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"Hergé fils de Tintin" : un erratum troublant

Par Patrick Albray le 14 décembre 2002                      Lien  
Si vous n'avez pas encore acheté la première édition de la passionnante biographie d'Hergé écrite par Benoît Peeters, il est peut-être temps de le faire. Car, à la demande de Jacques Martin, on peut s'attendre à une seconde édition amputée d'un passage gênant pour le créateur d'Alix.

Le paragraphe en question serait passé totalement inaperçu si nous n’avions pas reçu un "erratum" des Editions Flammarion nous signalant qu’à la fin de la page 352, il fallait lire : "à ses débuts, Jacques Martin a publié quelques dessins dans "Je Maintiendray", une revue des chantiers de jeunesse où il avait été incorporé, avant d’être réquisitionné pour le Travail Obligatoire aux usines Messerschmitt d’Augsburg".

Mais qu’y avait-il donc au bas de cette fameuse page 352 qui nécessitât un tel rectificatif ? Ceci : "Jacques Martin, lui, a mis un bon moment à se faire accepter. Né à Strasbourg en 1921, il a découvert les Aventures de Tintin au patronage, à travers les "films fixes" qui étaient tirés des albums. Il en a été à ce point émerveillé que cela a décidé de sa vocation. A ses débuts, lui aussi a trempé dans la Collaboration, publiant quelques dessins dans un journal vichyssois, "Je maintiendray" (et sous le pseudonyme de Jam !), avant d’être réquisitionné pour le Travail Obligatoire, aux usines Messerschmitt d’Augsburg".

Une correction suite à une formulation excessive de Benoît Peeters ou une tentative de Jacques Martin pour blanchir un épisode de son passé ? Seuls les témoins de l’époque peuvent désormais le dire.

(par Patrick Albray)

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6 Messages :
  • > "Hergé fils de Tintin" : un erratum troublant
    20 décembre 2002 15:08, par richard gorau

    Jacques Martin était un collaborateur du journal Tintin mais ne donnait ou n’a pas donné dans la collaboration...dont acte.Mais est ce utile d’en faire tout un foin ? quand on lit le bouquin en question on constate qu’a un degré divers la collaboration battait son plein et qu’il fallait quand même bouffer ... on constate que le journal Tintin était composé d’anciens potes qui avaient travaille sous l’occupation . Bon, et alors ? j’ai 51 ans et 60 ans après on va pas continuer à juger, à essayer de savoir ,de tout savoir . Ca amène quoi ? le grand père de mon ex avait fait 14 18 dans les tranchées, vénerait Pétain pour ce qu’il était à cette époque . Cele signifiait-il qu’il appréciait particulièrement les amis teutons envahissant le sol francais 30 ans plus tard ? pas du tout, mais il avait du mal à piger qu’on dise du mal de "son Maréchal" . J’ai jamais eu d’idées arrêtées la dessus . Qu’aurions nous fait ? Je me contente de lire et relire le sceptre d’Ottokar . Tout était expliqué, décrypté, pressenti et moi à 7 ans j’ai lu cela comme ma 1ere bande dessinée qui me scotchait du début à la fin et j’en avais strictement rien à foutre de ce qu’avait fait Hergé, avant, pendant ou après . et je continue à m’en foutre totalement .

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    • Répondu par Roland le 28 décembre 2002 à  13:33 :

      Ayant lu la biographie dans sa première version, sans erratum, d’ailleurs (peut-être réservé aux journalistes), je puis parler en connaissance de cause.
      Les sources de B. Peeters sont évoquées en fin de livre, et on peut aisément trouver, dans n’importe quelle bibliothèque municipale, les livres ’Avec Alix’ et ’La voie d’Alix’ où J. Martin évoque (ou fait évoquer ) sa participation en tant que dessinateur aux activités du journal ’Je Maintiendray’. J’ignore si la nouvelle version augmentée de ’Avec Alix’ contient toujours ces points.

      Maintenant, personne ne nie cette participation. C’est le fait d’assimiler cette participation à un début d’activité de collaboration qui est en cause. Il s’agit donc d’une bataille de mots.

      Le fait est que ’Je maintiendray’ est présenté comme "vichyssois", c’est-à-dire favorable au Maréchal Pétain. Mais que savons-nous de ce journal ? Il faudrait interroger des historiens du journalisme de l’Occupation.

      Que faut-il en conclure ? Il y a peu d’éléments dans ces phrases. Le livre, d’ailleurs, est consacré à Hergé. On n’y parle qu’incidemment de Martin, comme d’un collaborateur, si je puis dire, de talent, du Maître. Cela dans les années 50-60 (jusqu’aux ’Bijoux de la Castafiore’).

      Mais s’il est avéré que ce journal était collaborationniste, il se pose le problème de la responsabilité. Les auteurs ont une responsabilité dans leur oeuvre, dans ce qu’ils font publier. Un écrivain est autant responsable, sinon plus, qu’un simple soldat, dans ce genre de conflit.

      Les exemples sont légion. Mais un dessinateur de presse d’alors, débutant qui plus est, ne se considérait peut-être pas comme un écrivain, comme un homme de responsabilité ?...

      Et surtout, nous qui jugeons, écrivons, aujourd’hui, qu’aurions-nous fait à cette époque ? Fallait-il cesser de travailler, cesser de vivre, pour ne pas se compromettre ? Ou bien fallait-il essayer de continuer à vivre, même sous l’occupation de forces ennemies ? En ces temps difficiles, la réflexion était parasitée par l’urgence du moment. Et si la participation à un journal, pour faire des dessins pour enfants, paraissait sans conséquence politique, comment blâmer le jeune Jacques Martin d’avoir publié ses dessins ?

      Notons que dans la même biographie, il est évoqué que Bob de Moor a dessiné des caricatures antibritanniques dans des journaux pendant l’Occupation. Je n’ai pas eu connaissance de protestation de la part de ses ayants-droits. Qu’en sera-t-il ?

      De même, les Mémoires d’un artiste aussi éminent que Jacques Martin, que nous espérons en cours de réalisation, seraient bienvenues, pour éclaircir un pan entier de l’Histoire du Neuvième Art, et, accessoirement, éclairer les récits, déjà nombreux, sur une époque trouble.

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      • Répondu par pierre le 2 juin 2003 à  19:13 :

        completement en accord avec ce texte...

        et G.marchais, et F.Mitterand dans tous cela....

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  • > "Hergé fils de Tintin" : un erratum troublant
    20 août 2003 11:39, par j dahmer

    Il est absurde de condamner J Martin d’avoir laissé publier ses bd dans un journal pétainiste dans la mesure où à l’époque TOUS les journaux étaient de toutes façons contrôlé par Vichy.

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  • > "Hergé fils de Tintin" : un erratum troublant
    16 décembre 2005 15:32, par Jmaquestiau

    au sujet de l’actualité de Jacques Martin, père d’Alix au passé et au présent assez troubles :
    http://www.resistances.be/alix01.html

    Voir en ligne : Enquête dans l’Histoire noire de la BD

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    • Répondu par Didier Pasamonik le 17 décembre 2005 à  01:17 :

      Votre site a l’air très intéressant mais il n’est pas très sérieux.

      Par exemple, en ce qui concerne Van Melkebeke. Depuis la très bonne enquête de Benoit Mouchart, "A l’Ombre de la Ligne claire - Jacques Van Melkebeke, le clandestin de la BD" (Editions Vertige Graphic) on sait que Van Melkebeke n’a été condamné pour sa collaboration au Soir Volé mais bien pour un article publié dans Le Nouveau Journal du 2 juillet 1944, une maladresse qu’il a payé très cher.

      Dans le cas de Jacques Martin, on attend une enquête plus sérieuse.

      Quand on invoque l’histoire, il faut le faire précisément car cela décrédibilise l’accusation, même si elle peut avoir un fond de vérité. D’une manière générale, toute accusation doit être fondée sur des preuves tangibles.

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