Après Patrice Pellerin (2009), André Juillard (2010), William Vance (2011), Philippe Francq (2012), Gzregorz Rosinski (2013), rien que des "beaux" dessinateurs, et la collection Signé du Lombard (2014), la mairie de Versailles accueille Hermann.
Hermann est un enfant de la guerre, né en 1938 dans la partie germanophone de la Belgique, ces cantons de l’Est, longtemps appelés "rédimés" parce qu’ils avaient été donnés à la Belgique par le Traité de Versailles en compensation des préjudices subis pendant la Première Guerre mondiale. Est-ce le tropisme de ce pays où les gens ont été traités comme de simples colis qui a définitivement mis Hermann du côté des sceptiques de la nature humaine et des pourfendeurs de la chose politique ? C’est bien possible.
Il suffit de voir son dessin : Hermann, c’est avant tout une énergie, une puissance. Ses héros ne larmoient pas : ils cognent, ils rugissent. Il suffit de le lire pour comprendre sa colère contre ce qu’il appelle le "bipède", cet être humain capable d’être l’ennemi mortel de son prochain, d’inventer le pire pour satisfaire sa volonté de puissance, l’orgueil d’une nation, d’une idéologie, d’une religion. Chaque jour, l’actualité vient conforter sa colère. C’est elle qui porte son œuvre depuis plus de cinquante ans.
On aura l’occasion de le découvrir au travers d’un parcours d’une centaine de dessins originaux, croquis, illustrations couleurs, répartis en sept univers : ceux scénarisés par Greg : Bernard Prince, Comanche, ceux que le dessinateur a scénarisés lui-même : Jeremiah, Les Tours du bois Maury,... , les « one shots » parfois scénarisés par d’autres comme Jean Van Hamme ou son fils Yves H. : (Missié Vandisandi, Sarajevo-Tango, Lune de guerre…),
Cette exposition accompagne la sortie de son dernier album, Sans pardon (sortie le 16 janvier 2015, au Lombard), un titre qui résume bien son tempérament.
Elle sera agrémentée d’objets, de figurines, d’albums rares, de vidéos, ainsi que d’une frise numérique où l’on retrouvera en détail l’ensemble de son travail. Parmi les documents exposés, le storyboard qu’Hermann réalisa pour le film Pirates de Roman Polanski.
Un joli détour qui permettra de découvrir un dessinateur tout en puissance que l’on se doit de feuilleter et de relire de temps en temps pour se rendre compte du brio et de l’inventivité de cet auteur de la seconde génération de l’âge d’or de la bande dessinée belge, celle qui succéda aux Hergé et Jacobs qui les précédèrent.
Une bonne occasion aussi pour se remettre les fondamentaux en place une semaine avant les frasques de la vanité angoumoisine qui l’a enfin mis dans sa liste des potentiels Grands Prix, après l’avoir ignoré pendant si longtemps.
Hermann, subito !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Hermann à Versailles
Du samedi 24 janvier au dimanche 22 février 2015
Tous les jours, du lundi au dimanche, de 12h00 à 18h00
Entrée Libre
Hôtel de Ville // 4 avenue de Paris // 78000 Versailles
Accès RER C Versailles Château Rive Gauche
Rencontres-dédicaces Sam. 24 et dim. 25 janvier 2015, de 14 à 17 heures.
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