche, le thème est original et osé pour la BD (genre où il n’existe en français aucun livre biographique sur les icônes pop-rock de la période 1968-1975, une période fabuleuse pour ceux qui l’ont vécue, à part ceux sur les Beatles qui sont en fait des compilations de courts récits-hommages).

                Donc, oui, même si le dessin n’incite pas à se relever la nuit (aller se soulager la vessie est déjà une préoccupation dérangeante !!), ce livre risque de fonctionner en librairie, car il intéressera tous ceux qui ont apprécié les chansons de David Jones, qui prendra plus tard le nom de Bowie (couteau aztèque, je crois). Rock and Folk et les revues qui s’intéressent à la zique vont sans doute relayer l’évènement, quand à Néjib, il est sans doute un authentique "fan", il suffit de visiter sa page, il y a inclus moult clips vidéos rares des premiers tubes de Bowie.Je suppose que le livre est instructif et intéressant, j’y jetterai un oeil en librairie et l’achèterai sans doute, car la période où la personnalité de David Bowie s’est construite, lui permettant d’accéder au statut de star, est intéressante. C’est avec ce genre de livres que l’édition BD peut espérer survivre, car elle peut ainsi atteindre un public qui normalement n’achète pas (ou très peu de BD).

                Pour terminer sur une note informative et triste, je crois quand même utile de préciser que si la créativité de Bowie s’est récemment tarie chez les vendeurs de disques, c’est en raison de problèmes cardiaques importants. Ayant à peu prés son age, je lui souhaite un prompt rétablissement !

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                • Répondu par Francesco Pittau le 25 février 2012 à  10:32 :

                  Je l’ai lu ce livre, et je ne sais pas si c’est de la BD ou pas, d’ailleurs ça n’a qu’un intérêt relatif vu que la BD doit avoir autant de définitions que de créateurs. Bref, ce livre est un bon livre et le dessin est agréable à suivre, il y a même des pleines pages pas mal du tout, avec une ambiance elliptique qui m’évoque bien sûr certains dessinateurs américains (mais c’est loin d’être un reproche dans mon esprit). La narration se suit sans problème, les personnages sont caractérisés, les situations clairement exposées et les couleurs habilement pensées selon chaque "épisode"... On va me dire que patati patata... peut-être, j’en sais rien, mais je sais que je l’ai lu alors qu’un tas de BD bien dans leurs cadres me tombent des mains tant leur propos est inintéressant et "calibré"...
                  Je ne suis pas un "fan" de musique au point de me ruer sur le moindre ragot mais ici c’est une atmosphère reconstituée d’une manière intimiste et pointilliste, donc j’adhère.
                  J’ai lu plus haut que le dessin n’était pas à se relever la nuit... bon, mais c’est quoi un dessin à se relever la nuit ? Feiffer est à se relever la nuit ? Juillard ?...
                  Feiffer, incontestablement oui, alors que l’autre, non...
                  En résumé : lisez Haddon Hall. Ça vaut le coup.

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