Pour faire face à une crise de natalité et au vieillissement de sa population, le Japon vote une loi censée favoriser les rencontres et inciter au mariage. Dès la fin du lycée, durant l’été, tous les jeunes gens du pays sont répartis aléatoirement par groupe de six -trois garçons et trois filles- pendant un mois. Selon des règles précises, ils pourront apprendre à se connaître, se déclarer leur flamme naissante et ainsi, légalement, se fiancer.
Sôta Miyano participe donc cette année au Happy Project et c’est lui, éternel célibataire, dont nous allons suivre les émois amoureux. Le voilà envoyé à Rokujôjima, cadre relativement idyllique de surcroît, en compagnie de jolie jeunes filles aux atours et caractères très différents.
Nous sommes là, a priori, en présence d’un shonen de type "harem", dans la filiation des succès de Ken Akamatsu que sont Love Hina ou Negima. Un garçon plutôt banal se trouve entouré d’une cohorte de jeunes filles séduisantes, répondant à des archétypes divers, qui devraient, l’une après l’autre, tomber sous le charme du protagoniste.
Mais, alors que tout semble en effet converger vers la mise en place de ce schéma, que les rails semblent installés pour que la romance mène son train de manière convenue, tout dérape joyeusement. La fin du premier volume ouvre complètement le récit vers un ailleurs rafraîchissant : Happy Project propose de sortir du canevas établi, de bouleverser en partie les règles du genre, d’en torpiller certains des codes habituels.
On attendra donc les développements proposés dans les trois autres volumes de la série en espérant qu’elle tienne ses promesses. Tout en conservant en tête néanmoins deux remarques : d’une part la tendance à voir représentées, dans les mangas, depuis Battle Royale, des lois sociétales tout à fait surprenantes (simples prétextes narratifs ou supports de critique sociale) ; d’autre part, un traitement de l’homosexualité auquel un tel cadre ouvre un boulevard mais dont on se doute déjà qu’il ne sera pas ne serait-ce qu’effleuré.
Mais peut-être Hirokazu Ochiai nous fera-t-il mentir...
(par Aurélien Pigeat)
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