Il y a bien deux courants majeurs dans la production de la bande dessinée en Europe. Celui des inlassables raconteurs d’histoires dont les personnages vivent de perpétuelles aventures et dont le feuilleton est la véritable substance de l’expression, et cette « bande dessinée d’auteur » si proprement franco-belge, qui propose un point de vue plus intérieur où l’Ego Sum du créateur, ses états d’âme, sont consubstantiels de son travail.
Si quelques auteurs flamands contemporains comment à suivre la deuxième voie, la grande majorité des BD qui se créent en Flandre ressortent du premier courant. Willy Vandersteen en a été le premier et le plus puissant représentant, méritant le surnom –affublé par Hergé- de « Bruegel de la bande dessinée. »
Hec Leemans auquel le Centre Belge de la BD consacre en ce moment une rétrospective intitulée « Hec Leemans par Hec Leemans ». L’auteur, né en 1950, fait ses débuts dans le quotidien flamand Het Volk en 1969, puis dans l’hebdomadaire hollandais pour la jeunesse Eppo . Mais c’est surtout la création de sa série réaliste Bakelandt publiée pour la première fois dans le quotidien flamand Het Laatste Nieuws sur un scénario de Daniel Janssen, le 20 octobre 1975, qui lui vaut sa première notoriété. Publiée continument en albums depuis par les éditions Standaard, sur scénario de Leemans seul à partir de 1980, au moment du décès du scénariste, les aventures de ce « Robin des bois flamand » dont les aventures se placent sous l’occupation de la Flandre par Napoléon 1er tournent en ridicule la soldatesque française, ce qui peut faire comprendre le manque d’intérêt des éditeurs hexagonaux pour cette série (actuellement plus de 90 titres) qui n’affiche pas d’autre prétention que de distraire le lecteur.
Mais c’est surtout sa série humoristique créée en 1997, F.C. De Kampioenen (littéralement : Football Club Les Champions) basée sur un feuilleton de télévision très populaire en Flandre qui lui vaut reconnaissance et notoriété. Elle a dépassé à ce jour le cap des 60 titres. Pour l’une et l’autre de ces deux séries, Leemans assure le dessin et le scénario.
Ces deux grosses séries occultent forcément ses autres créations dont Nino qu’il scénarise pour Dirk Stallaert et son éphémère western Kowalsky (l’un et l’autre en 1990).
Très impliqué dans la vie associative de la bande dessinée en Belgique (notamment comme administrateur du Centre Belge de la BD), Leemans a voulu dans cette rétrospective davantage apporter un regard sur le métier qu’une compilation de ses travaux, comme en témoigne un agrandissement 1/1 de sa bibliothèque personnelle qui dénote une curiosité ouverte sur toutes les formes de création, loin des clivages et des chapelles.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Du 8 décembre 2009 au 21 février 2010.