Charles-Henri Dewismes, qui signe sous le pseudonyme d’Henri Vernes, qu’il tenta dans un premier temps de prononcer « Vernès » , est avant tout un bon écrivain, dans la longue lignée de ces romanciers belges qui ont fait le tour du monde avec des aventures populaires et imaginatives : les frères J-H. Rosny, Georges Simenon, Stanislas-André Steeman, Jean Ray…
C’est sans doute ce dernier qui influence le plus la carrière d’un jeune homme qui échappa au carcan familial pour courir l’aventure de la Turquie aux fins fonds de l’Asie, avant de faire métier de journaliste non sans avoir essayé auparavant, dit-il, celui de diamantaire. « Dit-il » car, comme son maître Jean Ray qu’il a bien fréquenté, sa biographie est une matière romanesque aussi mouvante que dans ses romans.
Mais peu importe, le fait important est que le sémillant éditeur des éditions belges Marabout qui figurent parmi les précurseurs du livre de poche, Jean-Jacques Schellens, lui commande une série d’aventure pour la jeunesse, Bob Morane.
L’auteur ne sait plus trop s’il a cueilli ce patronyme en s’inspirant d’un avion célèbre pu d’une obscure tribu africaine. Il a toujours aimé brouiller les pistes...
« Ce qui m’a étonné chez lui, racontait Daniel Fano son biographe, c’est que, pour quelqu’un qui est dans ce qu’il faut bien appeler de la « littérature industrielle », il y a des moments d’écriture absolument fabuleux. On sent qu’il y là un véritable écrivain. Ce n’est pas étonnant qu’il ait pu susciter d’autres vocations littéraires. Il aurait pu être un écrivain « sérieux ». Tant mieux pour nous s’il a fait Bob Morane aussi qui n’est pas du tout une œuvre dépassée, sans importance. Au contraire, en tant que spécialiste de la littérature de jeunesse depuis des années, j’ai été très étonné, en relisant ses romans, de découvrir qu’en matière d’écriture, de vocabulaire notamment, de conjugaison, c’est nettement supérieur à ce que l’on produit aujourd’hui. » Ce qui ne l’empêcha pas, comme Alexandre Dumas avant lui, de se faire aider par d’autres plumes comme dans ce « Cycle d’Anankê » que l’on attribue partiellement à l’éditeur Philippe Vandooren.
Ce qui frappe chez Charles-Henri, que seuls ses proches appellent « Charlie » et non pas Henri, c’est l’étendue de son registre, de l’enquête policière à la fable fantastique, de la chronique d’aventure à la science-fiction la plus débridée. Produisant plus de 200 romans avec une qualité indéniable et une régularité de métronome,
Henri Vernes est un orfèvre du verbe, passionné et érudit, qui a su, comme bon nombre de ses compatriotes, faire passer les péripéties anecdotiques d’un pays balloté par l’histoire (et Dieu sait si, lui qui est né en 1918, s’il en a connues...) au rang de mythe universel.
L’essentiel de ses bandes dessinées ont été publiées aux édiitons du Lombard.
Nous vous saluons bien bas, Monsieur Henri Vernes.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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