L’écrivain allemand Hans Fallada, auteur considérable, a connu un destin à l’image de son pays blessé par la Première Guerre mondiale, perdu dans la folie et la fascination pour un régime criminel, violent et désespéré.
Son roman Le Buveur, que Jakob Hinrichs transpose ici, Fallada l’écrivit quelques mois avant de mourir de crise cardiaque en 1947 dans une clinique carcérale o*ù il était interné pour désintoxication. Il est publié de façon posthume et raconte la terrible histoire d’un grainetier relativement prospère que l’alcool va pousser peu à peu dans la déchéance jusqu’à une tentative de tuer sa femme, chose pour laquelle il sera écroué.
Sur cette trame, Hinrichs greffe des éléments de la biographie de l’écrivain, appuyés sur une sérieuse documentation, sa correspondance notamment. Il y décrit l’impact de la Première Guerre, son addiction à la morphine, la montée insidieuse du nazisme dans les esprits qui le pousse à se réfugier dans l’écriture et dans l’alcool, jusqu’à cette Deuxième Guerre mondiale qui laisse l’Allemagne détruite et aliénée, comme il le sera lui-même, au lendemain du conflit.
Le dessin de ce récit ne pouvait qu’être expressionniste comme des gravures de Masereel : violentes et noires, avec des touches de couleurs pures et crues, sans nuance. Dessins coup de poing. Une œuvre forte, incontournable, un des livres-choc de la saison que vous pouvez offrir à tout un chacun sans peur de vous tromper, tant son expérience de lecture est inoubliable.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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